Les terminaux européens de GNL tournent à plein régime, notamment dans le nord-ouest de l'Europe, qui alimentent les économies allemandes, françaises et anglaises. Les importations de GNL par le continent sont particulièrement robustes, surtout en Europe occidentale. Après avoir atteint un niveau record en janvier avec plus de 16 milliards de mètres cubes (Mm3), elles se situaient à la mi-février à 6,9 Mm3.
Ces trois derniers mois, la région a considérablement augmenté ses achats, principalement en provenance des États-Unis. Selon les données de Refinitiv, au moins la moitié du GNL américain expédié ce mois-ci a été acheminé vers l'Europe, qui devrait rester la première destination des exportations américaines pour le troisième mois consécutif en février.
Réduire le gaz russe
La politique poursuivie par l'Europe ces dernières années pour s’affranchir de sa dépendance à l'égard du gaz russe est manifeste, comme en témoigne l'augmentation significative des installations d'importation de GNL le long de ses côtes occidentales. Mais « la Russie continue de jouer un rôle central dans la satisfaction des besoins en gaz de la région », modère Sindre Knutsson, chargé de l'analyse du marché du gaz et du GNL chez Rystad. L’UE peut importer jusqu'à 155 Mm3 par an de gaz naturel russe (équivalant à 30 % de la demande annuelle de gaz de l'Europe occidentale), dont 40 milliards de m3 transitent par l'Ukraine.
Selon le spécialiste de l’énergie, les niveaux de stockage sont historiquement bas, à 45 milliards de m3 (deux mois de gaz), soit 30 % de moins que la moyenne sur cinq ans. Le Vieux Continent reste donc particulièrement vulnérable aux mouvements à court terme de l'offre et de la demande, comme en témoignent les pics record des prix du gaz ces derniers mois, et encore plus à une escalade des tensions militaires entre la Russie et l'Ukraine si le conflit amène la Russie à interrompre ses livraisons.
Problématique de la regazéification
Les pays de l’Europe de l’Ouest auraient la possibilité d’importer le GNL pour remplacer la totalité du gaz russe. Mais ils sont limités par la capacité de regazéification de leurs terminaux, étape nécessaire pour reconvertir le GNL en gaz – pour son transport par méthanier et prendre moins de volume (600 fois moins qu'à l'état gazeux), le gaz naturel est transformé à l'état liquide à -162° C –, avant son injection dans le gazoduc depuis le terminal jusqu’aux points de distribution.. Tous ont fonctionné à plein régime le mois dernier, et leur marge technique pour faire face à une augmentation des volumes d'importation serait extrêmement faible. « Les terminaux GNL du continent sont pleins à craquer, et n'ont pas la possibilité d'accueillir davantage de gaz en cas de rupture d'approvisionnement », conviennent la plupart des observateurs du marché.
La péninsule ibérique, une solution ?
Les capacités de regazéification de l’UE se sont montées à 170 milliards de m3, pour une consommation de 80 milliards en 2021. La péninsule ibérique est la mieux pourvue en Europe avec 75 milliards de m3 de capacités, notamment l'Espagne avec six terminaux, tandis que l'Allemagne n'en a aucun. S’ils sont tous saturés en Europe de l’Ouest, ceux de la péninsule ibérique ne le sont pas. Le taux d'utilisation des terminaux espagnols n'était que de 45 % en janvier, selon Kpler. Mais « le pays n'a que des connexions limitées avec le reste de l'Europe. Un seul gazoduc pourrait acheminer le gaz de l'Espagne vers la France », nuance le spécialiste des matières premières. Le port portugais de Sines ne serait pas davantage une solution.
Adeline Descamps
Où trouver du GNL ?
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