Il avait 40 ans quand il a pris la direction générale de MSC France qui comptait alors dix agences et près de 600 salariés. C’était en juillet 2015 et il succédait à Stéphan Snijders, une figure très connue et appréciée dans le shipping qui faisait valoir ses droits à la retraite (il est décédé en 2019 à la suite d’une longue maladie).
Le très discret Philippe Lestrade, économe en verbe et pratiquant la sobriété dans ses fonctions, est annoncé comme le futur directeur général de Senalia à compter de février 2025 pour assurer la passation avec Gilles Kindelberger, l'actuel patron de l'agro-logisticien, qui partira à la retraite en juillet prochain. C'est l'Union portuaire rouennaise qui le notifie. Une recrutement surprenant pour l’opérateur de céréales au service des coopératives agricoles qui l’ont créé.
Un groupe en mutation
Philippe Lestrade arrive à la tête de l’entreprise, installée au sein d'Haropa Port à Rouen, au moment où elle multiplie les projets de diversification, hors des vracs, pour disposer d’une alternative contracyclique à la filière céréalière, très dépendante des campagnes. Ainsi, la création de la société GQ Logistics en 2021 et le rachat de Normandie Logistique (avec son entrepôt de 14 000 m² au Grand-Quevilly, dont 6 000 m² sont dédiés à son client Cargill) ont marqué son entrée dans la logistique conditionnée. Depuis, la société a entrepris la construction d’un second site en lieu et place de l’ancienne raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, dont la livraison est imminente.
Avec l’ensemble de ces développements, le groupe est désormais positionné sur la logistique portuaire, celle des flux vracs agro-industriels amont et aval, et l’entreposage avec les prestations logistiques associées.
Près de dix ans chez MSC
Diplômé de l’Institut des Transports internationaux et des ports (ITIP) de Bordeaux en 1999 et titulaire d'un master Administration des entreprises, spécialité Management général, à l’université de la Rochelle, Philippe Lestrade a débuté au Havre pour le compte de l’armateur japonais K-Line (dont les activités conteneurs ont été fusionnées avec celles de MOL et de NYK pour forme Ocean Network Express, ONE, numéro six mondial dans le transport de conteneurs) avant de partir en Afrique, où il a passé une bonne partie de sa jeunesse en raison de la carrière militaire de son père. Il y a exercé d’abord comme agent maritime chez PIL Nigeria (Blue Funnel) puis, à partir de 2006, à des postes de direction au sein de MSC. Au Bénin, puis au Ghana à partir de 2007 et enfin en Tanzanie à compter de 2013. Avant un retour par la grande porte en France.
Il quitte la compagnie italo-suisse basée à Genève au moment où cette dernière investit des sommes colossales au Havre (près d’1 Md€) depuis sa prise de contrôle fin 2021 des Terminaux de Normandie, qui exploite deux terminaux à Port 2000 : Terminal Porte Océane (TPO, deux postes à quai) et TNMSC (quatre postes à quai). Avec la promesse de multiplier par trois le volume actuel d’Haropa Port pour le porter à 4,5 MEVP. Une première matérialisation de ces engagements vient de se concrétiser avec la livraison des deux premiers portiques de grande dimension sur les neuf commandés pour Port 2000.
Adeline Descamps