ONE a annoncé un bénéfice net en hausse de 32 %, à 5,52 Md$ pour la période juillet-septembre (le deuxième trimestre de l’année 2022 en comptabilité japonaise). L’exercice ressemble à s’y méprendre à son premier trimestre, où le résultat net était également de l’ordre de 5,5 Md$.
L’Ebit (bénéfices avant impôts et intérêts), à 5 Md$, n’a été que légèrement inférieur (0,07 %) à celui du trimestre précédent (5,53 Md$ tandis que l’Ebitda s’est établi à 5,8 Md$.
Si les résultats de l’armateur nippon, né en 2018 de la fusion des activités conteneurs des trois principaux groupes de transport maritime du pays (NYK, K-Line et MOL), ne marquent pas encore le retournement de conjoncture et la chute accélérée des taux de fret, il a prévenu que les bénéfices du prochain semestre (toujours du point de vue de l’année fiscale japonaise) seraient inférieurs de 60 % à ceux des six premiers mois de son exercice.
ONE/Evergreen : la compétition pour la 6e place mondiale
Moindre exposition au spot
À l’instar de ses pairs, le numéro sept mondial de la ligne régulière (par la capacité de sa flotte avec 1,52 MEVP) a vu ses volumes transportés pointer vers le bas (- 9 % en un an et - 1,4 % par rapport à avril-juin) pour s’établir à moins de 3 MEVP (2,9 MEVP). L'indice composite mondial moyen de Drewry, qui suit les taux spot, étant en moyenne de 40 % inférieur sur la période par rapport à la même période de l'année dernière, il faut en déduire que ONE fait partie de ces compagnies bien moins exposées au spot. Le contractuel semble avoir largement compensé.
En revanche, le revenu par conteneur de 40 pieds (6 464 $) a continué d'augmenter à des niveaux impressionnants sur un an (+ 36 %) et encore de 5 % par rapport à avril-juin. En termes de chiffre d’affaires, la jeune compagnie, dont les premiers exercices trimestriels furent chaotiques, réalise sa meilleure performance avec des recettes (9,37 Md$) en hausse de 24 % par rapport à l'année précédente et de 4 % par rapport au précédent trimestre.
Un bénéfice annuel estimé à plus de 15 Md$
« L'économie mondiale continue de subir la pression des coûts énergétiques élevés, de la hausse des taux d'intérêt et de l'inflation. Les goulets d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement affectent encore certaines régions géographiques et plusieurs secteurs industriels. Les derniers confinements dans la ville de Ningbo en Chine et la congestion continue des chemins de fer intérieurs aux États-Unis en témoignent », a commenté Jeremy Nixon, le CEO de ONE, qui souligne le double coup de ciseau et une baisse de la demande de transport plus rapide que celle de l’offre.
« Le mois d’octobre qui est structurellement faible avec la semaine de jours fériés en Chine, combiné à la baisse de confiance des consommateurs, a entraîné une chute des réservations sur un certain nombre de voies commerciales clés et une forte correction des taux du marché spot. »
Mais le dirigeant estime que la situation devrait changer au cours du prochain trimestre. « Inévitablement, les stocks excédentaires devront être écoulés pour faire face à l'afflux de produits saisonniers et aux commandes pour l'année suivante. »
Pour la période octobre 2022-mars 2023, l’entreprise, basée à Singapour, prévoit des bénéfices de 4,25 Md$, en repli de 57 % en glissement annuel. Pour l’ensemble de son année fiscale (avril 2022-mars 2023), le transporteur estime son bénéfice net à 15,3 Md$, à comparer aux 16,75 Md$ enregistrés au cours de l'exercice 2021.
Étude EEXI/CII en cours
ONE a actuellement 30 navires en commande totalisant 418 430 EVP. Les derniers contrats passés portent sur dix porte-conteneurs (13 000 EVP) à livrer en 2025. Ils seront alimentés dans un premier temps avec un carburant conventionnel, mais pourront ensuite être rétrofités pour fonctionner au méthanol vert ou à l'ammoniac vert « lorsqu’ils seront disponibles sur le marché dans le courant de la décennie ».
Membre de THE Alliance avec HMM, Hapag-Lloyd et Yang Ming, Jérémy Nixon a annoncé qu’une étude par navire et par itinéraire était en cours au sein du réseau pour évaluer l’état de la flotte et sa conformité aux normes EEXI et CII, deux mesures visant à réduire les émissions de carbone, qui entreront en vigueur l’année prochaine en 2023.
Partie prenante du consortium Poseidon Acquisition Corp, ONE se voit par ailleurs investi actionnaire de l’un des plus grands actionnaires de Seaspan. L’opération, annoncée en août, vient d’être finalisée. Atlas Corp, propriétaire du premier loueur de porte-conteneurs au monde, Seaspan, a accepté une offre d'achat de 10,9 Md$. Le japonais est l'un des principaux clients de Seaspan, avec 23 navires affrétés et 16 unités en cours de construction.
Adeline Descamps
