GTT Strategic ventures, le fonds d’investissement du groupe GTT destiné à investir dans les technologies de décarbonation, a levé 15,9 M€ en faveur du développement de bound4blue, une société espagnole qui a mis au point des systèmes de voiles rigides autonomes à profil aspiré, brevétés sous la marque de eSail.
Dans son tour de table, le véhicule financier du spécialiste de la technologie de confinement à membranes pour le transport et stockage des gaz liquéfiés, a fédéré le Conseil européen de l'innovation (Fonds EIC), Louis Dreyfus Company Ventures, le véhicule financier de Dreyfus Company Ventures (le négociant suisse, à ne pas confondre avec Louis Dreyfus Armateurs), Shift4Good ainsi que la Sustainable Ocean Alliance, Sun Returns et Kai Capital.
Ils rejoignent les deux actionnaires historiques, l’Ocean Born Foundation et le CDTI (Centre pour le développement de la technologie et de l'innovation). Depuis 2021, la jeune entreprise aura levé 22,4 M€, dont 6,5 M€ de subventions.
Á l'issue de l'opération, GTT détiendra environ 9 % des droits de vote de la société. « Après Tunable et Sarus, bound4blue est la troisième participation minoritaire de GTT Strategic Ventures », précise Philippe Berterottière, le PDG de GTT.
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Facile, peu de maintenance, tout terrain
Le concept vélique de bound4blue, qui intervient en assistance vélique complémentaire, s’inspire de la turbovoile conçue par le Commandant Cousteau dans les années 1980.
La solution est présentée comme facile à installer, nécessitant peu de maintenance et configurée pour être intégrée à la flotte existante (méthaniers, vraquiers, pétroliers, rouliers, polyvalents, ferries et paquebots).
Retour sur investissement inférieur à 5 ans
bound4blue, dont le siège est basé à Cantarbie en Espagne (bureaux à Barcelone et à Singapour), estime que son système de propulsion permet de réduire la puissance requise du moteur principal et, de facto, la consommation de carburant et les émissions polluantes jusqu'à 30 %. Et ce, avec un retour sur l’investissement assuré en moins de cinq ans.
Sa technologie est actuellement installée sur trois navires, dont le plus récent est l'EEMS Traveller, un vraquier exploité par l'armateur néerlandais Amasus Shipping qui a été équipé de deux ailes de 17 m de haut.
L'entreprise a également un partenariat avec le Norvégien Odfjell pour installer son système sur un chimiquier, ce qui en fait le premier navire-citerne à exploiter cette technologie, selon la direction de la société.
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Plusieurs concepts de voiles/ailes en test chez LDA
Après avoir testé le système Seawing d’Airseas sur son roulier de 154 m Ville de Bordeaux, opéré pour le compte d’Airbus, Louis Dreyfus Armateurs a annoncé en mai qu'il équipera de trois eSails dans l’année, après avoir planché pendant trois ans sur la viabilité de l'installation et sur son plan de financement. Le projet a par ailleurs bénéficié du programme d'accélération du Conseil Européen de l'Innovation (EIC).
LDA a eu l’opportunité de démontrer, ces derniers mois, l’intérêt qu’il portait à la propulsion vélique en assistance à la propulsion principale.
Fin mai, il a surpris en annonçant qu’il allait commercialiser le porte-conteneurs vélique de 2 500 EVP, que l'architecte naval VPLP Design et la société de conseil Alwena Shipping ont développé. Le concept du TradeWings, développé sur fonds propres, a reçu une approbation de principe (AiP) en 2021 par Bureau Veritas. Il a recours à une propulsion hybride combinant six ailes OceanWings à un moteur diesel-électrique mais est configuré pour des carburants alternatifs tels que le GNL ou le méthanol.
Adeline Descamps