Les échanges entre l'Asie et la côte ouest africaine en forte croissance

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Les importations conteneurisées en Afrique ont augmenté de 10,1 % au cours des sept premiers mois par rapport à la même période en 2019 et de 6,7 % par rapport au niveau exceptionnel de 2022. Les échanges entre l'Asie et la côte ouest-africaine l'expliquent en grande partie.

Les importations conteneurisées en Afrique ont augmenté de 10,1 % au cours des sept premiers mois par rapport à la même période en 2019 et de 6,7 % par rapport au niveau historiquement élevé de 2022, relève Maersk Broker dans une de ses dernières publications.

« Étant donné que la plupart des régions d'Afrique connaissent une urbanisation rapide, nous nous attendons à ce que la demande de matériaux de construction, d'électronique, de meubles et d'autres marchandises conteneurisées continue d'augmenter ».

Les échanges entre l'Asie et la côte ouest africaine en sont en grande partie responsables, ayant augmenté de 20,9 % par rapport à la même période de 2022 tandis que les capacités alignées sur ces lignes sont également en hausse.  Le tonnage déployé en EVP a augmenté de 22,3 % entre les mois d’octobre de 2022 et de 2023, selon les données de la société de courtage maritime.

Augmentation des escales de vraquiers

La région a d’ailleurs été la seule dans le monde à afficher une augmentation des escales de vraquiers l’an dernier (+ 2,5 % en 2022), en première ligne pour le transport de matières premières, dont regorge l’Afrique et dont est vorace l’Asie.

L'Afrique a également été très fréquentée par les navires-citernes (+ 5 %), indique la Cnuced dans son Étude sur les transports maritimes 2023. La montée en puissance du transport interrégional peut avoir contribué à la situation. Le commerce Sud-Sud, par exemple de l'Afrique vers l'Amérique latine et les Caraïbes, a représenté 12,5 % du commerce mondial de conteneurs en 2022,

Plus grand bloc commercial au monde

Pour l’organisation rattachée à l’ONU, le jeune continent devrait être stimulé par la création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le plus grand bloc commercial au monde entré en vigueur en 2021 avec 54 des 55 États membres de l'Union africaine en signataires.

Un marché unique génère 450 Md$

Chapeauté par la Banque mondiale, l’accord vise à simplifier les échanges de biens et de services en réduisant les droits de douanes et les lourdeurs administratives qui sclérosent actuellement la fluidité des personnes et des marchandises sur le continent. Il est attendu que ce marché unique génère 450 Md$, dont 300 milliards tirés des opportunités d’un commerce transfrontalier.

« Le commerce intra-africain devrait croître de 28 % et la demande de transport par la mer de 62 %, soutient la Cnuced. Des investissements considérables dans les équipements et les infrastructures de transport seront nécessaires, y compris 100 navires supplémentaires, si la ZLECAf est pleinement mise en œuvre ».

Des ports sous-équipés et sous-dimensionnés

L’enthousiasme s’inscrit toutefois en contraste avec les réalités logistiques et portuaires qui caractérisent ce continent de 30 millions de km2 et d’1,3 milliard d’habitants : des ports sous-équipés et sous-dimensionnés pour accueillir des navires de grande taille, des taux de productivité faibles, des retards et congestions chroniques, un climat des affaires dissuasif, un hinterland difficile d’accès avec un réseau ferroviaire déficient (3,3 % du maillage ferroviaire mondial), et la plus faible densité routière au monde (environ 7,5 km pour 100 km2), énumère la Fondation Sefacil, un centre de recherche et de ressources sur la logistiques portuaires et maritimes.

« La modernisation des routes se réalise de manière encore très segmentée avec des routes projetées dans une logique de desserte nationale plutôt que sous-régionale et encore moins continentale », indiquait Yann Alix, son secrétaire général dans un entretien au JMM.

Effet Tanger Med

D’après le dernier indice de performance des ports à conteneurs (IPPC) de la Banque mondiale, qui mesure la capacité d'un port à traiter des conteneurs pour l'exportation, l'importation et le transbordement, l’Afrique ne compte guère que quelques ports.

Tanger-Med au Maroc, qui s’est imposé en quelques années en tant que hub méditerranéen majeur, en traitant 7,5 MEVP (2022), figure parmi les cinq premiers mondiaux au regard des critères de l’IPPC. Il est estimé que 35 % du commerce africain avec le reste du monde passe par Tanger Med, ce dernier étant relié à une quarantaine de ports africains.

Dans ce classement, Port Saïd, en Égypte (11e rang) et Djibouti (25e) sont aussi bien placés « Dar es Salaam est le port qui a le plus réduit les temps d'arrivée moyens en 2022. Le gouvernement tanzanien a investi massivement dans les installations portuaires – en améliorant les procédures de dédouanement –, dans le but de faire du port le point d'entrée du corridor central et la route vers l'Afrique australe », ajoute la Cnuced.

Lorsque l'on mesure les performances en matière de manutention des cargaisons et des navires pour les 30 premiers pays en termes d'arrivées de navires, c’est l'Angola qui ressort, avec 98 tonnes par minute. « Grâce aux réformes politiques de la Communauté de l'Afrique de l'Est, le temps de transport des marchandises de Mombasa (Kenya) à Kampala (Ouganda) a été ramené de 18 à trois jours et le coût du transport entre les deux ports Kenyans de Mombasa et de Nairobi a été réduit de 56 %.

Multiplication par sept du trafic conteneurisé depuis 2000

Les ports africains ont entamé la révolution dans leurs infrastructures dans les années 2000 sous l’impulsion des réformes du FMI qui encourageaient la mise en concession des activités de manutention, rappelle Yann Alix. « Avec une multiplication par sept du trafic conteneurisé depuis 2000, ils constituent les pivots des échanges internationaux du continent et peuvent donc devenir aussi les chevilles ouvrières d’un commerce intra-africain nettement plus maritimisé ».

Pour le spécialiste, un commerce maritime intra-africain pourrait se consolider si et seulement si des « politiques de facilitation et d’harmonisation multilatérales soutiennent le déploiement de services maritimes fiables, réguliers et compétitifs ».

Mais pour augmenter les volumétries et les escales, l'Afrique ne pourra pas passer à côté « d'une réforme douanière et d'une refonte des droits de douanes et taxes portuaires ».

Adeline Descamps

 

Les importations de céréales en Afrique en provenance d'Ukraine ont diminué de 14,9 % en 2022

Les importations de céréales en Afrique en provenance d'Ukraine ont diminué de 14,9 % en 2022, obligeant ces économies à adapter leurs schémas commerciaux.

De 2018 à 2020, 32 % des importations totales de blé en Afrique provenaient de la Fédération de Russie et de l'Ukraine. 

L'Égypte a fait face à une chute de 81 % des importations de blé en provenance de l'Ukraine au cours des huit premiers mois de la guerre, la Russie, l'Union européenne et les États-Unis s'y subsituant.

De son côté, L'Éthiopie a remplacé la perte d'approvisionnement en blé de la mer Noire par des expéditions en provenance des États-Unis et de l'Argentine. 

 

 

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