Plusieurs établissements financiers internationaux, dont le français Bpifrance, sont prêts à soutenir le projet Arctic LNG 2, mené par la compagnie russe Novatek et auquel participent le groupe Total, les chinois China National Petroleum et CNOOC et le consortium japonais Japan Arctic LNG. Un projet de 21 Md$.
Selon un document que s’est procuré Reuters, le projet à 21 Md$, qui vise à exploiter les gisements gaziers dans la péninsule de Gydan, au nord de la Russie, pourrait obtenir un soutien financier de près de 9,5 Md$ de la part de bailleurs internationaux dont la Banque publique d'investissement Bpifrance.
Pour rappel, Arctic LNG 2 prévoit la construction de trois trains de liquéfaction de GNL d’une capacité de production de 6,6 Mt par an chacun, ainsi que de 1,6 Mt de condensats de gaz par an. Dans ce projet, Novatek (60 % du capital) est associé à Total (10 %), Japan Arctic LNG B.V. (joint-venture entre le négociant de matières premières Mitsui et Japan Oil, Gas and Metals National Corporation, JOGMEC), China National Petroleum Corporation (CNPC) et China National Offshore Oil Corporation (CNOOC). Il devrait être lancé en 2023 pour atteindre en 2026 sa pleine capacité.
Arctic LNG 2 est le clone du projet Yamal LNG, qui exploite déjà les ressources de gaz du champ South Tambey sur la péninsule de Yamal, à l’ouest de celle de Gydan. Il est exploité par un consortium international qui réunit Novatek (50,1 % des parts), Total (20 %), CNPC (20 %) et Silk Road Fund (9,9 %). Il avait déjà nécessité la construction de 15 brise-glace Arc7, désormais tous opérationnels.
Dix nouveaux méthaniers pour Arctic LNG 2
Bpifrance en garante publique de Total
Selon le document que s'est procuré Reuters, Bpifrance a émis un avis préliminaire favorable à une demande de « garantie de projet stratégique » de Total pour un crédit de 700 M€, un mécanisme en vertu duquel la banque publique se porterait garante pour l'entreprise à hauteur de 80 % de ce crédit auprès des banques. La décision d'octroi d'une garantie publique dans le cadre du projet Arctic LNG 2 n'a pas été prise, a toutefois signalé Bpifrance après la publication des informations de Reuters. L'engagement de Bpifrance reste conditionné à l’accord du gouvernement français et à « l'instruction ultérieure du profil de risque du projet et de ses fondamentaux économiques », avec une « réserve forte » dans l'attente des conclusions de l'analyse environnementale et sociale.
Parmi les autres soutiens, figureraient China Development Bank (CDB) à hauteur de 5 Md$, l'assureur crédit allemand Euler Hermes pour 300 M$ et Japan Bank for International Cooperation (JBIC) pour 2,5 Md$, tandis qu'une banque russe est prête à apporter 1,5 Md$ et l'italien SACE 1 Md$. Sberbank, la première banque russe, a annoncé officiellement qu'elle pourrait allouer 2,7 Md$ à ce projet. S’ils étaient confirmés, ces engagements couvriraient l'intégralité des besoins de financements externes, estimés par Novatek entre 9 et 11 Md$.
Arctic LNG 2 : Après la Chine, le Japon investit dans le projet russe
Dossier politique
Les engagements financiers annoncés par certains bailleurs pourraient être compliqués dans le contexte du regain de tension entre l'Europe, l’Allemagne notamment, et la Russie depuis la tentative d'empoisonnement de l'opposant russe Alexeï Navalny. L’affaire a suscité en Europe des appels à suspendre le projet de gazoduc Nord Stream 2 entre la Russie et l'Allemagne.
L'implication d'institutions de financement européennes dans le montage de projets de GNL pourrait par ailleurs se trouver en conflit avec les engagements européens en matière de lutte contre le dérèglement climatique et contenus dans le pacte vert du nouvel exécutif européen (Green Deal).
Aucun des financeurs potentiels n’a infirmé ni confirmé jusqu’à présent les montants évoqués par l’agence de presse.
Adeline Descamps
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