Après deux années compliquées, les principaux ports à conteneurs chinois reviennent à la vie.
La plupart de ceux qui s’étaient singularisés en 2022 par la dynamique ont confirmé le tir sur les sept premiers mois de l’année. Mais dans un environnement portuaire chinois moins fanfaron que dans la dernière décennie avec des croissances molles pour ce pays abonné aux trafics flamboyants.
De janvier à juillet, le volume de marchandises manutentionnées par les ports chinois était de 9,6 milliards de tonnes, en hausse de 8 % en glissement annuel, dont 176,2 MEVP, actant une hausse de 4,5 %, d’après les données du ministère des Transports chinois.
Pour rappel, la seconde puissance économique mondiale reste maître du monde portuaire avec ses 28 ports dont la croissance consolidée de 5 % en 2022 lui a permis de totaliser plus de 255 MEVP, soit un tiers du volume mondial de boîtes traitées.
Shanghai, Ningbo, Shenzhen, Qingdao, Tianjin et Xiamen font partie des valeurs sures chinoises qui trustent les 15 premières marches du podium international. Mais ce ne sont plus ces ports qui offrent au pays les croissances à deux chiffres. Une armada de ports-relais occupe la place.
La fusion gagnante
Au cours des sept premiers mois de l’année, parmi les douze principaux ports (plus de 130 MEVP), le seul qui ait dépassé les 20 % de croissance est Yingkou (+ 24,3%) mais avec un volume marginal de 3,05 MEVP.
Dans le cadre de la stratégie de l’autorité centrale du pays de consolider les actifs portuaires régionaux afin de résoudre les problèmes de surcapacité, l’un des trois grands ports de la province de Liaoning a été concerné, au même titre que Jinzhou et Dalian, par une fusion en 2019 au sein de Liaoning Port Group détenu par China Merchants Group. Depuis, Dalian et Yingkou tirent leur épingle du jeu, tous trafics confondus.
Dalian, qui a particulièrement souffert des résurgences épidémiques, a soldé 2022 sur une croissance de 22 % et a poursuivi sur sa lancée durant les sept premiers mois de l’année (+ 17,2 % par rapport à la période comparable de 2022, avec 2,71 MEVP manutentionnés pour une année à 4,46 MEVP).
Lianyungang, constance à plus de 10 %
La nouvelle météorite chinoise, Lianyungang, dans la province du Jiangsu (à l'Est du pays), poursuit sur sa lancée des précédentes années, à plus de 15 % de croissance (avec un nombre de boites de plus de trois millions).
Qingdao, qui avait encore amélioré son trafic de 8 % en 2022 (25,67 MEVP), fait partie du petit groupe qui émerge au-delà des 10 % (+ 11,6 %, 16,43 MEVP).
Rizhao et Tanjin, ce dernier figurant depuis des années parmi les dix ports de marchandises les plus actifs au monde, ne déçoivent pas (+ 9,4 et + 8 % respectivement). L’an dernier, le premier avait également enregistré une hausse de plus de 10 % avec 5,44 MEVP. Le second, port de la mer de Bohai, hub dans le nord de la Chine, évolue désormais plus lentement (+ 4 %) avec 21,02 MEVP.
Les actifs historiques patinent
Le premier port mondial, Shanghai, semble reprendre de l’allant avec une croissance de 4,1 % après avoir fait du surplace l’an dernier. Á fin juillet, il avait traité près de 28 MEVP, ce qui pourrait lui permettre de dépasser les 50 MEVP en 2023 s’il poursuit sur sa lancée.
Mais rien n’est certain car la haute saison qui caractérise les derniers mois de l’année est hésitante.
La demande de transport bute sur des surplus de stocks qui peinent à se dégonfler en raison de la faiblesse des ventes au détail, ce qui maintient les importations à un niveau relativement modeste. Selon le cabinet d’analyse Bernstein, les détaillants américains détenaient 778 Md$ de stocks en mai, le niveau le plus élevé depuis 2019.
La plupart des transporteurs ont fait part, à l’occasion de la publication des résultats du premier semestre, de leur scepticisme quant à une reprise des taux de fret au regard d’une peak season pale après un été lent, notamment sur les routes maritimes de l'Asie vers l'Europe.
Les taux de fret, mesurés par le Shanghai Containerized Freight Index (SCFI), qui reflète les prix au comptant du fret conteneurisé au départ de Shanghai vers une vingtaine de destinations dans le monde, ont touché dernièrement leur point bas, accusant deux semaines consécutives de baisse après les fortes hausses pendant plus d’un mois sur le marché transpacifique en particulier.
Essoufflement des premiers de la classe
Après une petite poussée de 3 % l’an dernier, Xiamen (12,43 MEVP) s'essouffle (+ 1 %, 7 MEVP).
Ningbo, dans la province orientale du Zhejiang, parmi les trois mondiaux, est étale (+ 0,5 %, 20,6 MEVP). Avec 808 000 EVP, son service de transport intermodal de conteneurs mer-rail connaît en revanche une croissance plus franche, de 7 % par rapport à l'année précédente.
Guangzhou bégaie (+ 2 % en 2022 , + 2,4 %, 14,27 MEVP).
Shenzhen, qui avait passé le cap en 2022 des 30 MEVP, en perd autant durant les sept premiers mois de l’année. Il est le seul à s’inscrire dans une trajectoire négative.
Des taux de fret en hausse
L'indice du fret conteneurisé de Ningbo (NCFI), qui suit l’évolution des taux de fret dans le transport maritime par conteneurs sur 21 routes au départ du port de Ningbo-Zhoushan, s’est établi à 735,4 points en août, en hausse 8,2 % par rapport à juillet.
Au cours de la première moitié du mois d'août, les taux de fret sur le marché nord-américain ont été poussés à la hausse avec succès, la gestion des capacités au cordeau par les transporteurs aidant.
Ensuite, l'injection de capacités a eu un effet inverse, mais à la fin du mois, les taux de fret du port de Ningbo vers l'Est et l'Ouest des États-Unis repartaient à la hausse par rapport à la fin du mois de juillet.
D'après le Ningbo Shipping Exchange, le taux de fret moyen vers le port de Los Angeles était en hausse de 21,8 % par rapport à l’année dernière et de 16,4 % à destination de New York& New Jersey.
Adeline Descamps
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