Les flux de vracs continuent d'alimenter la croissance à Rouen. En croissance exponentielle de 207 %, les liquides dépassent 2,3 Mt, dont 1,7 Mt de produits pétroliers raffinés (+ 18,6 %). Mais les engrais transportés sous cette forme régressent à 220 000 t (- 42,8 %).
De leur côté, les vracs solides frôlent les 3 Mt (+ 3,9 %), marqués par la résurgence des flux d’agrégats à 326 000 t (+ 84,3 %) après leur chute sévère liée à l’inflation des coûts de transport. Les exportations de céréales frôle les 2 Mt (+ 2,3 %).
Soft power céréalier rouennais
Lors d’un récent débat au Propeller Club de Rouen, Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia et président de l’Union portuaire rouennaise, a dit s’attendre à « une campagne céréalière 2022-2023 atteignant 8 Mt ».
Mais les professionnels de la filière ont déjà la prochaine récolte en tête. « Pour le blé et l’orge, 20 % du rendement dépend de la météo », rappelle Stéphane Ménard, président de la Bourse de commerce de Rouen. Cette institution vient d’organiser avec le concours de Haropa Port la première Soirée Agro, nouveau marqueur du soft power céréalier local. Avec au menu, une conférence de Sébastien Abis, directeur du Club Demeter et chercheur associé de l’Iris (Institut de Relations Internationales et stratégiques), spécialiste de la géopolitique des céréales. Un événement qui, hasard du calendrier, se tenait pratiquement au moment où l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) interdisait la fumigation en France des cargaisons de céréales destinées aux pays hors UE. La décision des autorités sanitaires devrait être connue le 25 avril, mais une solution « juridique » semble avoir écarté la menace pour les exportations françaises dont les silos des rives de la Seine sont les principaux acteurs.
« Le blé constitue l’un des enjeux les plus complexes de ce siècle, explique Sébastien Abis. Aux défis d'une production durable s’ajoutent les transports et les investissements nécessaires pour que les récoltes soient suffisamment mobiles et accessibles ».
Faiblesse des marchandises diverses
Beaucoup moins géopolitique, l’évolution des échanges de marchandises diverses se lit différemment et rend amers les acteurs de la place rouennaise. Tant au niveau du fret conteneurisé qui, avec 11 000 EVP est en chute libre de 23,8 % que pour le conventionnel, en repli de 23,1 %, à 152 000 t.
C’est dans ce contexte que Pascal Cohen, PDG de Somatrans, a été reconduit à la présidence du Syndicat rouennais des commissionnaires de transport et transitaires (SRCTT) qui rassemble 31 entreprises.
L’annonce de l’offre de rachat par CMA-CGM de la branche logistique du groupe Bolloré alimente les conversations sur les rives de la Seine où Bolloré Logistics est un acteur de poids.
Robert Querret