Abonnée depuis dix ans aux exercices déficitaires, HMM a annoncé des revenus et des bénéfices historiques, parvenant presque à faire ombrage aux performances de deux valeurs sures du pays, la société high tech Samsung et le sidérurgiste Posco (Pohang Iron and Steel Company).
La dynamique du marché du conteneur a enfin porté au plus haut la compagnie, sauvée à plusieurs reprises de la faillite par ses bienfaiteurs publics et non moins actionnaires créanciers, la banque publique Korea Development Bank (KDB) et la Korea Ocean Business Corp (KOBC). En 2021, la sud-coréenne a plus que doublé ses revenus pour atteindre plus de 11,5 Md$, tandis que le résultat net a été multiplié par 40, à 4,6 Md$. Des bénéfices qui font plus que compenser sa décennie de pertes.
Dans un communiqué, HMM a précisé que le quatrième trimestre – « pourtant une saison creuse pour le transport maritime de conteneurs » –, avait été particulièrement porteur. Entre octobre et décembre, ses revenus ont plus que doublé au par rapport à la meme période de l’année précédente (qui avait déjà été exceptionnelle) et de 10 % supérieurs à ceux du troisième trimestre. Les bénéfices du quatrième trimestre ont été multipliés par plus de 19.
Privatisation en 2022
La bonne fortune du fleuron national a ravivé les spéculations récurrentes sur la forte probabilité de sa privatisation. Fin novembre, animés par les performances des neuf premiers mois (3,9 Md$), des représentants du gouvernement coréen avaient clairement laissé entendre qu’ils envisageaient l’opération en 2022. Ils avaient toutefois strictement délimité le terrain : pas d’appel d’offres international et des candidats sud-coréens.
Ajoutant aux rumeurs, le Korea Times vient de révéler que les créanciers avaient choisi l'ancien PDG de Hyundai Glovis et Hyundai Wia, Kim Kyung-bae, pour prendre la direction de la HMM alors que le mandat de l'actuel PDG doit expirer en mars. Pirouette de l’histoire, selon le média, Hyundai Glovis avait déjà été approché en 2016 pour acquérir HMM. Ce qui relance les hypothèses du champ des possibles.
Héritière d’un passif
Dans son rapport d’activité, HMM mentionne les prix du pétrole comme l'un des défis de l'année à venir. L'entreprise a déclaré qu'environ 80 % de sa flotte était équipée de scrubbers, la préservant ainsi de la fièvre du VLSFO, qui a dépassé les 750 $ la tonne ces derniers jours.
Le huitième transporteur maritime mondial de conteneurs, dont la capacité approche désormais le million d’EVP (985 000 EVP avec son carnet de commandes, selon Alphaliner) est l’héritière de Hyundai Merchant Marine, que l’État avait reprise en 2016 pour la soustraire à la banqueroute
HMM fait partie des grandes compagnies du secteur ayant largement bénéficié des subsides publics. En juin 2020, la Corée du Sud annonçait encore qu’elle allait abonder le secteur maritime à hauteur de 1 Md$, dont plus de la moitié (591 M$) en faveur de la seule compagnie nationale.
Depuis 2016, la KDB et KOBC auraient injecté quelque 2,5 Md$ par émission de titres de créance. Ces fonds ont notamment permis à l’armateur de porte-conteneurs de passer commande de ses 12 grandes unités qu’il a fini de receptionner en septembre 2020. Les deux actionnaires détiendraient, selon Alphaliner, plus de 40 % des actions de la compagnie maritime, en plus d’obligations convertibles.
Adeline Descamps