Le nombre de navires alimentés au GNL en opération et en commande continue de croître et la flotte mondiale alimentée au GNL atteindra 1 058 unités d'ici 2028, selon la plateforme Alternative Fuels Insight de DNV. Il y a actuellement 559 navires alimentés au GNL en exploitation – dont 103 porte-conteneurs, 78 pétroliers, 64 navires de transport pétrolier et 57 vraquiers – tandis que 499 sont en commande.
En dépit des coûts de construction élevés, le flux de commandes ne se tarit pas. La plateforme de la société norvégienne a enregistré des contrats pour 43 navires supplémentaires entre janvier et mai. Pour rappel, l'année 2023 avait engrangé 130 contrats en faveur du carburant maritime.
Le carnet de commandes à base de carburants alternatifs s'étoffe également avec 318 navires alimentés au méthanol, 235 propulsés au GPL, 39 à l'hydrogène et 26 à l'ammoniac, selon la plateforme.
Les porte-conteneurs représentent une grande partie des commandes, avec 171 unités et 157 general cargo, loin devant les navires de transport de produits pétroliers (48), les transporteurs de pétrole brut (40) et les navires de croisière (22).
Les infrastructures de soutage se développement parallèlement. Il y aurait, selon DNV, 56 souteurs de GNL en service et 14 sont en commande, selon la plateforme.
Surabondance de l'offre ?
Selon les perspectives récemment publiées par l'Institute for Energy Economics and Financial Analysis (IEEFA), la faible croissance de la demande, combinée à une vague massive de nouvelles capacités d'exportation, vont générer une surabondance de l'offre sur les marchés mondiaux du gaz naturel liquéfié (GNL) d'ici deux ans.
« La demande de GNL au Japon, en Corée du Sud et en Europe, qui représentent ensemble plus de la moitié des importations mondiales de GNL, devrait diminuer jusqu'en 2030 », indique le centre de recherche.
L'Europe a importé une quantité record de GNL en 2022 pour compenser la fermeture des vannes par Moscou de son gaz, mais au cours des deux dernières années, la demande globale de gaz a chuté de 20 % pour atteindre son niveau le plus bas depuis dix ans. Selon l'IEEA, la demande européenne de gaz naturel pourrait chuter de 11 % entre 2023 et 2030, tandis que les importations de GNL devraient atteindre leur maximum en 2025.
Le GNL représentait 37 % de la demande totale de gaz en Europe en 2023, contre 34 % en 2022 et 19 % en 2021. L'Europe a importé du GNL principalement des États-Unis (46 %), du Qatar (12,1 %), de la Russie (11,7 %) et de l'Algérie (9,5 %).
Les États membres de l'Union européenne ont convenu de continuer à réduire la demande de gaz pour renforcer la sécurité de l'approvisionnement énergétique et contenir la volatilité des prix.
Les importations de GNL au Japon ont chuté de 8 % et en Corée du Sud de 5 % en 2023 au profit du nucléaire et des énergies renouvelables.
Demande de GNL freinée en Asie
« Dans les pays émergents d'Asie, la croissance de la demande de GNL sera confrontée à d'importants défis économiques, politiques, financiers et logistiques qui pourraient ne pas être entièrement résolus dans un marché où l'offre est excédentaire. » La Chine a repris sa place de premier importateur mondial de GNL en 2023. Mais la production nationale de gaz naturel et les importations supplémentaires par gazoduc pourraient limiter la croissance de la demande de GNL, fait valoir l'IEEA L'augmentation sans précédent de la capacité des énergies renouvelables limite par ailleurs les besoins en GNL dans le secteur de l'électricité.
En Asie du Sud, les défis budgétaires et la volatilité inhérente aux prix du GNL « pourraient freiner la croissance rapide de la demande à court terme » et en Asie du Sud-Est, les longs délais de développement, les négociations contractuelles et les retards répétés des projets d'infrastructure liés au GNL jouent en sa défaveur.
Baisse des prix à prévoir ?
In fine, la capacité mondiale d'approvisionnement en GNL pourrait atteindre 666,5 Mt par an d'ici à la fin de 2028, soit une augmentation de 40 % en cinq ans seulement, en dépit d'une demande incertaine.
La plus grande partie de l'augmentation de l'offre (de 193 Mt/an) proviendra des États-Unis et du Qatar, ce qui fera probablement passer l'Australie au troisième rang des fournisseurs mondiaux de GNL.
Ces dernières années, les négociants mondiaux de GNL– dont Shell, TotalEnergies pour les deux premiers –, se sont engagés à acheter la plus grande partie des volumes de GNL tirés des nouvelles installations d'exportation. Mais si la demande ne se matérialise pas, ils pourraient avoir à faire face à une période prolongée de prix bas et de faibles bénéfice, craint Clark Williams-Derry, analyste chez Energy Finance. A fortiori pour ceux qui ont des coûts plus élevés et d'importantes réserves non contractées.
Les prix du gaz se sont stabilisés en Europe dans un contexte de baisse de la demande et de niveaux de stockage élevés mais aussi du fait de l'augmentation de la production hydroélectrique et nucléaire, et d'une meilleure performance des énergies renouvelables.
Adeline Descamps