La géopolitique eu un impact significatif sur les résultats d'OOCL au deuxième trimestre

OOCL, contribuant à faire de Cosco le quatrième armateur de porte-conteneurs mondial, ouvre le bal de la séquence financière du deuxième trimestre. Ses résultats sont un signe avant-coureur de ce qui pourrait être l'une des plus profitables de l'année pour le secteur. Quand la sous-capacité produit encore ses effets.

La compagnie-sœur de Cosco ouvre le bal de la séquence financière pour le deuxième trimestre. Elle donne la tonalité de cette période qui pourrait être l'un des meilleurs exercices trimestriels de l'année pour nombre d'armateurs de porte-conteneurs. La demande de transport devrait être particulièrement marquée en raison des effets d’anticipation sur la haute saison à venir. Sur le seul mois de mai, près de 16 MEVP ont été transportés selon CTS. En comparaison, le pic du mois de mai 2021 à 15,72 MEVP parait bien fade.

Aguerris par l'expérience pandémique, les clients des transporteurs ont pris les devants dans leurs commandes pour ne pas se retrouver à court de marchandises après avoir bien déstocké, de gré ou de force, pour faire face à la faiblesse de la demande de consommation pendant de longs mois.

L'histoire bégaie à nouveau. Comme sous l'ère covidienne, les chargeurs doivent de nouveau composer avec des temps de navigation allongés. Nul n'ignore désormais qu'une grande partie du bataillon de porte-conteneurs a dérouté de la route traditionnelle entre l’Asie et l’Europe pour éviter la mer Rouge et les côtes du Yémen, en proie aux exactions des Houthis qui, en soutien avec le Hamas palestinien en guerre contre Israël depuis le 7 octobre, y poursuivent une autre guerre, celle-là contre la marine marchande hissant le pavillon d’États considérés comme ennemis.

Alors que le spectre de la surcapacité menaçait le secteur du conteneur, qui a eu la main leste sur les commandes ces dernières années – 1,65 MEVP livrés au cours du semestre –, l'allongement de la durée de navigation via le cap de Bonne Espérance a retourné le marché à tire-d'aile. Il est de nouveau difficile de trouver une capacité de transport suffisante.

Une traduction dans les résultats d'OOCL ?

C'est ce qu'on peut lire en partie dans les résultats financiers d'OOCL. Orient Overseas Container Lines a publié un chiffre d'affaires de 2,26 Md$ pour la période entre avril et juin, en hausse de 14,4 % en glissement annuel et gagnant près de 200 M$ par rapport au premier trimestre. Les volumes transportés étant, tous trade confondus, peu ou prou similaires (+ 0,9 %) par rapport au deuxième trimestre de 2023, les recettes ont donc été portées par les taux de fret.

Le trade Asie-Europe du Nord est éclairant à ce propos : les conteneurs chargés ont diminué de 17,2 % à 350 997 EVP au cours du deuxième trimestre alors que les revenus ont augmenté de 16,4 %. Plus révélateur encore, le revenu moyen par EVP transporté a tutoyé les 1 500 $/EVP à quelques dollars près, versus 813 $ au dernier trimestre 2023.

« Cela est principalement dû à la distance de navigation plus longue via le cap de Bonne Espérance et à la fermeture du service LL3 en avril. [la troisième boucle d'Ocean Alliance sur la ligne Est-Ouest, NDLR] », indique Alphaliner dans sa note hebdomadaire.

De surcapacité à sous-capacité

Il faudrait mettre ces données en perspective avec la capacité que le transporteur de Hong Kong y a alloué, ce qui n'est pas communiqué. D'après Linerlytica, les liaisons entre la Chine et l’Europe – les plus affectées par le contournement de l’Afrique –, ont été considérablement renforcées : + 12 % sur l'Asie-Europe du Nord depuis janvier et + 50 % sur l'Asie-Méditerrannée.

Au cours du premier semestre, selon la société Bespoke Maritime Data Services, 41 des 257 porte-conteneurs livrés ont été déployés sur cette ligne majuscule du transport maritime pour un total de quelque 640 000 EVP.

Transpacifique à la joie

Les recettes par boîte d'OOCL ont également poursuivi leur trajectoire de croissance sur le transpacifique, pourtant pas concerné par les gesticulations houthies mais impacté sur le versant est-américain par les problématiques hydriques du canal de Panama, contraint à réduire la jauge des passages. Sur ces services entre Asie et Amérique du Nord, les revenus par unité transportée sont passés de 1 242 $/EVP au quatrième trimestre 2023 à 1 761 $ au dernier trimestre. Les volumes transportés ayant augmenté de 8 % (523 814 EVP), les recettes en hausse de 42,1 %, ont gagné 373 M$ pour s'établir à 922 M$.

Sur les six premiers mois, l'armateur aura transporté  3,68 MEVP et réalisé un chiffre d'affaires de 4,24 Md$. Le bénéfice d'exploitation n'a pas été communiqué.

Après avoir chuté chaque semaine pendant trois mois consécutifs au début de l'année, les taux de fret moyens pour un conteneur de quarante pieds ont plus que doublé (+ 121 %) depuis le début de l'année, et presque quadruplé (+ 297 %) par rapport à 2023. Monté jusqu'à 5 901 $, ils ont connu leur plus haut niveau depuis août 2022. Depuis deux semaines, ils sont repartis à la baisse. Le SCFI (Shanghai Containerized Freight Index), qui reflète les prix du transport au départ du premier port chinois vers une vingtaine de destinations, est actuellement coté à un peu plus de 3 500 $ pour un conteneurs de 20 pieds. Ce qui fait dire à beaucoup d'analystes que le pic a été atteint.

Adeline Descamps

 

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