Face aux difficultés opérationnelles, les deux plus grands ports américains, qui battent tous les records de trafics, avaient prévu d'élargir leurs horaires de nuit (entre 2 heures et 7 heures du matin) et de week-end de façon à accélérer le repositionnement des conteneurs en permettant aux camions de les récupérer et les renvoyer 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Sachant que les portes du port sont fermées en début de matinée, ont des horaires limités le samedi et sont fermées le dimanche.
Mais Gene Seroka, directeur exécutif du port de Los Angeles, a finalement renoncé pour se concentrer plutôt sur l'amélioration de l'efficacité des opérations. Long Beach a maintenu son engagement et commencé à fonctionner en non-stop du lundi au jeudi, contre 16 heures par jour auparavant, avant de l’étendre à sept jours par semaine.
40 % des marchandises conteneurisées
Les ports sont des portes d'entrée essentielles pour l'économie américaine. Environ 70 % en tonnage de l'ensemble du commerce international des États-Unis y transitent. Les ports de la baie de San Pedro traitent 40 % de toutes les marchandises conteneurisées entrant aux États-Unis chaque année et 30 % de ses exportations.
Selon la Pacific Merchant Shipping Association, les deux ports ont traité l'équivalent d'un peu plus de 6 millions de conteneurs entrants chargés entre janvier et juillet, soit une augmentation de 23 % par rapport aux niveaux antérieurs à la pandémie.
Cette initiative est aussi un gage donné à l’administration Biden qui a nommé récemment un représentant portuaire chargé de trouver avec toutes les parties prenantes les moyens de mettre un terme à l’escalade dans la congestion.
Contribution financière ?
Les terminaux du sud de la Californie ont initié un système similaire (PierPass), rappelle la presse américaine. Un dispositif financé par une taxe sur les conteneurs chargés qui entrent ou sortent du port par camion (Los Angeles n’a donné aucun détail sur le financement de l’opération).
Mais le système serait perfectible : en l’absence d’un planning prévisible et régulier, le transport routier ne pourrait pas planifier les journées. Les terminaux seraient ouverts sporadiquement la nuit malgré la contribution financière.
« Cela revient à dire : allez à l'aéroport, il y a peut-être un vol ce soir. Et revenez demain, il se peut que des vols partent en milieu de journée. Nous vous tiendrons au courant », raille Peter Friedmann, directeur exécutif de l'Agriculture Transportation Coalition (les exportateurs agricoles), qui salue néanmoins l’initiative de Los Angeles : « au moins, quelque chose est tenté. Les opérateurs de terminaux disent qu'ils ne peuvent rien faire parce que les entrepôts ne fonctionnent pas 24h/24. Et les entrepôts disent qu'ils ne peuvent pas travailler 24h/24 parce que les camionneurs ne veulent pas le faire. Mais si tout le monde continue à dire qu'il ne peut rien faire à moins que les autres ne fassent quelque chose, alors rien ne sera fait. »
65 porte-conteneurs en attente
Parmi les autres mesures initiées, la mise en œuvre d’un dispositif d’alertes par SMS qui permettent d'informer les chauffeurs routiers en temps réel des conditions de circulation, et le développement de zones de stockage pour les conteneurs dont l’espace est passé de 7 à 26 ha en huit mois.
Le temps d'attente des navires dans les terminaux à conteneurs américains est actuellement de six jours, de près de 12 jours pour les trains et il faut en moyenne 8,5 jours aux conteneurs pour trouver un espace dédié. La situation est si préoccupante que 65 porte-conteneurs étaient en attente dans la baie de San Pedro mi-septembre. Parmi eux, 23 ont été contraints de dériver toujours plus loin parce que les mouillages étaient complets. Quatre jours plus tard, le 19 septembre, la file d’attente s’était allongée à 73 navires.
A.D.
Photo : ©APMT