C’est une sortie par le haut pour l’une des entreprises concernées par la faillite de MV Werften. Le constructeur naval allemand, propriétaire des chantiers de Wismar, Stralsund et Rostock (2 000 personnes), tous situés en Poméranie occidentale, avait subi par ricochet les difficultés financières de son propriétaire Genting Hong Kong, l’opérateur des compagnies de croisières Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises qui s’est déclaré en situation d’insolvabilité auprès du tribunal de Schwerin en janvier. Les négociations entre l’État allemand et la maison-mère de Genting Hong Kong (le conglomérat malaisien dans le tourisme et le voyage Genting) n’ayant pas pu aboutir sur les conditions de prêt pour maintenir ses activités, l’ensemble avait déposé le bilan.
Outre MV Werften et ses trois chantiers acquis en 2016, Genting Hong Kong était aussi la maison-mère de Lloyd Weft (Bremerhaven) mais ce dernier a été cédé à un duo d’investisseurs allemands en mars. Il reste désormais les sites de Stralsund et de Rostock pour lesquels aucune solution n’a pour l’instant été trouvée.
Du paquebot aux sous-marins
Thyssenkrupp Marine Systems, spécialisé dans la défense et notamment les sous-marins, reprend le site de MV Werften à Wismar, a affirmé dans un communiqué le sidérurgiste allemand, sans en préciser les détails. Les chantiers navals, jusqu'alors spécialisés dans les paquebots, devraient fabriquer des sous-marins dès le courant de l'année 2024.
Selon les médias allemands, les chantiers devraient bénéficier de la remilitarisation de l’Allemagne, lancée dans un vaste plan de modernisation suite à la guerre en Ukraine. La coalition gouvernementale allemande du social-démocrate Olaf Scholz a en effet fait voter une enveloppe exceptionnelle de 100 Md€ pour remettre à niveau l'armée allemande, après des décennies de sous-équipements. Près de 20 Md€ devraient être fléchés vers la marine.
600 M€ à trouver pour finir le Global Dream
Entre 800 et 1 500 salariés devraient être embauchés par le groupe, avec la priorité accordée aux anciens salariés de l’opérateur de tourisme. Dès l’opération finalisée en 2024, le site pourrait redémarrer avec 800 personnes mais jusqu’à 1 500 en fonction des commandes qu'il recevra, selon un accord conclu avec le syndicat IG Metall
À Wismar, le sort du Global Dream, qui devait être livré en 2021 à Genting (le groupe malaisien avait repris les chantiers allemands pour sécuriser ses propres commandes), est toujours en suspens. Le paquebot a fait les frais d’abord du Covid puis des difficultés financières de son propriétaire. Il manque 600 M€ pour finir le navire construit aux « trois-quarts » sur un coût total évalué à 1,5 Md€.
Adeline Descamps