D’année en année, le trafic de poids lourds entre le Maroc et le port d’Algésiras ne cesse de croître. En 2020, malgré la crise économique liée au Covid-19, le flux, dans les deux sens a progressé de 1,3 % pour atteindre 373 000 camions et semi-remorques, dont l’essentiel sur la liaison avec Tanger Med (344 000, + 5,2 %). Selon les données du premier trimestre, un net redémarrage s’est opéré avec une hausse de 10 % entre Algésiras et Tanger Med (110 000 unités) et même de 25 % en mars. Pendant ce mois, le cap des 40 000 camions par mois a été dépassé pour la première fois.
Ce phénomène s’explique par la croissance de l’économie du Maroc et le dynamisme de ses échangesavec l’UE. Actuellement, ce ne sont pas moins de 18 fréquences quotidiennes qui assurent le transport de camions et de semi-remorques entre Algésiras et Tanger Med. Le trafic sur la ligne « historique » avec Ceuta (enclave espagnole au Maroc) demeure stable.
La tendance à la relocalisation, au moins partielle, des supply chain en Europe et dans les pays proches, devrait profiter au royaume chérifien. L’Autorité portuaire de la baie d’Algésiras (APBA) table sur une croissance continue du trafic au cours des prochaines années et a présenté en mars 2021 le « projet Hercule » qui vise précisément à faire du port andalou un maillon essentiel des chaînes de valeur reliant l’Europe et le nord de l’Afrique.
Autoroute ferroviaire entre Algésiras et Saragosse
Ce projet comprend plusieurs éléments qui sont à des stades divers de concrétisation. L’APBA prévoit la construction de 650 m de lignes de quai supplémentaires pour le roulier et d’une esplanade de 45 ha (coût de l’investissement : 300 M€ au total). Le 4 mai, le contrat pour la construction du deuxième terminal dédié aux poids lourds a été adjugé à la société espagnole OHL. Celui-ci pourra accueillir 542 poids lourds et sera opérationnel à l’été 2022.
L’initiative la plus ambitieuse dans le cadre du projet Hercule concerne la création d’une autoroute ferroviaire entre Algésiras et Saragosse. L’APBA y participe activement, conjointement avec la région d’Aragon et Adif, l’entreprise publique espagnole en charge du réseau ferroviaire. En avril, l’État espagnol a annoncé le déblocage prochain d’une tranche de 100 M€ pour les premiers travaux. L’enjeu dépasse le cadre de la péninsule. Le président du port d’Algésiras, Gerardo Landaluce, a déclaré récemment que cette autoroute « ne commençait pas à Algésiras mais à Tanger-Med.»
Daniel Solano