MSC a annoncé dans un communiqué envoyé aux rédactions le dimanche 23 octobre avoir signé un accord pour l’acquisition de Rimorchiatori Mediterranei, une société (séculaire) de remorquage portuaire qui emploie 1 000 personnes. Basée à Gênes, l’opérateur est une filiale de l’armateur Rimorchiatori Riuniti, actionnaire à hauteur à hauteur de 65 %, aux côtés de DWS Infrastructure, entité de la Deutsche Bank spécialisée dans la gestion d'actifs (35 % restants).
Si la transaction obtient le feu vert des autorités de la concurrence, le leader mondial du transport maritime de conteneurs mettra la main sur un acteur de poids dans son secteur avec 170 navires dont 60 remorqueurs positionnés dans une vingtaine de ports, principalement en Italie (Gênes, Salerne, Ravenne, Trieste, Ancône, Ortona, Vasto, Termoli, Pescara, Milan, Augusta, Catane, Pozzallo, Syracuse), mais aussi à Malte (La Valette, Marsaxlokk), en Norvège (Florø), en Grèce (Athènes) et en Colombie (Santa Marta).
Mainmise sur Keppel Smit Towage
Dans les verbatim convenus du communiqué, les dirigeants des deux actionnaires insistent sur le développement rapide de la société de remorquage ces dernières années qui, à coups d’acquisitions successives, a progressivement acquis une stature mondiale au point de revendiquer une position de troisième acteur mondial.
En juin dernier, la société de remorquage a pris le contrôle de Keppel Smit Towage et de Maju Maritime, s’ouvrant ainsi le marché du remorquage portuaire à Singapour et en Malaisie, et mettant la main sur une flotte de 60 remorqueurs.
En 2019, GMC (Euro-Greek towage Maritime Company), une société grecque appartenant à un groupe d’armateurs parmi lesquels Rimorchiatori Mediterranei, est devenue actionnaire à 80 % de Zouros, l'un des principaux opérateurs de remorquage portuaire dans les ports du Pirée et de Thessalonique. Ou encore en 2018, l’italienne avait racheté l'entreprise sicilienne de remorquage Navigation, Tugboats and Rescue.
Soif d’expansion
MSC est déjà investi dans le remorquage portuaire via MedTug, une toute jeune société créée en 2021 qui exploite trois remorqueurs dans chacun des ports d'Anvers et de Bremerhaven. Deux autres sont stationnés à Sines, tandis qu'un autre est opérationnel à Gioia Tauro depuis un an. En outre, la jeune filiale a essaimé à Rotterdam, Las Palmas, Valence et Barcelone.
Le groupe italo-genevois est en mode hyperactif sur le front de la diversification. Si, pendant la pandémie, le leader mondial du transport maritime de conteneurs s’est surtout illustré par son surinvestissement dans sa flotte – son carnet de commandes totalise 1,76 MEVP (126 navires), plus de deux fois supérieur à celui de tout autre transporteur, tandis que 244 navires de seconde main ont été achetés –, il se constitue en parallèle un autre patrimoine.
La compagnie maritime n’a pas hésité à offrir 5,7 Md€ à Bolloré Africa Logistics pour ses activités portuaires en Afrique. Il a annoncé dernièrement un investissement conjoint avec sa filiale Til de 700 M€ dans le port du Havre. Le transporteur maritime vient par ailleurs de lancer sa compagnie aérienne tout-cargos.
Tous les transporteurs sont plus ou moins dans cette dynamique expansionniste, stimulés par les énormes profits engrangés ces deux dernières années. Le secteur du transport maritime de conteneur devrait terminer l’année 2022 sur un bénéfice consolidé de 273 Md$ selon Drewry.
Adeline Descamps
