Réquisitions des personnels pétroliers à Fos-sur-Mer, arrêt du travail supplémentaire dans les ports

Le gouvernement a procédé à ses premières réquisitions des personnels depuis le début de la grève contre la réforme des retraites. Il s’en est suivi des échauffourées entre les forces de l’ordre et les syndicalistes présents sur site pour soutenir les salariés réquisitionnés. Les centrales syndicales appellent à renforcer la mobilisation.

Au lendemain du rejet à seulement neuf voix d'une motion de censure transpartisane à l'Assemblée nationale qui aurait pu renverser le gouvernement d'Élisabeth Borne et à la veille d'une interview du président Emmanuel Macron à 13 heures en direct sur TF1 et France 2, l’adoption de la réforme des retraites au Parlement n'a pas étouffé la contestation dans la rue qui se manifestent de façon pacifiste et encadré ou avec l’envie d’en découdre de manière spontanée et non contrôlée.

À Fos-su-mer, les tensions se sont exacerbées après que le gouvernement a annoncé le 21 mars les réquisitions avec effet immédiat des « personnels indispensables au fonctionnement du dépôt » de Fos-sur-mer qui approvisionne en carburants la région PACA et l'est de la région Occitanie, a précisé le ministère de la Transition énergétique dans un communiqué. Une sommation valable pendant 48 h. 

Des incidents ont éclaté en réaction devant le dépôt pétrolier de Fos, où des centaines de syndicalistes s’étaient rassemblés pour soutenir les salariés grévistes réquisitionnés, bloquant un des accès au site. Selon la Préfecture de police, trois des CRS ont été « sérieusement blessés », dont deux au moins ont été transférés à l'hôpital de Martigues.

Des stations approvisionnées ?

« Aujourd'hui, les stations restent globalement bien approvisionnées au niveau national, mais des tensions se cristallisent en PACA », a reconnu la ministre Agnès Pannier-Runacher.

Près de 54 % des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient d'un type de carburant, et 41 % étaient à sec dans la matinée mardi, selon des données relayées par l'AFP. Dans le Gard (48 % de stations en difficulté) et le Vaucluse (42 %), les préfectures ont décidé dès lundi 20 mars de limiter les ventes de carburants, jusqu'à jeudi inclus, tout en interdisant la vente d'essence dans des jerricans. Au niveau national, environ 12 % des stations-service de France étaient à court d'essence ou de gazole, et 6 % à sec.

Dénonciation des « actes de répression » 

Les forces de l'ordre sont également intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique), occupé depuis une semaine par des grévistes.

« Les réquisitions pour faits de grève sont illégales », a réagi Éric Sellini, élu de la CGT Chimie, qui dit avoir attaqué la mesure en référé. « Les fédérations nationales des Ports et Docks, des industries chimiques et l’union départementale des Bouches-du-Rhône condamnent fermement cette répression qui ne fait que renforcer notre détermination pour obtenir le retrait », s’est indigné dans un communiqué la représentation des personnels portuaires qui condamne depuis quelques jours « les méthodes pour faire taire la colère des travailleurs, des citoyens par la force ».

Une journée de plus dans les ports

Alors que les raffineries de TotalEnergies en Normandie ou Pétroineos à Lavéra dans les Bouches-du-Rhône sont progressivement mises à l'arrêt depuis le week-end dernier, les expéditions TotalEnergies à Feyzin (Rhône) ont été suspendues le 20 mars. D'après FO, un arrêt de la production n’était pas exclu, les cuves étant proches de la saturation. La raffinerie Esso-ExxonMobil de Port-Jérôme-Gravenchon, au ralenti faute de pétrole à raffiner, a reçu sa matière première mais les expéditions seraient toujours bloquées.

Au Havre, tous les points d'accès à la zone industrielle ainsi que celui du port étaient bloqués hier matin, le 21 mars. Comme elle l’avait annoncé, la Fédération nationale des ports et docks a organisé des « initiatives territoriales » à Nantes, Rouen, Fos. Á l’issue d’un bureau fédéral extraordinaire, un arrêt du travail supplémentaire a été annoncé, en plus des 72 heures déjà programmées cette semaine pour les mardi 21, mercredi 22 et jeudi 23 mars, date de la neuvième journée d’action intersyndicale. Les dockers sont désormais invités à observer un arrêt du travail le vendredi 24 mars de 11 h à 15 h.

Le chef de l’État, qui rejette à peu près toutes les voies politiques qui s’offrent à lui – dissolution, remanient, référendum –, doit présenter ce mercredi 22 mars les pistes pour sortir de la crise à une heure où les actifs seront au travail. En principe.

A.D.

 

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