Pourrait-il y avoir deux épilogues heureux en un seul mois pour les chantiers navals allemands de MV Werften en faillite depuis janvier 2022 mais aux 70 ans d’existence ? Après celui de Wismar, qui a trouvé acquéreur en juin auprès du spécialiste allemand des sous-marins Thyssenkrupp Marine System, le site de Rostock pourrait également connaître une sortie par le haut. La Marine allemande a déposé une offre pour acquérir le plus grand en superficie (un peu plus de 68 ha) et le plus important en termes d’emplois (2 000 personnes) des trois sites du groupe MV Werften. Si la reprise est actée, il ne restera plus que Stralsund pour lequel une solution reste à trouver.
Dans le dossier de reprise de Rostock, la Marine allemande est soutenue par l'Agence fédérale en charge de la gestion de l’immobilier et l'Office fédéral de l'équipement, des technologies de l'information et de l'utilisation de la Bundeswehr. Elle projette d’en faire une base de maintenance et de réparation et d’y loger le commandement d’appui naval. Cette nouvelle installation, située au bord de la mer Baltique, viendrait s'ajouter à celle de Wilhelmshaven, grand site militaire avec vue sur la mer du Nord, et aurait pour visée de renforcer la flexibilité et force opérationnelles du ministère de la Défense dans la région.
Selon les médias allemands, les chantiers pourraient bénéficier de la remilitarisation de l’Allemagne, lancée dans un vaste plan de modernisation suite à la guerre en Ukraine. Sur une enveloppe de 100 Md€ allouée pour remettre à niveau l'armée allemande, près de 20 Md€ seront orientés vers la Marine.
Clôture des enchères
Acquis en 2016 par Genting Hong Kong – l’opérateur des compagnies de croisières Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises –, le site de Rostock-Warnemünde compte à son actif la construction d’une grande catégorie de navires, du general cargo aux porte-conteneurs et vraquiers jusqu’aux navires classe glace et aux plateformes de forage. Il dispose d'un radoub long de 320 m dont 80 m couverts, large de 54 m et de 11 m de profondeur, ce qui lui permet d’accueillir des projets d'une hauteur maximale de 85 m et allant jusqu'à 200 000 tonnes de port en lourd grâce à sa capacité de levage de 700 t.
Le mandataire judiciaire entend clôturer les enchères très rapidement à la suite de quoi il rencontrera les créanciers avant d’arrêter une décision. Rien ne filtre pour l’heure sur d’éventuelles autres soumissions. La reprise pourrait créer 500 emplois selon les autorités.
Triste fin pour le Global Dream
Outre MV Werften, Genting Hong Kong était aussi la maison-mère de Lloyd Weft (Bremerhaven) mais ce dernier a été cédé à un duo d’investisseurs allemands en mars. Les deux avaient subi par ricochet les difficultés financières de leur maison-mère qui s’est déclarée en situation d’insolvabilité auprès du tribunal de Schwerin en janvier. Les négociations entre l’État allemand et la maison-mère de Genting Hong Kong (le conglomérat malaisien dans le tourisme et le voyage Genting) n’ayant pas pu aboutir sur les conditions de prêt pour maintenir ses activités, l’ensemble avait déposé le bilan.
Quant au paquebot Global Dream, construit aux « trois-quarts » mais pour lequel il manquait encore 600 M€ pour le terminer, un triste fin se profile. L’administrateur judiciaire a indiqué que les moteurs et des blocs allaient être vendus à la ferraille. Conçu pour accueillir 9 000 personnes, celui qui devait devenir l’un des plus grands de sa catégorie aura connu les affres du Covid et subi les avaries financières de Genting avant de finir à la casse.
Adeline Descamps