La Chine supprime les droits de douane sur ses importations de charbon

Article réservé aux abonnés

Après avoir incité fermement à « produire plus localement » pour se soustraire aux prix élevés des marchés mondiaux, Pékin demande désormais d’« importer autant que possible ». Des injonctions contradictoires qui peuvent trahir des préoccupations quant à un choc d’approvisionnement ou... l’intention d’augmenter les importations d’un charbon russe décoté. L'Inde émet les mêmes recommandations.

Étonnante décision de la Chine alors qu’elle s’emploie depuis plus d’un an à stimuler la production locale afin de s’affranchir de la dépendance étrangère. Dans un communiqué, l'Administration des douanes a annoncé la levée des droits à l'importation sur le charbon à compter du 1er mai et jusqu'au 31 mars 2023. Les droits perçus sur le charbon importé s'élèvent actuellement entre 3 et 6 %. 

Cette mesure est prise afin de « garantir plus avant l'approvisionnement énergétique », précise le communiqué. Le bilan énergétique du premier consommateur mondial du bitumineux devant l’Inde repose encore à 56 % sur le charbon alors que le gaz naturel est actuellement très cher et donc peu compétitif pour s’y substituer. 

Confronté l'an dernier à des pénuries d'électricité et à l'explosion des prix de l’énergie sur le marché international, le géant asiatique a entrepris de relancer la production domestique de houille en incitant vivement les sociétés minières locales à produire « autant de charbon que possible ». L’administration de Xi Jinping a également plafonné les prix au niveau national afin de rendre l’offre étrangère moins intéressante.

L'Inde et la Chine décomplexés face au charbon russe

Pénuries et rationnement de l'électricité dans plus de la moitié des provinces chinoises

La hausse de la production nationale a notamment permis de reconstituer les stocks des producteurs d'électricité, de sorte qu'ils sont, cette année, moins dépendants des importations qu'en 2021, année où elles avaient augmenté d'environ 10 % par rapport à 2020. Selon les données du Bureau national des statistiques (NBS) récemment publiées, la production chinoise de charbon s’est élevée à 1,08 milliard de tonnes au cours du premier trimestre, en hausse de 10 % sur un an. Une production domestique estimée record. Pékin n’est pas loin de son objectif quotidien fixé à 12,6 Mt cette année. 

Mais cette levée des barrières peut aussi être le prélude à une augmentation des importations d’un charbon qui serait aujourd’hui décoté sur les marchés mondiaux, à l’instar de l’origine russe. L’an dernier, la Russie a remplacé l’Australie, disqualifiée en raison d’une brouille diplomatique entre Pékin et Canberra, pour ses approvisionnements. Si bien que la Russie figure jusqu’à présent parmi ses premiers fournisseurs de charbon. 

Un rallye mondial pour trouver du charbon

Même recommandation en Inde

L’Inde, qui vient d’émettre la même recommandation « Importer plus » (cf. plus bas), ne s’en cache pas. Les importations indiennes de charbon russe ont bondi en mars pour atteindre des sommets inégalés (1,04 Mt), selon la société d’informations sur les matières premières Kpler. 

Le deuxième importateur mondial de charbon a demandé à ses États d'augmenter les importations de charbon pour les trois prochaines années afin de constituer des stocks alors qu’ils sont à leur plus bas niveau depuis au moins neuf ans et que la demande d'électricité augmente au rythme le plus rapide depuis près de quarante ans. Le pays pourrait faire grimper la demande mondiale au-delà de 2025 au vu du calendrier fixé par le ministère de l'Énergie. C’est seulement à cette date que le secteur privé sera en mesure de produire suffisamment d'électricité pour prendre le relais. C’est du moins ce qui a filtré de la réunion du ministère de l'Énergie avec les responsables des États en début de semaine.

Un virage à 90° pour l’Inde, qui a depuis longtemps pour politique de réduire ses importations de charbon grâce à la présence d’importants gisements dans ses profondeurs géologiques. Mais à l’insuffisance de la production, en dépit du niveau record de Coal India COAL.NS, premier exploitant (public) de mines de charbon au monde (80 % du charbon indien), viennent se greffer des problèmes de logistique : le réseau ferroviaire de l'État souffre d'un manque persistant de trains pour transporter le charbon national.

Des problèmes logisitiques

Lors de cette réunion privée, il a été demandé aux États de signer des contrats d'importation à long terme pour garantir l'approvisionnement et faire baisser les prix, ainsi que d'acheter des wagons pour résoudre les problèmes logistiques, indique Reuters qui cite un haut fonctionnaire du Ministère. Autant dire que l’incitation de ​New Delhi a valeur de directive, le pouvoir central contrôlant largement la production et la distribution du charbon au niveau national.

Parmi les fournisseurs, qui pourraient potentiellement en profiter, l'Indonésien Adaro Energy, l'Australien Whitehaven Coal, et le plus grand négociant de charbon de l'Inde, Adani Enterprises, dont la mine controversée de Carmichael en Australie a commencé à produire du charbon cette année.

A.D.

 

34 centrales à charbon dans le monde

{{ENC:1}}

Shipping

Port

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15