Atlas Corp a finalement accepté l’offre d'achat, revue à plusieurs reprises, du pool d'investisseurs qui s’est fédéré au sein de Poseidon Acquisition Corp. L’entité a été créée pour cette opération par l’actuel président du conseil d'administration d'Atlas, David Sokol, rejoint par des actionnaires de Fairfax Financial et de la famille Washington.
ONE, qui est l'un des principaux clients de Seaspan, avec 23 navires affrétés et 16 unités en cours de construction, fait partie du groupement. Le transporteur japonais, qui vient d’annoncer un bénéfice net record de 5,52 Md$ pour le troisième trimestre, n’a pas communiqué sur le montant de sa participation mais il figurerait parmi l’un des principaux actionnaires. Si ce n’est le premier.
Ensemble, avant la dernière opération, ils détenaient plus de 68 % des actions ordinaires en circulation de Atlas. Ils avaient fait connaître leur intention en août mais leurs premières démarches sont en réalité bien antérieures. En avril, Fairfax avait déjà acquis 25 millions d'actions supplémentaires à 8,05 $ via l'exercice des bons de souscription.
Une offre portée à 15,5 $ par action
Le pool d’investisseurs avait ensuite offert 14,45 $ par action en espèces pour acquérir tous les titres en circulation qu’ils ne possédaient pas encore. En septembre, cette offre a été portée à 15,50 $, le prix retenu dans le cadre de l’accord de ces dernières heures. Ce qui valorise l’entreprise à près de 11 Md$. Ce prix d'achat par action représente une prime de 34 % par rapport au cours de l'action d'Atlas au 4 août, le dernier jour de bourse avant la proposition rendue publique de Poseidon. Au 1er novembre, il y avait 281,3 millions d'actions ordinaires en circulation.
Après la conclusion de la transaction, Washington et Fairfax détiendront la majorité des actions d'Atlas. Bing Chen devrait conserver la présidence et direction générale de l’ensemble tout en devenant lui-aussi actionnaire de la société.
Les résultats financiers du troisième trimestre, qui doivent être présentés le 2 novembre, vont acter une baisse du chiffre d'affaires de 2,7 % par rapport au troisième trimestre 2021, à 439,6 M$. Le résultat net ressort à 185,7 M$ tandis que l’Ebitda (résultat d'exploitation avant intérêts, impôts et amortissement) est en baisse de 9,7 %, à 291,1 M$, « principalement liée au segment de la production d'énergie mobile en raison d'une plus faible utilisation des actifs », fait valoir la société. Outre Seaspan, Atlas Corp détient APR Energy, qui fournit des centrales électriques clés en main, se concentrant particulièrement sur les marchés et les industries mal desservis
Course à la capacité
Mais c’est Seaspan qui génère 95 % de l'Ebitda de la maison-mère. Le numéro cinq mondial des non-operating owner (NOO), selon Alphaliner, avec une flotte de 134 navires en service, est engagé depuis quelques années dans une véritable course à la capacité, qui s’est accentué durant la pandémie. Sa flotte devrait être portée à près de 1,96 MEVP une fois les 67 porte-conteneurs en commande livrés dans quelques années.
Entre août et octobre, Seaspan a réceptionné ses troisième, quatrième et cinquième unité de 11 800 EVP, tous trois fixés pour cinq ans à la livraison ainsi que son premier navire de 15 000 EVP. Jusqu’à présent, l’armateur basé à Hong Kong était plus familier de la catégorie des 7 000 EVP. En février 2021, il a fait mentir cette réputation en commandant deux porte-conteneurs de 24 000 EVP, qui ont été affrétés pour une durée de 18 ans, selon ses déclarations.
100 % de la flotte placée en 2022
Le propriétaire de navires, qui contracte avec les plus grands noms de la ligne régulière, déclare avoir 100 % de sa flotte placée pour 2022, 99,6 % pour 2023 et 96,9 % pour 2024. L’entreprise indique avoir conclu des prolongations de bail pour 14 navires durant le troisième trimestre, ajoutant environ 1,1 Md$ de flux de trésorerie brut (portant ses liquidités à 18,6 Md$).
Outre ONE, Cosco (29 navires affrétés), Maersk (20 unités), Yang Ming (15), Hapag-Lloyd (14) et MSC (10 navires) figurent parmi ses plus fidèles clients. Les transporteur japonais et chinois représentent à eux deux 40 % du chiffre d’affaires du NOO. En ce qui concerne les navires neufs, ZIM (25 navires) et ONE (16 navires) absorbent la plus grande part du tonnage en construction de Seaspan, représentant à eux deux 57 % de son carnet de commande affrété.
Nuages à l’horizon. Le marché de l’affrètement est en train de se retourner. Les propriétaires de flotte, qui imposaient leur loi il y a encore quelques mois dans les prix et la durée des contrats d’affrètement, sont désormais confrontés à une demande qui s’éteint et à des clients dont la confiance se détériore. L’offre de porte-conteneurs disponibles augmente, d’autant que la résorption de goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement mondiale libère de la capacité. En un mois, entre le 13 septembre et le 13 octobre, selon les durées des contrats (six mois et deux ans) et les tonnages (1 100 à 6 500 EVP), les valeurs d’affrètement ont perdu entre 1 300 $ et plus de 50 000 $ pour les plus grandes unités.
Adeline Descamps