L'acquisition du grand constructeur sud-coréen de navires imminente

Article réservé aux abonnés

Perclus de dettes, sous perfusion publique, DSME devrait passer dans le giron du conglomérat Hanwha. Le conseil d'administration devrait l'approuver la semaine prochaine. Son sauvetage par un chaebol intervient alors que la fusion avec l'autre major mondiale du secteur a avorté suite au véto de l'Union européenne. Les deux auraient contrôlé 60 % de la construction des porte-conteneurs et méthaniers.

Une lourde page d’histoire est sur le point de se tourner pour DSME, entreprise publique placée depuis 2001 sous la tutelle de la banque publique Korea Development Bank, sa principale créancière et devenue son principal actionnaire dans le cadre d'une restructuration de la dette menée par l'État.

Maintenue à flot à coup d'argent public, l'autre géant de la construction navale sud-coréenne avec Heavy Hyundai Indutries (HHI) s’apprête à passer dans le giron d’un groupe privé. L'acquisition de Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering par le conglomérat Hanwha pourrait être approuvé en début de semaine prochaine, selon les médias locaux.

Les fuites dans la presse font suite à l'approbation de toutes les autorités antitrust requises. Hanwha Aerospace, Hanwha Systems, Hanwha Impact Partners, Hanwha Energy Singapore et Hanwha Convergence détiendront ainsi 49,3 % du capital de l’entreprise percluse de dettes.

Une perte d'exploitation de 1,21 Md$

D’après le rapport annuel de DSME, la perte d'exploitation avoisine les 1,61 trillion de wons (1,21 Md$), et son taux d'endettement, basé sur les chiffres de 2022, atteint 1 542,4 %.

Bien que la période récente a été particulièrement favorable au secteur, l’entreprise à vendre depuis septembre 2020 et dont la fusion a avorté avec HHI, a vu son carnet de commandes passé de 4,2 Md$ à 800 M$ entre les premier trimestre 2021 et 2022.

Fuite des qualifications

DSME, qui comptait 13 000 employés il y a dix ans, n'en comptait plus que 8 300 à la fin de l'année dernière. Alors que les constructeurs sud-coréens font face à une pénurie aiguë de main d’œuvre, plus de 160 employés de DSME ont déjà rejoint des entreprises concurrentes.

En avril 2022, la Corée du Sud avait été contrainte de revoir les règles relatives à l’octroi de visas afin de permettre aux chantiers navals d’avoir recours à des travailleurs étrangers dans un contexte de prises de commandes record. Près de 4 500 travailleurs étrangers qualifiés des chantiers navals ont ainsi pu avoir accès aux 335 entités appartenant aux sept groupes de la construction navale sud-coréenne.

Un investissement de 1,5 Md$

« Nous avons décidé d'acquérir DSME dans la perspective de renforcer la compétitivité nationale en normalisant rapidement la structure financière et la trésorerie de DSME afin d’encourager une industrie clé », ont déclaré les acquéreurs dans un communiqué.

Pour les 49,3 des parts du capital, le groupe Hanwha, qui fait partie des 10 premiers Chaebol sud-coréens, a déboursé la somme de 1,5 Md$. Hanwha Aerospace (761 M$), Hanwha Systems (381 M$) et Hanwha Impact (305 M$) ont été largement mis à contribution.

Fusion impossible

Le conglomérat avait été a été le seul à se montrer intéressé par l'opportunité après une longue séquence qui devait voir HHI prendre le contrôle de sa compatriote en acquérant 55,72 % de son capital pour 1,8 Md$ .

C’était le scénario envisagé avant que la direction générale de la concurrence européenne y oppose son veto. Le rapprochement entre HHI et DSME leur aurait accordé une part de marché de 21 % au niveau mondial. Face à la réticence de Bruxelles qui planche sur le dossier depuis 2019, les constructeurs sud-coréens avait proposé quelques concessions de façon à alléger leur toute puissance. Mais elles n’ont pas convaincu. 

La fusion a posé problème à Bruxelles sur deux marchés en particulier : les méthaniers et les porte-conteneurs, pour lesquels HHI-DSME auraient cumulé une force de marché d'au moins 60 %.

Sur les six pays ou régions susceptibles d’être impactés par l’opération – Chine, Kazakhstan, Singapour, UE, Japon et Corée du Sud –, seuls la Chine, Singapour et le Kazakhstan avaient donné leur feu vert. Le Japon n’avait notifié aucune décision suite à son examen. La Korea Fair Trade Commission (KFTC) était aussi restée sans voix.

Selon Clarksons, la Chine (40 %), la Corée du Sud (31 %) et le Japon (22 %) assurent 93 % des livraisons de navires neufs.

Adeline Descamps

Marchés

Shipping

Actualité

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15