Les prix spot du transport maritime de GNL et les taux d'affrètement à temps des méthaniers sont tombés à des niveaux historiquement bas ces derniers jours, de l’ordre par exemple de 20 250 $ par jour pour un méthanier de 174 000 m3, de loin le niveau le plus faible jamais enregistré, a indiqué Clarksons Research. Selon la banque d'investissement Jefferies, les prix du transport maritime de GNL sont soumis à une « pression extrême » depuis septembre. Les tarifs des navires à deux temps ont chuté de 70 000 à 20 000 $/j au cours des deux derniers mois. Certains armateurs envisageraient de désarmer les navires.
En attendant l'hiver
Le secteur subit toujours l'impact d'un début d'hiver lent, qui est généralement sa saison de pointe. La demande de transport a également été limitée en raison d'une structure de marché en contango peu profonde n’incitant pas au stockage flottant en Europe au début de la saison hivernale. Des températures plus basses que prévu en Europe, des périodes de maintenance prolongées dans les champs gaziers norvégiens et des retraits plus rapides des stockages souterrains de gaz ont affecté les prix spot européens au cours des dernières semaines, maintenant l'arbitrage entre les bassins fermé.
Aussi, la forte croissance de la flotte n’aide pas le marché. Quelque cinquante-deux nouveaux transporteurs de GNL ont rejoint la flotte depuis le début de l'année, soit près du double du nombre de livraisons au cours de la même période l'année dernière. En revanche, les nouvelles capacités de liquéfaction ont été limitées, avec seulement 5,8 Mt par an en 2024.
Baisse des vitesses moyennes
Selon l’analyste Vortexa, « la disponibilité excédentaire des navires est mise en évidence par une baisse des vitesses moyennes des navires au début de la saison hivernale ». Les vitesses augmentent généralement en saison de pointe, lorsque le stockage de GNL commence pour les marchés européens et asiatiques. Cette année, la moyenne hebdomadaire sur lest a baissé de 1 % entre la mi-septembre et novembre, alors qu'elle était en hausse de 5 % au cours de la même période les deux années précédentes.
Pas de fatalité, selon Vortexa, la demande devrait se manifester en raison de la montée en puissance des projets de liquéfaction américains et d'une part plus importante des exportations américaines vers les marchés asiatiques que ces dernières années. « Cela améliorera la demande en tonnes-milles de la flotte, d'autant plus que les cargaisons américaines sont contraintes à des voyages plus longs vers le bassin du Pacifique » Les transporteurs évitent encore le canal de Panama, bien que ses problèmes (structurels) de stress hydrique semblent s'éloigner pour un temps. Quant au canal de Suez, il est déserté en raison des tensions géopolitiques persistantes en mer Rouge.
Le déséquilibre entre l’offre et la demande devrait en revanche s’exacerber et maintenir la pression sur les taux de fret dans la mesure où 89 navires doivent être livrés en 2025.
Adeline Descamps