Sans surprise, le ConTex s’inscrit dans le sillage des taux spot et contractuels : en chute libre. L’indice de référence qui suit l’évolution de l’affrètement des porte-conteneurs s’est replié de 13,2 % en une semaine et de 51,9 % sur un an.
L'indice Harpex, publié par la société de courtage Harper Petersen & Co, qui après avoir atteint un plafond de 4 586 points à la fin mars, s’y être ancré jusqu'à la fin juillet a perdu 30 % de sa valeur en deux mois et vient d’endosser un nouveau recul de 18 % en une seule semaine, atterrissant à 3 095 points.
Si les taux de fret glissent depuis plus d’une trentaine de semaines consécutives, les indices d'affrètement étaient encore à des niveaux historiquement élevés il y a encore quelques semaines. Ils accusent désormais des baisses bien plus importantes que les taux de fret.
« Les opérateurs sécurisaient il y a encore peu de temps le tonnage à prix fort et pour des périodes longues », rappellent le courtier Braemar, qui se dit surpris par « le rapide retournement de marché ». L'indice BOXi de Braemar a plongé de 30 %, passant de 580 à 317 points entre fin juillet et début octobre, avec une accélération en six semaines (- 45 %)
Payer moins et moins longtemps
Mouvement pendulaire. Les propriétaires de flotte, qui imposaient leur loi il y a encore quelques mois dans les prix et la durée des contrats d’affrètement, sont désormais confrontés à une demande qui s’éteint et à des clients dont la confiance se détériore. Ces deux dernières années, les revenus tirés des conteneurs transportés étaient si élevés qu’ils acceptaient de s’engager sur des longues durées, les niveaux des taux de fret compensant largement les coûts d’exploitation. Le pouvoir de négociation a changé de camp. Ils entendent désormais payer moins et sur des périodes d'emploi de plus en plus courtes.
Inévitablement, l’offre de porte-conteneurs disponibles augmente, lentement mais sûrement, d’autant que la résorption de goulets d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement mondiale libère de la capacité. Cependant, selon l'association des courtiers maritimes de Hambourg et Brême (VHBS), la situation est loin d'être catastrophique, les tarifs fixés évoluant à des niveaux certes réduits mais toujours historiquement forts.
Perte jusqu’à 50 000 $
En un mois, entre le 13 septembre et le 13 octobre, selon les durées des contrats (six mois et deux ans) et les tonnages (1 100 à 6 500 EVP), les valeurs d’affrètement ont perdu entre 1 300 $ et plus de 50 000 $ pour les plus grandes unités. Quelle que soit la taille, les tarifs sont en chute libre, de plus de 50 % et jusqu’à plus de 60 % sur un an. Les feeders seraient les plus touchés par la désaffection, indiquent les professionnels. Le nombre de navires disponibles dans la catégorie des 2 000 EVP devient inquiétant, alertent-ils.
Éloquent. Le 30 septembre, le taux d'affrètement de 6 à 12 mois pour un navire de 6 800 EVP était de 62 000 $ par jour, soit près de 80 000 $ par jour de moins qu'un mois plus tôt, cependant encore 40 000 $ par jour de plus qu'en septembre 2020.
Même environnement dégradé sur le marché comptant
Dans le même temps, les exploitants de navires sont également confrontés à la baisse drastique de la demande de transport et des taux de fret sur la plupart des routes qu’ils tentent de juguler par d'importantes réductions de capacités, suppressions de services et blank sailing. « Cela contribuera évidemment à améliorer l'environnement du fret à court terme, mais aggravera l'offre, car davantage de navires deviendront superflus. À son tour, cette situation exercera une pression sur les taux d'affrètement et de fret à plus long terme, créant un dilemme qui pourrait devenir toxique lorsque les navires commandés en masse seront livrés à partir du second semestre de 2023 », indique la VHBS.
L'indice composite des conteneurs de Drewry a baissé de 6 % à 3 483,19 $ par conteneur de 40 pieds la semaine dernière, soit la 33e baisse hebdomadaire consécutive, désormais inférieur de 66 % au pic de 10 377 $ atteint en septembre 2021. Il est désormais plus proche de la moyenne sur cinq ans, à 3 732 $, ce qui indiquerait un retour à des prix plus normaux, explique la société de conseil britannique, bien qu’il reste encore supérieur de 145 % au taux moyen de 2019 de 1 420 $.
Adeline Descamps