Même si son trafic s’est inscrit en baisse de 7 %, à 28,4 Mt, en 2023, dont 21 Mt à l'import, le Grand Port maritime de Nantes Saint-Nazaire ne démord pas de son objectif d'atteindre les 30 Mt dès cette année.
Il pourra, à cette fin, compter une fois de plus sur les vracs liquides qui représentent 75 % de ses tonnages et… 10 % de l’approvisionnement énergétique français. « Quelque 8 Mt seront apportées par les 115 escales de méthaniers cette année et 12 Mt de l’activité de la raffinerie qui va fonctionner en capacité nominale », indique Bruno Michel, pésident du conseil de développement de Nantes Saint-Nazaire Port et directeur du Terminal Méthanier de Montoir-de-Bretagne.
Investissements supplémentaires
En prolongement des 530 M€ prévus sur la période 2021-2030, 112 M€ supplémentaires sont prévus par le Contrat de plan État-Région 2023-2027, récemment signé.
Au-delà de la mise à niveau d’un certain nombre d’installations dont la porte amont de la forme Joubert, ils accompagneront la réalisation de projets majeurs tel que Eole. Anticipant le développement massif de l’éolien en mer de grande dimension, en mettant à disposition de la filière offshore une base industrielle d’intégration, ce projet consiste à redimensionner le site existant de pré-assemblage.
L’heure est clairement au gigantisme puisque cette base d’intégration serait caractérisée par plus de 700 m de quai d’une capacité de 15 à 30 t par m² à une profondeur d'eau de 12 à 14 m. À sa mise en service envisagée en 2028/2029, la nouvelle installation sera susceptible d’accueillir des objets de plus de 300 m de hauteur.
L’hydrogène en pointe
Résolument engagée également grâce au transit de 62 éoliennes du futur parc éolien en mer d’Yeu–Noirmoutier entre le printemps 2024 et l’automne 2025, la transformation énergétique du port se concrétisera aussi par le développement de la filière hydrogène.
À l’horizon 2028, une unité de production et de distribution d’hydrogène vert, d'une capacité de 250 MW, opérée par Lhyfe, verra le jour au nord du terminal multivrac.
Sous le nom de Take Air, un autre projet industriel va permettre de mettre en place une filière de production de carburants d’aviation durables synthétiques. Porté par EDF et ses partenaires, l'investissement est estimé à 750 M€. Il devrait être opérationnel d'ici 2028.
Valoriser le foncier
Parallèlement, Nantes Saint-Nazaire Port poursuit l’aménagement de plateformes logistiques prêtes à l’emploi pour accueillir des entrepôts secs et de la logistique industrielle. Située sur la partie ouest du pôle industriel de Montoir-de-Bretagne, une parcelle de 9 ha est en cours de pré-chargement.
Dans le cadre du projet GOCO2, qui vise à capter 75 % des émissions industrielles de CO2 dans le Grand Ouest à l’horizon 2050, « nous lancerons courant 2028 des travaux pour une entité de liquéfaction du CO2 et un appontement spécifique sur le terminal méthanier. De là, des bateaux transporteront le CO2 liquéfié vers des puits de carbone situés dans la mer du Nord », ajoute Bruno Michel, qui s'attend à un trafic de 2,5 Mt par an en 2030 et 4 millions à l’horizon 2050
Ralentissement des échanges
L'année 2023 a été marquée par un ralentissement des échanges mondiaux conteneurisés, la baisse de la consommation des ménages entraînant notamment la contraction des volumes entre l'Asie et l'Europe.
Dans ce contexte, les activités du terminal à conteneurs de Montoir-de-Bretagne se sont globalement maintenues. De mai à novembre, une connexion à l'export vers le hub d'Algésiras a été ouverte par CMA CGM et une nouvelle ligne de cabotage avec des ports d'Espagne, du Portugal et de Grande-Bretagne a été lancée en octobre avec l'armateur WEC, offrant de nouvelles alternatives de transport intra-européen aux industriels du Grand Ouest.
L'année 2024 sera aussi celle la nomination par le gouvernement d'un nouveau président du directoire, qui devrait intervenir au printemps 2024.
M.P
Nantes : Le roulier, les flux liés à l'alimentation animale et les importations de GNL ont porté les volumes sans compenser le repli
En 2023, le trafic total du port de Nantes Saint-Nazaire a traité 28,4 Mt, dont 21 Mt à l'import. La baisse accusée de 7 % est dans les clous de la moyenne du marché, se défend l'autorité portuaire. « La baisse d'activité a caractérisé de nombreux ports européens. À fin novembre, les principaux ports français observaient une contraction moyenne de leur trafic de près de 7 % ».
Pétrole brut : + 33 %
Pour le port nantais, la reprise du raffinage durant l'été, après un arrêt d'exploitation de 18 mois, a permis aux importations ligériennes de brut de progresser de 33 % par rapport à 2022.
L'activité de la raffinerie TotalEnergies de Donges a retrouvé un rythme de production standard, à l'exception de plusieurs semaines d'arrêt technique au printemps 2023. Le trafic de produits raffinés a poursuivi sa progression (+ 6 %) avec un rééquilibrage des importations (1,2 Mt) et des exportations (3,3 Mt).
Avec 8,1 Mt et 114 navires ayant fait escale au terminal méthanier Elengy de Montoir de Bretagne (contre 139 en 2022), le GNL reste à un niveau élevé, profitant des effets de la sécurisation de l'approvisionnement énergétique de l'Europe.
Importants stocks dans le charbon
La centrale électrique EDF de Cordemais a été peu mise à contribution en 2023. Le trafic de charbon se limite à 0,4 Mt, d'importants stocks ayant été réalisés en 2022. Les importations de produits destinés à l’alimentation animale ont conservé une bonne dynamique (+ 5 %) par rapport à l'an passé.
Céréales : pas d'exception à la peine commune des ports français
Les exports de céréales enregistrent une baisse de près de moitié, comme la plupart des ports français, et ce malgré une récolte 2023 de bon niveau. Les céréales d'origine française continuent de subir la forte concurrence des pays bordant la Mer Noire. Les destinations historiques, en particulier vers l'Afrique et le Moyen Orient, s’ouvrent désormais à d’autres origines.
Roulier : en progression de 13 %
Les activités du terminal roulier profitent de la forte reprise du secteur automobile après les années difficiles qui ont suivi la pandémie. En 2023, plus de 118 000 véhicules ont transité par le terminal, devenu un point d'entrée privilégié pour les flux automobiles en provenance du Maroc et d'Espagne. En plus des compagnies historiques LD Seaplane et Suardiaz, Grimaldi, Neptunes Lines, Transfennica, Erkport et Polaris ont fait escale à Montoir-de-Bretagne pour la première fois.
Par ailleurs, l'usine Stellantis de Rennes a choisi les installations ligériennes pour expédier ses véhicules vers la Turquie et le constructeur Volkswagen y a eu recours à plusieurs reprises afin d'alimenter son réseau interrégional de concessionnaires.
A.D