"Il a fallu faire cohabiter des mondes peu habitués à travailler ensemble", explique Joël Danard, chercheur à Efficacity, coordinateur et conseiller scientifique pour le transport de marchandises par tramway, qui vient d’achever une première semaine de test en conditions réelles à Saint-Étienne, en partenariat avec Saint-Etienne Métropole et le gestionnaire du réseau de transport public de la ville, la Société de Transport de l'Agglomération Stéphanoise (STAS).
Une idée née en 2010
Rétrospectivement, les premières réflexions sur ce projets commencent en 2010. À cette date, un groupe de travail sur le transport urbain du futur a été lancé par l'Apur, association à but non lucratif, composée de divers organismes publics tels que la Région Île-de-France, la CCI de Paris, le département de Paris, la RATP ou encore la Société du Grand Paris.
Lors de ces discussions, l'idée d'utiliser les infrastructures de transport de voyageurs pour acheminer des marchandises a émergé comme une solution intéressante pour diminuer le nombre d'accidents, la pollution et la congestion du trafic. Autre particularité du projet, les trams utilisés proviennent d’anciens parcs, réaménagés pour pouvoir transporter des marchandises.
Le matériel livré début mai
Annoncé pour 2016, puis pour avril 2017, ce premier test du projet TramFret a finalement eu lieu il y a quelques jours avec l’enseigne Casino. Ce retard s’explique parce que le projet de TramFret est conditionné par la décision de renouvellement du matériel roulant par les exploitants de trams : s’ils tardent à le faire, pour des raisons financières ou techniques, le projet prend d’autant plus de retard. A Saint-Étienne, le nouveau matériel n’ayant été livré que début mai, TramFret ne pouvait commencer qu’en juin.
"Durant cette semaine d’expérimentation, nous nous sommes occupés de deux magasins que nous n’avons pas livrés les mêmes jours, détaillent Joël Danard et Kevin Janin, son associé dans le projet. 9 tonnes de marchandises ont ainsi été acheminées, sur trois jours, correspondant aux livraisons habituelles de ces magasins en épicerie et en boisson".
Un chargement en moins de 2 min
Pour ce premier test, dix rolls par rame ont servi à transporter les marchandises de la station du tram au point de vente, un nombre que les deux chercheurs souhaitent porter à 18 rolls par rame durant les prochaines expérimentations sur Saint-Étienne. "Pour les deux tests suivants prévus début et fin juillet, nous ferons évoluer les paramètres : par exemple le nombre de portes utilisées, de 2 lors du premier test, passera à 4".
Les livraisons se sont faites aux heures habituelles pour l’enseigne, à 6h30, quand la ligne de tram n'atteint pas encore son pic de fréquentation côté usagers. "Nous avons pu démontrer que le déchargement se fait en moins de 2 minutes avec 10 rolls", se félicite Joël Danard.
Cette semaine d’expérimentation a également permis d’opposer des éléments concrets aux réticents. "Nous avons eu les visites de différentes entreprises et enseignes de la grande distribution, qui se disent maintenant prêtes à tenter l’expérience, à Saint-Étienne, mais aussi dans d’autres villes", se réjouit le chef de projet. Il faut maintenant attendre les renouvellements de matériel roulant, que Joël Danard annonce nombreux entre 2017 et 2023, notamment à Paris…