L'emploi dans le transport et la logistique continue de progresser bien que plus faiblement que les 2 dernières années. Le dernier rapport de l’OPTL indique ainsi que le secteur regroupait 807685 salariés fin 2023, soit un ralentissement de la croissance à +0,3% en un an (contre +4,3% en 2021 et +1,3% en 2022). Dans le TRM plus particulièrement, on assiste même à une baisse des effectifs avec 424503 salariés en 2023 contre 426584 en 2022, soit 2081 salariés en moins. Cette croissance de l'emploi bien que faible reste « remarquable vu le contexte économique, souligne Bruno Lefebvre, président de l'OPTL, qui rappelle que « le PIB n'a progressé que de 0,9% en 2023 et l'activité par poids lourds a baissé de 2,4% » par rapport à 2022. « Globalement, les effectifs continuent de progresser et les besoins vont fortement augmenter, notamment dans le TRM », souligne le président de l’OPTL, rappelant la pyramide des âges défavorable dans le TRM et les nombreux départs à la retraite à venir. La tendance au vieillissement de la branche est une nouvelle fois d’ailleurs démontrée dans ce rapport. La moyenne d’âge s’établit à 44,5 ans à fin 2023, contre 44 ans un an plus tôt. Désormais, 40% des salariés ont plus de 50 ans ; trois fois moins ont moins de 30 ans. En 2023, 2033 conducteurs du TRM ont fait valoir leur départ en congé de fin d’activité ; 11297 personnes au total en était bénéficiaires la même année, en hausse de 2%.
Dans ses prévisions pour l'année 2024, l'OPTL estime le total des salariés de la branche à 810847 à fin décembre, soit une faible augmentation de 0,4%. Celui du TRM serait quasi stable, à 0,1% contre 1% en 2023, une stagnation qui s’explique notamment par le repli de la consommation des ménages en raison de l'inflation. La pression sur le marché de l’emploi a faibli. Les offres d’emploi ont ainsi décliné par rapport à 2022 quand le nombre de demandeurs d’emploi a de son côté augmenté de 3%. Les difficultés de recrutement sont néanmoins toujours présentes.
Composition
Les conducteurs représentent les 2/3 des emplois du secteur. Les femmes composent 19% des effectifs au global, avec toujours une grande parité sur les métiers de l’exploitation où elles occupent quasi la moitié des postes et même une plus grande représentation sur ceux de la gestion. En revanche, elles sont 4% sur les métiers de la conduite, comme en 2022.
Concernant l’emploi de personnes en situation de handicap, environ 7500 entreprises de la branche sont assujetties à l’OETH (obligation d'emploi des travailleurs handicapés). Dans le TRM particulièrement, sur les 4303 entreprises assujetties, 2792 emploient des bénéficiaires, soit 65%. Le TRM emploie 11897 travailleurs handicapés sur les 16484 attendus pour répondre à l’obligation, soit 72%. « Plusieurs secteurs sont bien en-dessous de ce taux », nuance Bruno Lefebvre.
Focus sur les violences et incivilités
Pour cette édition, l’Observatoire a souhaité réaliser un focus particulier aux incivilités et violences à l’égard des conducteurs. Dans le TRM, 10% des entreprises ont été confrontées à ce type de situation. Parmi elles, 68% font état de conflits sur route, 63% de conflits avec un client ou encore 52% de vol de carburant. Les deux tiers des employeurs se disent conscients que les conducteurs sont en difficulté dans ces situations et 42% ont mis en place des formations pour les aides à gérer des conflits. Parmi les entreprises confrontées à ces problématiques, 63% ont mis en place des actions comme des formations (sécurité, hygiène, code de la route…) mais aussi, pour 45% d’entre elles, des actions de sensibilisation. Certaines sont aussi amenées à installer des caméras embarquées dans leur véhicule. Une initiative prise par les Transports Chalot, présidés par Michel Chalot, vice-président de l’OPTL : « Lorsque les caméras ont été mises en place, 80% des conducteurs les obstruaient. Aujourd’hui, 50% ont enlevé le cache, notamment parce qu’ils se rendent compte qu’ils sont ainsi dédouanés de leur responsabilité en cas d’accident. Et ce système permet aussi de montrer des situations d’accidents ou de conflits dans les formations ».
Formation
Concernant la formation dans la branche, plus de 40860 nouveaux conducteurs ont été formés à la conduite de poids lourds (+0,2%), soit par la FIMO, par une formation passerelle, par le bac pro, par le CAP de conduite ou par le titre professionnel.
Des innovations ont été bénéfiques dans la formation continue obligatoire : « Les FCO sont moins magistrales, ce qui satisfait les salariés, indique Bruno Lefebvre. La montée en puissance des simulateurs est bien pour appréhender certaines situations mais il faut faire attention à ne pas s’en contenter. »
L’insertion professionnelle après une formation transport-logistique est en hausse. En 2023, après une formation en transport-logistique, 64 % des jeunes apprentis et lycéens sont en emploi (68 % en 2022, - 4 points). Parmi eux, 65 % des anciens apprentis et 61 % des lycéens exercent leur activité dans une entreprise transport-logistique. L’OPTL note que les lycéens sortant avec un diplôme de conduite routière intègrent plus rapidement le marché du travail que les lycéens des autres domaines de formation de la filière. Par ailleurs, les apprentis sortants à 6 mois se positionnent plus aisément sur le marché du travail que les lycéens. Par ailleurs 83 % des sortants de contrats de professionnalisation sont en emploi. Enfin, 76 % des personnes ayant réalisé un titre professionnel Conducteur transport routier de marchandises sur porteur et/ou tous véhicules et 83 % de ceux ayant suivi un parcours permis + FIMO sont en emploi. Les adultes (salariés en reconversion, demandeurs d’emplois…) s’insèrent presque aussi bien que les apprentis sortant d’une formation professionnelle de la conduite.