Les FSRU deviennent de précieux actifs

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Pour pallier l'insuffisance de la capacité de regazéification à terre, les unités flottantes de stockage et de regazéification apparaissent comme la solution idéale. Alors que Les Échos révélait ce week-end que la France avait un projet à l’étude au Havre, l’Allemagne a réservé trois FSRU, dont l'une pourrait être opérationnelle dès 2022.

Les pays de l’Europe de l’Ouest auraient la possibilité d’importer le GNL nécessaire pour remplacer la totalité du gaz russe. Mais ils sont limités par la capacité de regazéification de leurs terminaux, étape nécessaire pour reconvertir le GNL en gaz – pour être transporté par voie de mer et prendre moins de volume (600 fois moins qu'à l'état gazeux), le gaz naturel est transformé à l'état liquide à -162° C –, avant son injection dans le gazoduc depuis le terminal jusqu’aux points de distribution. Or, toutes les infrastructures fonctionnent à plein régime et leur marge technique pour faire face à une augmentation des volumes d'importation serait extrêmement faible.  

Dans un contexte de tension extrême avec la Russie, qui incite l’Europe à accélérer la diversification de son sourcing énergétique, le FSRU apparait comme la solution expresse (il faut 12 à 18 mois pour le mettre en service), à moindre coûts, et souple car il peut être repositionné en fonction des besoins, pour pallier la problématique de l’infrastructure terrestre.  

Les Échos ont révélé le week-end dernier que la France envisagerait de se doter d'un cinquième terminal de gaz naturel liquéfié au Havre sous la forme d’une unité flottante (FSRU). Selon le quotidien économique, le projet à l'étude rassemble TotalEnergies, GRTgaz, la filiale d'Engie qui gère les gazoducs en France, et Haropa Port. Le terminal flottant envisagé aurait une capacité d'importation de 3,9 Mt de GNL par an. Contrairement à son partenaire allemand, qui ne compte aucun terminal d’importation de GNL, la France est particulièrement bien dotée avec quatre installations à Dunkerque Montoir-de-Bretagne et deux à Fos-sur-Mer. 

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27 milliards de m3 de GNL

L'Allemagne multiplie également les déclarations dans ce sens. Début mars, Berlin annonçait une enveloppe de 1,5 Md€ pour se sevrer des importations de combustibles fossiles russes et financer la construction de deux terminaux GNL à Brunsbüttel et Wilhelmshaven. Cette fois, deux entreprises énergétiques, RWE et Uniper, sont en train de finaliser les contrats d'affrètement pour trois FSRU qui pourraient importer du GNL directement en Allemagne dès l'hiver prochain. 

Le gouvernement fédéral examine actuellement les emplacements possibles en mer du Nord et en mer Baltique pour déployer les unités à court terme. « Avec la location des trois terminaux flottants, environ 27 milliards de m3 de GNL pourraient être acheminés en phase finale d'ici l'été 2024. Dès l'hiver 2022-2023, 7,5 milliards de m3 supplémentaires de GNL seraient disponibles sur le marché », a déclaré le pouvoir fédéral.

Dans les plans de diversification énergétique de Berlin, l'approvisionnement en gaz naturel est le plus critique, et il faudra probablement attendre le milieu de l'année 2024 pour que l'Allemagne puisse renoncer aux livraisons de la Russie, reconnaît un porte-parole du gouvernement. 

Sevrage accéléré

Ces prises de position interviennent alors que les États de l'UE ont décidé vendredi 25 mars de donner mandat à la Commission européenne pour effectuer des achats de gaz, de GNL et d'hydrogène. La CE pourrait, selon ses promoteurs, agréger jusqu'à 75 % des achats de gaz, soit en renégociant les contrats existants ou en en concluant de nouveaux. Pour isoler un peu plus Moscou, Bruxelles veut réduire des deux tiers dès cette année les achats européens de gaz russe. 

Les États européens négocient actuellement avec les principaux pays producteurs (Norvège, Qatar, Algérie) et ont signé la semaine dernière un accord avec les États-Unis pour importer davantage de GNL américain. 

« L'UE pourrait théoriquement augmenter ses importations de GNL à court terme de quelque 60 milliards de m3 », assure l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Bruxelles évoque pour sa part un potentiel de 50 milliards de m3

Adeline Descamps

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