Du mouvement dans le secteur offshore nordique

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L'armateur norvégien de navires offshore a refusé l'offre pourtant primée de Subsea 7.

Crédit photo ©Dof
Quelques jours après avoir lancé une offre publique d'achat sur l'armateur norvégien offshore Dof, Subsea 7 y renonce. Le groupe para-pétrolier britannique, dont l'offre a été retoquée, cherche à grossir rapidement sur un marché qui sort d'une décennie de crise pétrolière et a laissé ses acteurs perclus de dettes.

Aller-retour rapide dans le secteur offshore nordique. Après avoir lancé une offre publique d'achat sur Dof, Subsea 7 se voit éconduit par le conseil d’administration de l'armateur norvégien de navires offshore. Ses actionnaires estiment que l'offre est bien inférieure à la valeur à laquelle la plupart sont disposés à vendre lors de la phase de préparation à l'introduction en bourse.

Ils ont également manifesté leurs doutes quant à la faisabilité de conclure un tel accord sachant qu'il faudrait pour cela annuler le processus d'introduction en bourse en cours.

Offre supérieure de 25 %

Subsea 7 a pourtant présenté le 16 juin une proposition financière bien plus élevée – une prime de 25 % – par rapport au prix de l'offre initiale émise dans le cadre de l'introduction en bourse (28 NOK, couronnes norvégiennes, par action).

Subsea7 se proposait d’acquérir la totalité du capital social au prix de 35 NOK (2,98 €) par action, soit 7 NOK en numéraire et 28 NOK en actions nouvelles, offrant ainsi aux actionnaires une participation au capital de 11,5 %.

Le groupe para-pétrolier britannique met en avant les « avantages significatifs pour les actionnaires des deux sociétés », notamment un retour sur investissement plus rapide et une liquidité accrue avec 250 M$ par an reversés sur une période de cinq ans à partir de 2025.

Un rapprochement stratégique

Sur le plan du projet d’entreprise, Subsea 7 a fait valoir un rapprochement stratégique pour se positionner avec une « flotte élargie » – Dof a 50 navires en service, Subsea, 36 –, sur les marchés offshore en plein essor.

Face au rejet, l’entreprise n'envisage pas de « modifier l’offre sans que le conseil d'administration de Dof n'exprime sa volonté d'entamer un dialogue constructif », a réagi la direction.

Subsea 7, stratégie plutôt offensive

Subsea 7, à la stratégie plutôt offensive, n’en est pas à son premier coup. En 2021, elle a entrepris de fusionner avec OHT pour grossir plus vite avec en ligne de mire, le marché des énergies renouvelables et les opportunités alors émergentes dans l'éolien offshore.

Seaway 7 est née de ce projet mais qui tourne court, le groupe ayant récemment annoncé être contraint de mettre un terme à l'aventure en raison de « résultats décevants ».

Dans un marché offhore pétrolier et gazier en renaissance, le Britannique a vu son chiffre d’affaires progresser de 2,5 % en 2022, à 5,1 Md$, tiré par son coeur de métier (+ 6 %) alors que ses recettes ont reculé de 11 % dans les renouvelables. Le résultat d’exploitation net du groupe a doublé, à 149 M$, pour un bénéfice net de 36 M$.

Subsea 7 a conclu l'an dernier pour plus de 7 Md$ de nouvelles commandes, le niveau le plus élevé depuis 2013, dernière année avant que la chute des cours pétroliers n'entraîne le secteur vers les fonds.

Dof, parcours chahuté

Dof connaît pour sa part un parcours chahuté depuis le début de l’année dont le dernier rebondissement est son entrée en bourse afin de lever jusqu'à 54 M$. Dans le cadre de la restructuration de sa dette, John Fredriksen, déjà actionnaire de nombreuses sociétés de transport maritime dont Frontline, Euronav, International Seaway, prévoit d’investir 23,2 M$ via Geveran Trading, la société familiale.

En mettant sur la table, la moitié de la somme requise, l'homme d'affaires norvégien, principal protagoniste des agitations en cours dans le capital de l'armateur belge de pétroliers Euronav dont il est devenu le premier actionnaire avec près de 30 % des actions, deviendrait donc un « investisseur de référence » de Dof.

Restructuration sous contrôle

Une partie des fonds tirés de l’offre publique doit rembourser ses créanciers (banques et détenteurs d'obligations) qui ont précipité sa mise en insolvabilité en février, provoqué la révocation du conseil d’administration, immédiatement remplacé par une gouvernance entièrement renouvelée, et la prise de contrôle par une holding détenue par ses prêteurs.

Endettée (602 M$), la société-mère du transporteur offshore cherchait à se réorganiser depuis 2019 mais faute de soutien des actionnaires à son plan de redressement, a été contrainte au dépôt de bilan.

Depuis, la nouvelle gouvernance travaille à la restructuration. L’introduction sur le marché d’Oslo entre dans ce cadre.

Retour de la croissance

2022 a été la meilleure année depuis longtemps pour les opérateurs de services éoliens offshore, avec une demande accrue, des tarifs d’affrètement plus confortables et un coefficient d’utilisation de la flotte nettement améliorée.

La plupart des grands acteurs de ce marché, la plupart norvégiens, ont vu leurs actions bondir l’an dernier. Ainsi de Solstad Offshore (+ 560 %), Siem Offshore (+ 285 %) ou encore de Havila Shipping (+ 185 %).

Les transporteurs offshore sortent d’un long tunnel, leurs conditions d’exploitation étant très difficiles depuis l'effondrement des prix du pétrole en 2014. Ainsi, les analystes considèrent que nombreux sont ceux qui ont encore des dettes importantes malgré les restructurations effectuées ces dernières années. À la fin du troisième trimestre, Solstad Offshore était par exemple endetté de 2,2 Md$.

Adeline Descamps

 

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