Le trafic fluvial français de marchandises a progressé en 2021 sans encore renouer avec les niveaux de 2019 à cause des céréales, selon les données de Voies navigables de France (VNF) publiées le 31 mai 2022. Les matériaux de construction demeurent la filière la plus importante et le bassin de la Seine prépondérant.
Avec 52,5 millions de tonnes (+3,1 %) et 7 milliards de tonnes-kilomètres (+4 %), le transport fluvial de marchandises a progressé en 2021 par rapport à 2020 mais ne renoue pas tout à fait avec le niveau d’avant la pandémie, selon les données diffusées par Voies navigables de France (VNF) le 31 mai 2022.Le transport fluvial de marchandises en France en 2021 apparaît ainsi sur la même tendance positive que dans les pays voisins (Pays-Bas, Flandre, Wallonie) qui ont publié leurs résultats plus tôt dans l’année et où la navigation intérieure a aussi retrouvé des couleurs après le trou d’air de 2020 à cause de la pandémie.En 2019, le trafic fluvial français avait atteint 56,3 millions de tonnes et 7,4 milliards de tonnes-kilomètres, puis 2020 avait été marquée par un repli lié à la crise sanitaire (-10,7 % en tonnes et -11,6 % en t-km).Le résultat de 2021 montre que « le trafic intérieur confirme sa dynamique, avec une croissance de +6,5 % en t-km (près de 4,6 milliards de t-km) et de +5 % en volumes (29,6 millions de tonnes). Les importations augmentent de +1,9 % en t-km (un peu plus d’un milliard de tonnes-kilomètres) et de +3,7 % en tonnages (9,5 millions de tonnes). Les exportations connaissent une légère baisse de -2,9 % en tonnes-kilomètres (1,2 milliard de t-km) et de -1,7 % en volumes (12,8 millions de tonnes), grevées par les résultats de la campagne céréalière », indique VNF.
Les chiffres par filière
En France, la filière des matériaux de construction demeure la plus importante pour le fluvial avec 23,7 millions de tonnes en 2021 (+5,6 % par rapport à 2020) et 2,7 milliards de tonnes-kilomètres (+16,8 %). Autre filière de poids pour le fluvial en France, les céréales sont à la peine avec 12 millions de tonnes (-9,7 %) et 1,9 milliard de tonnes-kilomètres (-12,7 %).Cette situation a appelé le commentaire suivant de Thierry Guimbaud, directeur général de VNF : « Hors céréales, la croissance de l’ensemble du trafic fluvial aurait atteint 12,5 % ; ce sont les céréales qui ramènent la progression à 4 % seulement. On serait revenus, sans la crise céréalière induite par les très mauvaises récoltes 2019 et 2020, au niveau de trafic fluvial de 2019 qui était exceptionnel. Heureusement la récolte 2021 a été bonne et celle de 2022 s’annonce bonne également ».Les autres filières affichent toutes des progressions. La métallurgie, « très affectée en 2020 avec la crise sanitaire », a connu un rebond en 2021, avec +17,9 % en tonnes-kilomètres (plus de 568 millions de t-km) et de +16% en volumes (3,9 millions de tonnes). Cette filière bénéficie de « l’augmentation des trafics sur la Seine, mais également aux exportations vers l’Allemagne depuis le Nord et le Grand-Est ».La filière chimie et engrais se porte bien avec +11,5 % en tonnes-kilomètres (près de 524 millions de t-km) et +29,7 % en volumes (4,3 millions de tonne). « Le secteur profite notamment des travaux de dragage dans le Nord qui ont entraîné une progression de +43,1 % en en tonnes-kilomètres sur ce bassin et de la hausse des transports d’engrais et de produits chimiques depuis Fos-sur-Mer ».L’énergie « se stabilise, avec +2,3 % des volumes transportés (4,5 millions de tonnes) et +0,8% en en tonnes-kilomètres (près de 572 millions de t-km) ».Le transport de conteneurs et de colis lourds en 2021 apparaît aussi en positif (près de 583 000 EVP, +3,4 %).
Les résultats par bassin
Avec 22,1 millions de tonnes (+3,3 %) et plus de 3,8 milliards de tonnes-kilomètre (+8,2 %), le bassin de la Seine reste prépondérant pour le transport fluvial de marchandises en France.La croissance y est portée par la filière des matériaux « qui confirme sa progression avec +20,9 % en t-km (plus de 2 milliards de t-km) et +7,6 % en volumes (15 millions de tonnes transportées), grâce à l’augmentation des transports de terres pour remblais depuis l’Ile de France vers la Normandie. La filière métallurgique y performe avec +34,3 % en t-km (289,3 de t-km) et +29,6 % en volumes (1,1 million de tonnes), liée aux importations de tôles et de colis à chaud depuis l’étranger vers l’Ile-de-France et à l’accroissement des flux de déchets et de ferrailles à destination du Nord et de la Belgique ».L’axe rhénan français constitue le deuxième bassin avec 10,8 millions de tonnes et 915 millions de t-km en 2021. Un résultat obtenu en dépit des crues « sans précédent » qui ont eu lieu au cours de l’été et perturbé la navigation pendant plusieurs jours. VNF relève que « deux filières voient leurs échanges croitre : le secteur métallurgique (+15 % en t-km et +10,5 % en tonnages), du fait de l’accroissement des transports de déchets et de ferrailles au départ de Strasbourg à destination de la Moselle et de l’étranger, et la chimie (+5,7 % en t-km et +13,6 % en volumes) ».Sur le bassin du Nord-Pas-de-Calais, la tendance apparaît aussi positive avec +7,1 % en t-km (plus de 915 millions de t-km) et +12,3 % en tonnages (10 millions de tonnes). Selon VNF, « ces excellents résultats sont notamment dus au dynamisme de la filière des matériaux de construction, en hausse de +21,7 % en t-km grâce à l’augmentation des flux de matériaux au départ du bassin vers la Seine et le Nord-Est, mais aussi à la filière chimique, qui augmente fortement (+43,1 % en t-km), du fait travaux de dragage du canal de Condé-Pommeroeul et de la Lys ».Le bassin mosellan « voit également son trafic fluvial augmenter en 2021, avec +7,2 % en t-km (à 439,3 millions de t-km) et +3 % en volumes (près de 5,9 millions de tonnes transportées) » et renoue avec son niveau de 2019. La filière métallurgique y progresse de +8,9 % en t-km, « du fait de l’augmentation des exportations à destination de l’Allemagne et de la Belgique ».Par rapport à tous les autres, la situation apparaît bien différente sur le bassin Rhône-Saône-Méditerranée, pour lequel Thierry Guimbaud fait part d’une « déception importante » avec un trafic fluvial qui diminue de -0,6 % alors que cet axe bénéficie pourtant d’infrastructures d’un bon niveau.Le directeur général de VNF explique cela par une « moindre orientation vers le fluvial des acteurs économiques, qui utilisent plus volontiers le train ou la route ». Cependant, ce responsable estime que « les perspectives sont prometteuses grâce aux décisions prises pour effacer le coût de transfert, source de désavantage compétitif », faisant ici notamment référence à CMA CGM qui a mis fin au surcoût de manutention pour ses conteneurs au Havre et à Fos depuis le 1 avril 2022 (voir article de NPI) .Pour le début d’année 2022, les chiffres ne sont pas encore publiés mais Thierry Guimbaud fait état d’une très bonne tendance sur les céréales, d’une forte croissance pour les transports liés au BTP et d’une bonne évolution en ce qui concerne les conteneurs.