Le congrès, qui a rassemblé 450 participants, a été une véritable démonstration de force d’une profession inquiète pour son avenir. Premier souci, la forte hausse des coûts, dont celui du carburant. « Il est très difficile de répercuter les coûts à nos clients » confie un dirigeant d’une grande entreprise du secteur présent au congrès.
Comme dans le reste du TRM, les membres d’ATFRIE, qui rassemble des entreprises avec une flotte de plus de 15 000 véhicules, sont confrontés à la pénurie de conducteurs, un problème qui ne peut que s’aggraver à l’avenir en raison de la pyramide des âges du secteur : la moitié des conducteurs espagnols ont plus de 50 ans. L’amélioration des conditions de travail des conducteurs a fait l’objet d’une table-ronde avec la participation des représentants des deux grandes centrales syndicales, l’Union générale des travailleurs (UGT) et les Commissions ouvrières (CCOO). Ceux-ci et les responsables d’ATFRIE sont tombés d’accord sur la nécessité d’une convention collective nationale qui remplacerait les 52 conventions actuelles, une par province. Mais le débat a également mis en évidence de vraies divergences : l’avancement de l’âge de départ à la retraite est une revendication centrale des syndicats. Ce qui ne ferait qu’aggraver la pénurie de conducteurs…
Un contexte politique limitant
Autre souci de la profession : la nouvelle réglementation à venir des poids et dimensions, paralysée par le contexte politique ; la régulation de la sous-traitance ; la réintroduction possible des péages sur les voies express espagnoles, écartée pour l’instant par le gouvernement en fonction ; la bonne application de l’interdiction du chargement et du déchargement des marchandises ainsi que de l’échange des palettes, un point sur lequel l’association a été particulièrement combattive et demeure vigilante. Sans oublier la digitalisation et la décarbonation, demandées de façon pressante par les chargeurs en quête de Supply Chains efficientes et durables.
Mais le principal défi à tient au volume d’activité. L’agriculture espagnole subit de plein fouet les conséquences du changement climatique (sécheresse et pluies diluviennes) qui a entrainé une baisse de la production. Résultat : en 2022, les exportations de fruits et de légumes ont diminué de 10,4 % en volume (12 Mt) même si elles ont progressé de 1,6 % en valeur. Dans les fruits, le recul a été encore plus prononcé (-13 %). À cela s’ajoute la baisse de la consommation domestique. Les chiffres disponibles de 2023 indiquent la poursuite de cette tendance négative.
Un des dirigeants d’ATFRIE a évoqué « les gros nuages à l’horizon ». Le risque est donc de se retrouver avec un excédent de capacité et une pression à la baisse sur les prix dans un secteur composé majoritairement de PME. La moyenne du chiffre d’affaires annuel est de l’ordre de 4 M€.