Hapag-Lloyd et NileDutch ont signé le 17 mars un accord de vente et d'achat par lequel le transporteur maritime allemand acquiert toutes les actions de Nile Dutch Investments B.V. Avec cette opération, le cinquième armement mondial (1,77 MEVP, 7,3 % de la capacité conteneurisée mondiale) met la main sur une capacité de transport d'environ 35 000 EVP (avec des navires dont la taille varie entre 600 et 8 000 EVP), un parc de conteneurs de 80 000 EVP et un réseau de 10 services de ligne reliant l'Europe, l'Asie et l'Amérique latine à l'Afrique de l'ouest et du sud. La compagnie néerlandaise exploite également un service polyvalent/breakbulk entre l'Europe du Nord et l'Afrique de l'Ouest.
Nile Dutch fait figure de véritable spécialiste sur les trafics conteneurisés entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest où il est implanté depuis 1984. Pendant plusieurs années, le transporteur a opéré ses lignes avec des navires con-ros avant d’abandonner ce concept pour se concentrer sur des purs conteneurs. La société de 40 ans (350 emplois) dispose d'un important réseau d'agences en propre (16 bureaux aux Pays-Bas, en Belgique, en France, à Singapour, en Chine, en Angola, au Congo et au Cameroun) et de représentants dans 85 pays.
Maillage de l’Afrique
Créé en 1980 pour assurer un service roulier entre l’Europe du Nord et la Méditerranée (Égypte, Liban), l’armateur néerlandais a tissé au fil des années son maillage de l’Afrique. Il s’est d’abord installé sur la relation Afrique du Sud/Afrique du Centre, avant d’ouvrir un premier service régulier entre l’Asie et l’Afrique puis entre l’Amérique du Sud et l’Afrique de l’Ouest, dans le cadre d’une coopération à l’origine avec Delmas. Ce réseau est complété par un service de liaisons régionales (West Africa Feeder) assurées depuis Pointe-Noire et Luanda. La société, aujourd’hui dirigée par Wim van Aalst, s’est ancrée encore un peu plus sur le continent africain avec la reprise en 2016 du service polyvalent depuis l’Europe de Safmarine (Maersk).
Pré carré de géants
La compagnie bénéficie d’une solide réputation en Afrique mais elle y opère face à des géants du secteur, avec lesquels elle collabore par ailleurs sur des services, ce qui lui permet de préserver ses réseaux tout en limitant les risques liés à l’exploitation des navires. Mais la flotte exploitée s’en trouve inévitablement réduit. En 2016, elle a vendu ses derniers navires en propriété, y compris une série de quatre navires neufs de 3 500 EVP livrés en 2014-15. Ainsi Hapag-Lloyd et NileDutch coopèrent-ils déjà sur des services entre l’Afrique et l’Amérique du sud.
Progressivement, la mise à l’échelle des ports, notamment sur la côte ouest-africaine, et l’introduction de grands navires ont favorisé la prééminence des grands carriers et progressivement chassé les derniers indépendants, de plus en plus cantonnés à des trafics ciblés ou des niches spécifiques.
Selon les données de la Fondation Sefacil, centre de ressources sur l’Afrique maritime et portuaire, Maersk, MSC et CMA CGM détiendraient environ 70 % des capacités déployées en Afrique de l’ouest et du centre et 65 % en Afrique de l’est et du sud. L’allemand Hapag-Lloyd, lui, a été plus tardif sur le continent africain où il n’a ouvert une deuxième ligne au départ de l’Europe « qu’en » 2018. En Afrique de l’ouest, Hapag-Lloyd émerge derrière PIL et devant Cosco mais ne figure pas parmi les six premiers en Afrique de l’est et du sud, toujours en termes de capacités déployées.
« L'Afrique est un marché de croissance stratégique. L'acquisition de NileDutch renforce notre position en Afrique occidentale et sera un excellent complément à nos activités sur le continent », justifie aujourd’hui Rolf Habben Jansen, PDG de Hapag-Lloyd, qui densifie certes son réseau mais acquiert surtout une entreprise qui a une histoire et une crédibilité en Afrique. La transaction doit encore obtenir le feu vert des autorités de la concurrence.
Adeline Descamps
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