Shenzhen à nouveau confiné

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Alors que la guerre en Ukraine met à nouveau les chaînes d'approvisionnement mondiales à l'épreuve, la ville qui loge le quatrième port le plus fréquenté au monde est soumise à un confinement généralisé. Les autorités portuaires se veulent rassurantes mais les restrictions de mobilité des personnels ont été réactivées tandis que les accès aux terminaux sont strictement encadrés avec le retour des quotas imposés aux camions.

Shenzhen, que la presse se plait à présenter comme la capitale mondiale des fabricants de biens technologiques pour les géants high tech, les Samsung, Apple et consorts, est aussi le quatrième port le plus fréquenté au monde.

L’an dernier, en mai, la seule fermeture partielle de l’un des terminaux de Yantian (Yantian International Container Terminal, YICT), une installation qui a traité 13,5 MEVP en 2020, avait réduit de 70 % ses opérations pendant la majeure partie du mois de juin. La capacité de Yantian à traiter 37 000 EVP en moyenne par jour s’est ainsi limitée à 500 boîtes. Très rapidement, l’environnement s’est dégradé. La plupart des armateurs ont suspendu sine die leurs escales, cherchant des alternatives à l’ouest de Shenzhen, à Hong Kong, Nansha ou Shekou, ces deux derniers absolument pas dimensionnés pour des à-coups si violents et à leur tour rattrapés par la congestion.

Les conteneurs se sont ainsi très rapidement empilés sur les quais et les navires, amoncelés au large, à l’ancrage ou au mouillage. Les temps moyens d’attente se sont alors allongés jusqu’à 18 jours. L’événement est survenu dans un marché en surchauffe alors que la logistique mondiale était aux prises avec une demande élevée, une faible productivité portuaire et des services de ligne dysfonctionnels. Baromètre du secteur conteneurisé composé des taux spot pour les conteneurs au départ de la Chine, le Shanghai Containerised Freight Index (SCFI) s’est en conséquence complètement affolé. 

Récidive

Les professionnels ont sans doute ces souvenirs en tête alors que la ville de 17,5 millions d'habitants vient de faire l’objet d’un nouveau « verrouillage », conformément à la politique « zéro Covid » de Pékin, sans qu'aucune date précise pour sa réouverture n'ait été donnée. Tout dépendra des résultats de la grande campagne de tests visant à tester trois fois chaque habitant de la mégalopole alors qu’une soixantaine de cas positifs ont été détectés ces derniers jours. 

Shenzhen est limitrophe d’Hongkong, qui enregistre actuellement 27 000 contaminations quotidiennes pour 7 millions d’habitants tandis que 300 000 personnes auraient été placées en quarantaine. À Shanghai, un confinement partiel a également été décrété. 

L’annonce du confinement de Shenzhen a rendu nerveux les secteurs de la distribution de produits high tech et de la construction automobile, tous deux très dépendants des composants électroniques fournis par la mégapole chinoise où sont installés nombre de leurs sous-traitants. 

Nouvelles perturbations à venir

Les autorités portuaires se veulent rassurantes alors que des restrictions de mobilité des personnels ont été réinitialisées. Ainsi les accès aux terminaux sont strictement encadrés avec le retour du système de réservations et des quotas imposés aux camions. Si tous les navires déjà chargés pourront prendre la mer comme prévu, aucune marchandise ne pourra être chargée dans les jours à venir tandis que les navires seront sans doute déroutés. La zone franche attenante est en outre fermée. 

Ce nouvel accroc dans les chaînes d'approvisionnement survient alors que les sanctions qui découlent du conflit entre l’Ukraine et la Russie et se sont déjà traduites par de nouvelles pressions, notamment sur des composants clés alors que certaines industries sont déjà aux prises avec une pénurie de puces et avec la flambée des prix de l'énergie et des métaux (aluminium, palladium, nickel…). Pour ces mêmes raisons, certains constructeurs allemands, notamment Porsche, Volkswagen, BMW et le constructeur de camions MAN ont déjà réduit leur production en raison d'un manque d'approvisionnement. Porsche a en outre suspendu la production de son modèle électrique Taycan à Stuttgart-Zuffenhausen pour quelques jours, invoquant un manque de composants. 

L'invasion de la Russie a contraint en outre les fournisseurs ukrainiens de faisceaux de câbles, pièces dites stratégiques car uniques à chaque modèle de voitures, à fermer leurs portes. Le fabricant français de pneumatiques Michelin a également déclaré la semaine dernière qu'il arrêterait temporairement la production dans certaines de ses usines en Europe en raison de problèmes logistiques. 

Adeline Descamps

 

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