Après une brève incursion chez CMA CGM, Henri Le Gouis prend les rênes du freight forwarding de Geodis

Henri le Gouis

Crédit photo ©BL
L'ancien cadre dirigeant de Bolloré Logistics, à la tête de l'Europe pendant neuf ans, n'ira pas plus loin chez CMA CGM. Il prend la tête du métier le plus rémunérateur de Geodis, le groupe de logistique français détenu par la SNCF. Il intègre l'équipe de direction au moment où le Français vient de présenter son plan « Ambition 2027 ».

Il l'a annoncé il y a quelques jours depuis son compte LinkedIn, réseau social où il est très actif. Henri Le Gouis, ex-directeur général Europe de Bolloré logistics, a rejoint le logisticien français Geodis pour prendre la tête de la commission de transport, un des quatre métiers de la filiale de la SNCF avec la logistique contractuelle, la distribution& transport express et le transport routier européen. Ce faisant, il se retrouve à la tête du département qui génère la première source de revenus du groupe dirigé par Marie-Christine Lombard (renouvelé en 2021). Le freight forwarding a représenté 32 % du chiffre d'affaires de Geodis en 2023 (11,6 Md€) et 47 % en 2022 (13,7 Md€), avec 858 000 EVP transportés en maritime, 265 000 t en aérien. La part du département à l'Ebitda (1,11 Md€) n'est pas publique.

Des caciques sur le départ

Henri Le Gouis ne sera donc pas resté très longtemps au sein du groupe CMA CGM, qui a avalé Bolloré Logistics en février, et suit de près le départ de Thierry Ehrenbogen, l’ancien PDG de Bolloré logistics et ténor du groupe Bolloré où il a officié pendant 20 ans.

La nouvelle recrue de Geodis est lui aussi un employé de très longue durée (20 ans) du groupe de Vincent Bolloré où il est entré en 2005 pour gérer les finances en France (CFO) avant de prendre la direction générale de plusieurs régions françaises, puis celle de l'Europe de l'Ouest pendant quatre ans jusqu'en 2015 et enfin de la zone Europe jusqu'aux développements récents (bascule chez Ceva Logistics, toujours piloté par le résilient Mathieu Friedberg).

Un mastodonte du secteur

Henri Le Gouis rejoint un autre mastodonte du secteur, qui se présente comme le cinquième opérateur au niveau mondial (mais ils sont nombreux à revendiquer ce rang). Avec 52 819 personnes (le nombre d'emplois dans la commission de transport n'est pas connu à ce stade), le Français réalise encore 3,2 Md€ de ses revenus en France et Maghreb (4 Md€ outre-Atlantique, 3 Md€ en Europe et 1,2 Md€ en Asie). En tant que directeur général métier, Henri Le Gouis devrait intégrer un comité exécutif composé de 17 membres à cette date.

Il prend les rênes d'un segment qui voit se refermer un cycle de deux années exceptionnelles. Geodis a connu une réduction de 15 % de son chiffre d’affaires entre 2022 et 2023, sous l’effet de la normalisation des taux de fret sur l’aérien et le maritime et des baisses de volume liées au ralentissement économique mondial. Mais au-delà, la commission de transport, comme pour l'ensemble du secteur de la logistique, opère dans un environnement mondial de plus en plus complexe et mouvant, en proie à de multiples crises (énergétiques, géopolitiques, politiques, climatiques...) qui influent sur le sourcing, l'approvisionnement, la production et la logistique de distribution des entreprises. Reshoring, nearshoring, friendshoring..., les logisticiens se trouvent au cœur de cette réorganisation à grand échelle des flux de marchandises.

Ambition 2027

Dans le nouveau plan stratégique « Ambition 2027 » que l'entreprise vient de présenter, la direction entend porter sa marge Ebit (résultat d'exploitation en comptabilité française) de 3,8 à 6 % du chiffre d'affaires en trois ans et « poursuivre une stratégie proactive et ciblée
de croissance externe
» dans un secteur encore largement fragmenté. En témoigne la longue séquence de manœuvres autour de DB Schenker qui vient d'épuiser les analystes en conjectures.

« Il faudrait être aveugle pour ne pas constater que notre secteur est en pleine consolidation. L'opération autour de DB Schenker en est la preuve la plus éclatante. Et elle est riche d’enseignements aussi pour savoir s’il n’y a pas une Europe à deux vitesses en termes de concentration », indiquait Henri Le Gouis dans un entretien au Journal de la marine marchande.

Adeline Descamps

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