Maersk Tankers construit patiemment une flotte pour être pionnier dans le transport d'ammoniac

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Maersk Tankers

L'exploitant de navires-citernes se met en ordre de marche pour répondre aux besoins à venir en matière de transport d'ammoniac, conforté par les nombreux projets autour de la production de cette énergie alliée de la transition énergétique. Et Maersk Tankers parie manifestement sur de gros volumes à acheminer. Ses futurs navires seront les plus grands du marché.

Alors que les technologies autour de l’ammoniac se développent – les essais techniques sont en cours chez les motoristes Man, WindGD et Wärtsilä, qui annoncent tous une commercialisation de moteurs spécifiques en 2025 et 2026 –, Maersk Tankers se met sur les rails pour répondre à la future demande de transport d'ammoniac.

L'exploitant de navires-citernes a transformé deux options pour de très grands transporteurs d'ammoniac (very large ammonia carriers, VLAC) en commandes fermes. Maersk Tankers avait contracté en fin d'année auprès du chantier naval sud-coréen Hyundai Samho Heavy Industries pour dix unités maximum. Ce geste financier, d'une valeur de 432,4 M$, avait été la première mesure prise par la nouvelle patronne à peine nommée Tina Revsbech. Mitsui & Co, son nouvel actionnaire, s'était engagé à co-investir pour les quatre premiers.

Une propulsion à l'ammoniac ?

Les navires, d’une capacité de 93 000 m3 chacun (ce qui en fera les plus grands transporteurs d'ammoniac en activité), devraient être livrés entre la fin de l'année 2026 et le second semestre 2027.

Maersk Tankers travaille avec MAN Energy Solutions et Engine Machine Division (EMD) de Hyundai Heavy Industries pour que les navires puissent fonctionner à l'ammoniac propre. Cependant, la décision d'installer des moteurs capables de fonctionner à l'ammoniac nécessite le soutien des autorités réglementaires et des clients, suggérant que des freins doivent encore être levés.

Pari sur les volumes

Avec cette commande, Maersk Tankers vise le marché de transport de l’ammoniac vert généré par les projets en développement autour de la production de cette énergie prometteuse. Et la compagnie parie manifestement sur des besoins de transport en grands volumes.

« De nombreux projets de production d'ammoniac vert en cours de développement dans le monde nécessitent un transport maritime. Le marché est donc à la recherche de solutions sûres et efficaces sur le plan énergétique pour répondre aux besoins croissants en matière de transport d'ammoniac », fait valoir la direction de Maersk Tanker.

Le retour par la grande porte

Maersk Tankers a été un des acteurs majeurs du transport maritime de gaz avec l'entrée dans sa flotte de son premier transporteur de GPL et d'ammoniac, l'Inge Maersk, en 1972 jusqu'à ce que la société vende ses activités gazières en 2013.

Sorti du giron d’A.P Møller Maersk, à la suite de la cession en 2018 des activités énergétiques de ce dernier, la société, désormais codétenue par A.P. Møller Holding (actionnaire principal de Maersk avec 41,51 % des actions du groupe et 51,45 % des votes) et par Mitsui & Co, a réintégré le secteur du gaz en 2023. L'entreprise fournit aujourd'hui des services de gestion de navires (flotte de près de 30 très grands transporteurs de gaz, VLGC), dont une partie est mise à disposition d'un pool d'affrètement (150 navires, 40 partenaires).

Combustible allié de la transition énergétique

L'ammoniac, dérivé azoté de l’hydrogène (trois atomes d’hydrogène pour un atome d’azote), est un vecteur énergétique candidat pour la production d'électricité verte. Mais son devéloppement est encore conditionné bien que ses atouts sont réels. Pour son transport, l'ammoniac n'est pas concerné par les problématiques associées à l'hydrogène : il n'est pas nécessaire de le comprimer à très haute pression pour le stocker et il est liquide à - 33°C ou à une pression de moins de 10 bars. Ce sont des niveaux de température et de pressions qui sont plus simples à atteindre que ceux du gaz naturel et de l’hydrogène (-253°c, pression de 350 à 700 bars).

Toutefois, son caractère toxique « suppose des exigences élevées pour les infrastructures et les systèmes à bord », reconnait la direction de la compagnie.

Adeline Descamps


 

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