Embarqués dans les difficultés financières de leur maison-mère Genting Hong Kong (Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises), les chantiers allemands MV Werften et Lloyd Werft avaient fait partie de l’ensemble mis en liquidation judiciaire en janvier dernier.
Les administrateurs judiciaires ont indiqué avoir signé un accord avec deux sociétés allemandes qui, en partenariat, vont reprendre le chantier naval. Lloyd Werft avait suscité l’intérêt d’un troisième soumissionnaire, le constructeur émirati de yachts Al Seer Marine, qui avait déjà négocié avec Genting Hong Kong en 2021 pour l'acquisition du chantier naval. C’est finalement le groupe Heinrich Rönner (construction navale dans la plaisance) associé à son compatriote Zech (construction, immobilier et hôtellerie) qui ont été retenus à l’issue de l’appel d’offre. Les deux sociétés s’étaient associées in extremis pour ôter toute chance au « troisième homme ». La transaction conclue par le duo est estimée par les médias allemands entre 20 et 30 M€.
Un chantier plus que centenaire
Fondée en 1857, Lloyd Werft, basé à Bremerhaven (230 emplois), fait partie du patrimoine industriel allemand. Ces dernières années, le chantier naval avait resserré son activité sur la réparation navale tout en développant la construction de yachts.
Lassé des délais de construction de ses paquebots, Genting HK avait décidé en septembre 2015 d’internaliser la construction et signé un premier chèque en 2015 de 17,5 M€ pour acquérir 70 % de l'activité de construction navale de Lloyd Werft et 50 % de son foncier. Le croisiériste pensait en faire le chantier des paquebots de sa compagnie Crystal Cruises, alors en pleine expansion. Le rachat ensuite des actifs hérités des anciens chantier naval de RDA, formant MV Werften, a bouleversé les plans initiaux si bien que Genting avait plusieurs fois laissé entendre qu'il pourrait céder Lloyd Werft.
La suite à solder
Propriété du conglomérat malaisien éponyme, Genting Hong Kong, déjà fragilisé financièrement avant la crise sanitaire, a été très durement frappé par la suspension des activités de la croisière. Engagé dans un bras de fer avec les autorités allemandes à propos de contreparties à des prêts accordés par Berlin, les négociations entre l’État allemand et la société-mère malaisienne n’ayant pas permis de trouver un compomis, il avait fini par déclarer en insolvabilité l’ensemble de ses activités, les trois compagnies de croisières, MV Werften et Lloyd Werft.
L'acquisition reste soumise au fert vert réglementaire tandis qu’une première audience doit se tenir sur le sort réservé aux trois sites de MV Werften, implantés à Wismar, Stralsund et Rostock, et qui seront probablement vendus séparément. La priorité, selon les dires de l’administration judiciaire, reste le Global Dream. En construction lorsque la société a cessé ses activités, le paquebot initialement destiné à la compagnie Dream Cruises est en quête d’un nouveau propriétaire.
Adeline Descamps