Arrivé en fin d'année 2023 à la barre d’Euronav à l’issue d’un très long bras de fer avec un des actionnaires, aussi déterminé que lui, à imposer une vision pour le devenir de l'armateur de pétroliers belge, Alexandre Saverys n'a pas tardé à mettre en œuvre sa stratégie de diversification qui consiste à sortir du tout-pétrole.
Le nouveau dirigeant a présenté en janvier un plan qui prévoit l’achat de 120 navires autres que des pétroliers et à faible émission de carbone. Il souhaite réduire progressivement la part des revenus issus du transport de pétrole brut et faire de la place à des actifs maritimes qu'il estime plus durables, « à l'épreuve du temps », selon son expression, navires à faibles émissions de carbone, à l'hydrogène ou à l'ammoniac.
Au début de l'année, CMB.Tech et Euronav ont annoncé la construction du premier porte-conteneurs mondial à l'ammoniac, en collaboration avec Yara Clean Ammonia et North Sea Container Line.
Sur le marché de l'asphalte
Euronav vient de passer commande de deux bitumiers bicarburant au méthanol et configurés pour l'ammoniac auprès de China Merchants Jinling Shipyard.
« Dans le monde, il y a 230 navires-citernes de bitume dont l'âge moyen est de 15 ans. Le port en lourd des navires commandés sera de 17 000 tpl, soit le double de la moyenne de 8 000 tpl de la flotte existante. Les navires seront capables de transporter de l'asphalte à une température de 250 degrés Celsius », indique la compagnie dans un communiqué.
Avec ces deux nouveaux contrats, le carnet de commandes de l'armateur s'élève à 1,975 Md$. « Au cours des derniers mois, nous avons obtenu un total de 55 ans de couverture d'affrètement à temps grâce au soutien solide de sociétés de premier ordre », précise Alexander Saverys, PDG d'Euronav, dans un communiqué.
Prise de contrôle contestée
La famille Saverys n'en a pas fini avec le dossier de la prise de contrôle de l'opérateur de pétroliers Euronav, la double cotation (Bruxelles et New York).
Le gestionnaire d'actifs FourWorld, qui a investi dans Euronav par le biais de plusieurs fonds (2,4 %, 3,13 millions d'actions pour 55 M$), a porté plainte auprès du tribunal de district de New York dans le cadre de l'offre obligatoire exercée à la mi-février par la CMB (Compagnie Maritime Belge) pour acquérir toutes les actions d'Euronav en vue de la fusion avec CMB.Tech.
Ces fonds tentent d'en obtenir le blocage, estimant que le groupe de la famille Saverys a induit les actionnaires en erreur dans ses documents d'offre.
« Les transactions conclues entre Euronav et Frontline, dans le cadre de la vente par Euronav de 24 navires à Frontline et de la fin de l'arbitrage, ainsi que la vente par CMB de CMB.Tech à Euronav, se sont déroulées dans des conditions de pleine concurrence. Les prix de vente sont équitables pour Euronav et ses actionnaires », a réagi la CMB dans un communiqué.
Adeline Descamps