Risques, apnée du sommeil, addictions : « L’entreprise peut être protectrice »

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De gauche à droite : Emmanuel Perez (Pilote Prévention) et Sylvie Plotton (Triangle Grec).

Crédit photo Véronique Vigne-Lepage
Sylvie Plotton (société Triangle grec) et Emmanuel Perez (Pilote prévention), experts en prévention intervenant pour la FNTR, ont profité de Solutrans pour nouer des contacts pour les missions que leur a confiées l’organisation professionnelle. Trois thèmes sont concernés : la sécurité, les apnées du sommeil et les addictions.

Quelle est votre mission sur la sécurité ?

Sylvie Plotton : J’étais auparavant secrétaire générale de la FNTR Loire et avais conduit avec Emmanuel Perez un projet sur la pénibilité du travail des conducteurs, financé par le fonds de l’Agence pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) et élargi ensuite au national. Après la crise du covid, une convention sectorielle a été passée avec l’Anact pour renforcer l’attractivité par la qualité de vie au travail. La FNTR a alors déposé un nouveau projet, que nous conduisons.

Sur quoi porte ce projet ?

S.P. : Sur trois sujets qui sont remontés du terrain : la prévention des accidents par chute du camion et de ceux créés par des bennes basculant au déchargement, et la sécurisation des mises à quai.

Emmanuel Perez : Sur ce dernier cas, par exemple, il y a des risques importants d’écrasement et de départ inopiné de remorques. Il faut chercher des systèmes qui ne faussent pas le parallélisme comme le font les bloqueurs de roue. Sur les trois sujets, nous réunissons des représentants de Carsat, de la Caisse nationale d’assurance-maladie et de l’Institut national de recherche et de sécurité.

Les solutions ne sont-elles que techniques ?

S.P. : Non, nous avons également monté un « club prévention » réunissant des dirigeants, des formateurs d’entreprises et responsables HSE. La première rencontre en ligne, le 14 novembre, en a réuni plus de 60. L’idée est de les inciter à construire un plan global, sur trois ans, avec des investissements échelonnés.

E.P. : Je leur ai expliqué comment les taux de sinistralité sont calculés. Les plus petites, notamment, ont l’impression de subir celle de toute la branche. Or on peut agir au niveau de son entreprise.

Vous travaillez aussi sur les apnées du sommeil, quel est le problème ?

E.P. : Les personnes qui en souffrent ont un sommeil fractionné, avec même des arrêts de respiration, ce qui les épuise. Cela se soigne avec un appareil spécial, mais un arrêté de mars 2022 oblige à déclarer la maladie en préfecture, ce qui conduit au retrait du permis de conduire pendant un mois, le temps des soins. Pour les poids lourds, un contrôle est même obligatoire au bout d’un an. De fait, beaucoup de pneumologues n’incitent pas à faire la déclaration. Mais en cas d’accident, si l’appareil est trouvé dans la cabine, l’entreprise n’est plus assurée.

S.P. : Notre but est de pouvoir faire appareiller tous ceux qui en ont besoin et, pour cela, nous travaillons avec Klesia pour une prise en charge complémentaire. Mais pour éviter que les gens ne perdent leur outil de travail, nous voulons aussi faire évoluer la règlementation. Pour cela, on nous a conseillé d’organiser une conférence scientifique. Nous montons un groupe d’experts du sommeil (cardiologue, anesthésiste-réanimateur…).

Quid des addictions ?

S.P. : En 2022, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a proposé à la branche une charte qui permet des actions en milieu professionnel. Emmanuel Perez et moi sommes chargés d’inciter les entreprises à la signer. Mais la démarche étant un peu lourde, nous proposons aussi aux petites de se tourner vers leur référent régional FNTR, à qui nous fournissons des flyers et autres outils permettant d’aborder le sujet avec les collaborateurs et les partenaires sociaux. Avec Klesia, nous voulons aussi sensibiliser les gestionnaires d’aires d’autoroutes au besoin d’une offre de loisirs et de sport. Tout le monde a intérêt à ce que les collaborateurs se portent bien.

E.P. : Il faut lever le tabou sur les addictions. Dès qu’on a un doute sur un collègue, il ne faut pas le laisser seul. L’entreprise peut être protectrice. Tout comme des modes d’organisation peuvent favoriser les risques : l’isolement des conducteurs lors des pauses et découchés, le stress que les exploitants peuvent répercuter sur eux… L’employeur doit beaucoup informer ses salariés. Elle peut aussi proposer des solutions – qui sont peu chères - pour inciter à prendre soin de soi, comme un kit de sport en cabine ou même la simple incitation à marcher.

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