CMA CGM était avant même la dernière opération un des tout premiers clients du Singapourien, non exploitant de navires. Le transporteur de conteneurs français a déjà affrété nombre des navires qu'EPS (Eastern Pacific Shipping) a commandés ces dernières années.
Ils seraient, selon les données d'Alphaliner, au nombre de 33 dont quinze porte-conteneurs de 15 264 EVP (en service) ainsi que cinq unités de 6 983 EVP et trois de 7 928 EVP (livraison d'ici la fin de l'année 2024).
Il ne lui a d'ailleurs pas affrété que des porte-conteneurs. L'armateur français s'est dernièrement engagé pour quatre transporteurs de voitures. Le propriétaire de flotte détient déjà, pour sa part, six car-carriers en service, de 4 900 et 6 300 EVP, tandis que douze d’une capacité de 7 000 CEU (au GNL) sont en commande pour livraison entre 2023 et 2025.
Dix porte-conteneurs de plus
Le groupe français n'en a toujours pas assez. Il serait selon les courtiers à l'origine d'un nouveau contrat portant sur dix autres porte-conteneurs neufs.
L'accord comprendrait deux navires de 6 983 EVP, six de 2 954 EVP et deux de 1 800 EVP sur une durée non précisées. Les unités de 7 000 EVP concernées sont celles en cours de construction chez New Century Shipbuilding en Chine et devraient être livrées en novembre 2024 et janvier 2025. Dans cette classe, le troisième armateur mondial en a déjà cinq en location.
Les 3 000 EVP sont en cours de construction au chantier Mawei et doivent être réceptionnés entre décembre 2023 et août 2024.
Enfin, les Hyundai bangkokmax 1800 sont attendus en fin d'année.
142 fixés avec EPS
Ces nouveaux contrats d'affrètement de porte-conteneurs porteraient à 142 le nombre de contrats conclus par CMA CGM depuis le début de l'année, ce qui fait du transporteur français, de loin, l'affréteur le plus actif dans le conteneur.
Selon le courtier Braemar et des données arrêtées à l'issue du premier trimestre, plus de 20 % de tous les affrètements prévus en 2023 sont liés à CMA CGM.
Alphaliner estime pour sa part que la moitié de la flotte de l'armateur marseillais (51 %), d'une capacité de 3,4 MEVP, ferait l'objet de contrats à plus ou moins longue échéance.
L'affrètement à contre-courant
La conjoncture ne s'y prête pas, compte tenu d'une demande de transport déprimée mais l’affrètement s’inscrit à contre-courant, les armateurs ayant encore recours à la location de navires, soutenant ce faisant les prix des locations, notamment pour les grands navires et sur de longues périodes.
« En revanche, la demande de tonnages plus petits semble s'essouffler, les taux d'affrètement affichant une légère contraction dans les tailles de 2 000 à 2 699 EVP et de 1 000 à 1 249 EVP », indique Alphaliner dans sa dernière note.
Un marché à deux niveaux
Il y a de plus en plus un marché à deux niveaux avec des navires énergétiquement sobres – « CII friendly » selon l'expression de l'analyste –, qui se fixent à des taux toujours élevés. Les moins efficients et plus anciens sont moins bien orientés.
CMA CGM ne semble pas être perturbé par une conjoncture hésitante, entre reprise des volumes sur un certain nombre d'itinéraires clés au cours des dernières semaines et sinistrose ailleurs.
Les transporteurs comptent sur la haute saison qui approche mais les taux de fret au plancher laissent peu de doute sur le fait que les navires soient exploités à perte sur certains corridors.
Les débrayages dans les ports ouest-américaines et les restrictions décidées par le gestionnaire du canal de Panama face à la sécheresse ont créé les conditions pour stimuler les taux de fret.
Mais la surcapacité sous-jacente, accentuée par des livraisons records cette année et jusqu'en 2025, pèse sur la reprise et pourrait l'emporter sur les frémissements du marché.
Adeline Descamps
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