Le Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire a l’habitude, dans la présentation de ses résultats annuels, de regrouper les tonnages en deux catégories : les trafics énergétiques (pétrole, produits pétroliers, charbon, gaz) et les autres (vracs agricoles, roulier, conteneurs). En 2021, la première catégorie représentait 55 % du total. Ce ratio est monté à 69 % en 2022, soit le pourcentage qui était constaté en… 2012. Pourtant, depuis dix ans, la part des trafics énergétiques ne cessait de reculer, avec des volumes de pétrole en effacement et des importations de charbon vouées à disparaître.
Seules 200 000 t de charbon avaient été enregistrées dans l’estuaire de la Loire en 2020. Il en a été importé 800 000 t en 2021 et 1,2 Mt en 2022 pour l’approvisionnement de la centrale électrique de Cordemais.
Les entrées de pétrole brut, qui sont tendanciellement en lent déclin, étaient à zéro en 2021, ce qui s’explique par l’arrêt de 18 mois pour maintenance de la raffinerie TotalÉnergies de Donges. La reprise du raffinage à l’été 2022 a occasionné 5,1 Mt d’importation de brut et, par conséquent, une diminution des entrées de produits raffinés (1,8 Mt, -52 %) mais une augmentation des sorties (2,4 Mt).
Hausse de 85 % des importations de GNL
Conséquence de la guerre en Ukraine, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) ont fortement progressé, passant de 5,3 Mt en 2021 à 9,9 Mt en 2022. Sur le long terme, la tendance était déjà à la hausse pour ces importations de méthane, qui ne totalisaient que 2 Mt il y a dix ans. Mais c’est bel et bien la fin des importations par gazoduc de gaz en provenance de Russie qui a mené le terminal méthanier exploité par Elengie à augmenter ses importations de 85 % pour atteindre un tonnage record.
Les autres trafics vracs sont marqués par une diminution de 3 % des entrées de sable de mer (1,4 Mt) et une progression globale des activités liées à l’agroalimentaire, dans la continuité de la tendance constatée en 2021 : stabilité des importations d’aliments du bétail (2 Mt), hausse de 79 % des exportations de céréales (1,2 Mt) et de 31 % des exportations d’huiles végétales (600 000 t) depuis les usines de trituration de Saint-Nazaire et Montoir-de-Bretagne.
Conteneurs en baisse de 7 %
En ce qui concerne les marchandises diverses, le nombre de conteneurs a diminué de 7 % (135 600 EVP) avec, selon le port, « un léger rebond de l'activité au dernier trimestre malgré la désorganisation des chaînes logistiques au niveau mondial impactant les services feeders connectés à Montoir ».
Le trafic roulier (400 000 t, – 11 %) souffre de la fermeture de l’usine Stellantis de Vigo (Galice), ce qui a occasionné un trafic de seulement 96 000 véhicules neufs contre 109 000 en 2021.
D’autres activités sont cependant à la hausse, comme les transports liés à Airbus à destination de Mobile (Alabama) avec un doublement du nombre d’escales, ou encore ceux induits par la construction du parc éolien du banc de Guérande. La construction de ce champs éolien au large de Saint-Nazaire, le premier de France, dont la mise en service progressive a eu lieu courant 2022, a généré 120 escales de navires et la manutention d’environ 100 000 t de composants éoliens.
Étienne Berrier