Toujours plus d'exclus parmi les ports du fait de la congestion

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Les compagnies poursuivent l'agencement de leurs programmes pour éviter les files d’attente dans les ports les plus congestionnés. Chaque semaine apporte son lot d’exclus. Les escales sautent et les rotations deviennent parfois des connexions quasi directes. Anvers et Rotterdam sont mis au ban en Europe. Leurs voisins en profitent et s’affirment en hubs de transbordement. Jusqu’à ce que la congestion les gagne à leur tour ?

Les grandes alliances ajustent de plus en plus leurs rotations de service, en limitant le nombre d'escales de certains de leurs navires, pour éviter d’attendre au mouillage et tenter de circonscrire les retards. Il y aurait 334 porte-conteneurs en attente au large des plus grands ports du monde, avec ses 2,2 millions de boîtes stockés sur l’eau, selon VesselsValue.

Alphaliner, qui a calculé le retard moyen sur la base du transit time des navires opérant sur 17 boucles à destination de la Chine, l’estime à18 jours sur les rotations entre Asie-Europe. C’est dire qu’il faudrait déployer au moins 44 extra-loaders de 14 000 à 24 000 EVP pour absorber les retards et maintenir une fréquence de navigation hebdomadaire. Le consultant, qui s’est penché en outre sur les retards enregistrés par les trois grands alliances – 2M, THE Alliance et Ocean Alliance –, avait noté de grandes disparités : sept jours pour Ocean, 19 pour 2M et 35 pour THE Alliance.   

Exclusions et omissions

Chaque semaine apporte son lot de ports exclus, éjectés du système pour motif d’encombrement. Cosco a décidé de supprimer une escale sur deux à Anvers dans le cadre de son service hebdomadaire, exploité par les plus grands de ses navires (de 18 980 à 21 230 EVP) sous le code NEU2 par Ocean Alliance. In fine, le service se réduit en Europe du Nord à trois escales – Le Pirée, Rotterdam et Hambourg –, pour filer ensuite directement… à Shanghai.

Cosco va radier Rotterdam de toutes les traversées pour huit des dix navires (des 13 100 à 14 000 EVP) opèrant sur son service AEU7 (alias NEU3 d'Ocean Alliance) pour ne garder que Hambourg, Zeebrugge et Felixstowe (curieusement alors que sa congestion est critique : Maersk a décidé de suspendre ses arrêts). En revanche, les deux seuls navires maintenant leur escale à Rotterdam seront des poids lourds de 19 et 21 000 EVP, les CSCL Pacific Ocean de China Shipping et le Cosco Nebula. Au total, ce service, en gestation depuis septembre, aura connu quatre mois de perturbations. ​

Selon les alliances, des ajustements plus ou moins minimisés

De son côté, THE Alliance (Hapag-Lloyd, HMM, ONE et Yang Ming) limite les frais en Europe pour préserver au maximum ses programmes. Ainsi, l’alliance se contente de réduire une double escale à Rotterdam à une seule pour la boucle Asie-Europe du Nord (FE4), assurée par les douze géants de HMM de 24 000 EVP. Ses membres paient néanmoins le fait de maintenir la rotation initiale en retards accumulés, quand ses concurrents ont détourné le regard vers des ports plus petits comme Zeebrugge ou Wilhelmshaven. Sur ces itinéraires, elle a outre limité ses évictions à Jebel Ali (FE3) et à Hong Kong (en direction est de FE2). 

MSC redistribue ses hubs de transbordement

Autre conséquence des hubs portuaires encombrés, dans une démarche plus isolée, MSC fusionne les services Feeder et Baltic Loop en un Baltic Loop 3 qui sera opéré avec les quatre navires de 2 000-2 600 précédemment déployés sur les deux services distincts. 

Le nouveau service assure en quatre semaines la rotation entre Wilhelmshaven, Bremerhaven, Anvers, Portbury (Bristol), Liverpool, Greenock (Glasgow), Le Havre, Anvers, Tallinn, Riga, et retour à Wilhelmshaven. Ce dernier (2,7 MEVP en capacité) prend sa revanche sur Hambourg (avec lequel il y a toujours eu rivalité) et s’affirme en escale dans le réseau intra-européen de plusieurs compagnies. Avec Liverpool, il devient le nouveau hub de transbordement de MSC. Les deux supplantent le MSC PSA (MPET) encombré d'Anvers.  

Le fret à l’export et/ou les conteneurs vides au départ de l'Estonie et de la Lettonie peuvent ainsi être connectés à Wilhelmshaven à l’offre de 2M (alliance entre Maersk et MSC) et notamment les AE-5Albatross entre Asie et Europe du Nord. À Liverpool, des connexions sont disponibles pour le Canada via le Montreal Express 1 et la Turquie.  

« D'autres changements dans la rotation modifiée sont attendus lorsque les quatre navires auront rejoint le service, prévient Alphaliner. Les temps de transit de Riga à Anvers passeront de six à dix-huit jours début novembre, ce qui signifie que l'une des deux escales belges sera abandonnée. Dans ce cas, les navires relieront en direct le nord de l'Allemagne à la côte ouest du Royaume-Uni. » 

Zones sensibles à éviter 

Ailleurs, sur le front portuaire le plus encombré du monde, aux États-Unis, l’opération consiste à éviter Los Angeles et Long Beach, où le temps d’attente au large le plus long enregistré est de 27 jours et où le nombre de navires dans l’environnement du complexe portuaire, à quai, au mouillage et au large, dépasse les 150.

Mais la congestion a gagné du terrain. Seattle et Tacoma connaissent une véritable recrudescence du trafic maritime. Une quinzaine de navires patientent actuellement au large. À Savannah, la forte congestion lui vaut la perte de trois services alors qu’une trentaine de navires attendent actuellement au mouillage avec un délai de huit à dix jours en moyenne avant d’accoster. Avec un volume de 4,6 MEVP, le port de l'État de Géorgie est la deuxième porte d'entrée pour les conteneurs sur la côte Est américaine, derrière les ports siamois de New York et Newark (7,6 MEVP). 

Charleston et Jacksonville en alternatives

Ainsi, le service Amerigo de CMA CGM, qui relie la Méditerranée occidentale à la côte Est des États-Unis, cessera « temporairement » d’y faire escale « en raison de la forte congestion de ce port et afin de préserver l'intégrité du programme et la fréquence hebdomadaire des départs », indique l’armateur français. Le service fera donc escale à Charleston, en Caroline du Sud, avec le CMA CGM Traviata (8 488 EVP), qui touchera le port le 27 novembre.  

Hapag-Lloyd a, lui, préféré Jacksonville, en Floride, à 240 km au sud de Savannah, pour accueillir son service Atlantic Loop 3. Le transporteur allemand n'a pas motivé sa décision en mentionnant l'encombrement du voisin mais pour « stabiliser les horaires et s'adapter aux besoins du marché ».  

Situation qui devient aussi critique sur la côte est américaine

Toutefois, lors d’une conférence de presse, Rolf Habben Jansen, son PDG, avait certes évoqué ses difficultés avec les ports de la côte ouest-américaine mais aussi alerté sur la situation critique de la côte est « où des endroits comme Savannah et New York sont fortement congestionnés. » 

Le changement d'escale sera effectif le 31 octobre avec le Hudson Express en provenance d'Anvers. Le navire devrait arriver au terminal à conteneurs TraPac de Jaxport le 18 novembre. En Europe, outre le port belge, il dessert Hambourg et Londres avant de connecter directement l’est américain avec Charleston, Jacksonville et Norfolk. 

À Jacksonville, aucun porte-conteneurs n'attend actuellement au mouillage à l'extérieur du port de Floride, a réagi le port de Floride, qui a entrepris des travaux d’approfondissement de son chenal pour pouvoir traiter les navires de dernière génération. Avec ses 1,27 MEVP, il ne joue toutefois pas dans la même catégorie que le port géré par Georgia Ports Authority et ses 4,6 MEVP en 2020.  

Adeline Descamps

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