Effet de base oblige par rapport à une année 2022 qui fut exceptionnelle, les commandes enregistrées au cours du premier trimestre par GTT ne sont pas à la hauteur des contrats engrangés l’an dernier.
Le spécialiste des systèmes de confinement à membranes pour transporter et stocker des gaz liquéfiés a signé pour 25 méthaniers, dont la livraison est prévue entre le premier trimestre 2026 et le quatrième trimestre 2027, et pour une unité de liquéfaction de GNL (FLNG, Floating Liquefied Natural Gas vessel), en cours de construction chez le sud-coréen SHI et à livrer au premier trimestre 2027. Cela reste loin des 34 signatures de l'année dernière.
Le chiffre d’affaires ressort néanmoins en hausse de 17,2 % par rapport au premier trimestre 2022, à 79,89 M€ dont 66,245 M€ pour les redevances liées à l'activité méthaniers (+ 23 %) et près de 5 M€ pour celles liées aux navires utilisant le GNL comme carburant (+ 550,3 %). Ce segment commence à bénéficier des nombreuses commandes reçues en 2021 et 2022.
« La demande de GNL reste particulièrement forte, comme en témoignent les deux décisions finales d’investissement pour de nouvelles usines de liquéfaction intervenues au cours du premier trimestre, qui génèreront des besoins additionnels de méthaniers au cours des prochaines années », souligne Philippe Berterottière. Le PDG de GTT, qui a présenté les résultats du trimestre à la communauté financière le 20 avril, se réfère à la deuxième phase du projet Plaquemines LNG de Venture Global LNG et au projet Port Arthur LNG de Sempra.
Un contrat phare pour les électrolyseurs
Elogen, revendiqué comme le seul fabricant en France d’électrolyseurs permettant de produire de l’hydrogène vert, sur lequel GTT a jeté son dévolu en 2020, a vu également son chiffre d’affaires progresser de 68,7 % bien qu'encore marginal dans les ressources du groupe, à 1,5 M€. Le segment se redresse après avoir terminé l’année 2022 en retrait de plus de 6 %, avec 4,7 M€.
La filiale a conclu, en février 2023, un contrat phare avec Crosswind, une joint-venture entre Shell et Eneco, dans le cadre d’un projet éolien en mer pour la conception et la fabrication d’un électrolyseur d'une puissance de 2,5 MW.
Des AiP pour ses développements dans les carburants alternatifs
Dans le cadre de sa feuille de route « décarbonation », la société française a obtenu plusieurs approbations de principe (AiP) récemment, notamment pour ses développements dans les carburants alternatifs ou pour ses optimisations techniques à l'instar de son concept de trois cuves qui limite les coûts de construction.
Le premier déposant français de brevets a aussi reçu ces derniers moins quatre approbations de principe de la société de classification japonaise ClassNK pour un concept de VLCC dual fuel avec une cuve de 12 500 m³, un réservoir de GNL prêt pour recevoir de l’ammoniac (« NH3 ready ») ou encore un porte-voitures au GNL d’une capacité de 8 000 CEU, configuré également pour être alimenté au GNL le cas échéant.
GTT est sur tous les fronts. Partenaire de Zephyr&Borée dans le cadre du projet MerVent, la société francilienne a par ailleurs obtenu une subvention de près de 5 M€ de Bpifrance pour développer la capture de carbone sur un feeder de 800 EVP qui sera propulsé à la voile avec un carburant à faible émission de CO2 en complément.
Des résultats conformes aux attentes
Au 31 mars 2023, le carnet de commandes, hors GNL carburant, s’établissait à 289 unités, dont 273 méthaniers, deux éthaniers, une unité flottante de stockage et de regazéification du GNL (FSRU, floating storage regasification unit, une unité flottante de stockage de GNL (FSU, Floating Storage Unit), un FLNG et 11 réservoirs terrestres. En ce qui concerne le GNL carburant, 69 contrats figurent actuellement dans son portefeuille, principalement pour des porte-conteneurs.
« Le nombre de méthaniers en construction va significativement augmenter à compter du deuxième trimestre 2023, générant des revenus supplémentaires, notamment au second semestre », assure le PDG.
Pour 2023, en l'absence de retards ou d'annulations de commandes significatives, Philippe Berterottière anticipe un chiffre d'affaires consolidé de l’ordre de 385 à 430 M€ et un Ebitda entre 190 à 235 M€, conformément à ce qu’il avait annoncé en février à l’occasion des résultats annuels.
Le conseil d’administration a proposé un dividende correspondant à un taux de distribution de 80 % du résultat net consolidé (revu à la baisse par rapport au conseil d’administration de février). Il doit être validé par l’assemblée générale des actionnaires qui se tiendra le 7 juin 2023.
GTT en Russie
Pour rappel, le 2 janvier 2023, le groupe a annoncé s'être retiré de Russie. Ainsi, GTT a été contraint de s'asseoir sur les commandes de 15 méthaniers brise-glace et des trois GBS correspondant à ces projets, pour un montant total de 81 M€, dont 35 millions au titre de l’exercice 2023.
D’autres projets, dont les commandes portent sur six méthaniers brise-glace et deux FSU (unités flottantes de stockage) dans les chantiers asiatiques et destinés aux projets arctiques russes, ne sont pas concernés pour l'instant. L’ensemble de commandes représentent pour GTT un chiffre d’affaires de 24 M€, à reconnaître d’ici 2024, dont 20 M€ sur l’exercice 2023.
Adeline Descamps