L'Afrique est un marché de croissance stratégique, indiquait Hapag-Lloyd lors de son acquisition en mars dernier de Nile Dutch, l’un des derniers spécialistes indépendants sur les trafics conteneurisés entre l’Europe et l’Afrique de l’ouest. Avec cette opération, le cinquième armement mondial (1,77 MEVP, 7,3 % de la capacité conteneurisée mondiale) mettait la main sur un réseau de dix services de ligne reliant l'Europe, l'Asie et l'Amérique latine à l'Afrique de l'ouest et du sud.
Il entendait surtout renforcer sa position en Afrique occidentale et accélérer son ancrage sur le continent. Selon les données de la Fondation Sefacil, Maersk, MSC et CMA CGM détiendraient environ 70 % des capacités déployées en Afrique de l’ouest et du centre et 75 % en Afrique de l’est et du sud. L’allemand s’est positionné de façon plus tardive sur le continent africain où il n’a ouvert une deuxième ligne au départ de l’Europe qu’en 2018. En Afrique de l’ouest, le cinquième armateur mondial émerge derrière PIL et devant Cosco mais ne figure pas parmi les six premiers en Afrique de l’est et du sud, toujours en termes de capacités déployées.
Première escale
Les choses se précisent. Le porte-conteneurs MV Northern Valence a fait une première escale dans le port kenyan de Mombasa le 22 mai avant de se rendre à Dar es Salaam en Tanzanie, les deux escales africaines de son nouveau service East Africa Service 3 (EAS3). Mombasa fait partie des ports « millionnaires » en EVP en Afrique subsaharienne, selon la dénomination de Dynamar, au sens où le trafic d’un million d’EVP est au moins enregistré. En Afrique subsaharienne, ils sont encore rares, avec notamment Lomé au Togo, Tema au Ghana, Lagos au Nigeria, Durban en Afrique du sud. Mombasa a quant à lui enregistré un trafic de 1,4 MEVP en 2020 (+ 7 %)
L'EAS3, exploité avec des porte-conteneurs de 2 800 EVP, assurera de façon hebdomadaire des connexions entre la Chine et l'Asie du Sud-Est – via les hubs de Singapour, Port Klang et Shanghai –, ainsi que le Kenya et la Tanzanie « avec des temps de transit compétitifs pour une meilleure connectivité entre l'Asie et l'Afrique de l'est. »
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Cinq bureaux en Afrique
L'entrée de Hapag-Lloyd sur le marché est-africain vise également la desserte des pays enclavés comme l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et le Sud-Soudan grâce à ses connexions terrestres. La compagnie maritime entend également développer la connectivité avec la Somalie, le sud de l'Éthiopie et le nord de la Tanzanie. Dans le viseur, un important marché dans une région importatrice nette de marchandises mais aussi, la clientèle des exportateurs de thé, café et d'avocat, particulièrement sensibles aux prix du transport.
Il y a quelques mois, Hapag-Lloyd a ouvert un bureau au Kenya, portant à cinq le nombre de ses représentations en Afrique.
Adeline Descamps