Baisse des revenus, chute des taux de fret et hausse des coûts d’exploitation ont laissé moins de bénéfices aux transporteurs maritimes de conteneurs au troisième trimestre. Les dix premières compagnies maritimes mondiales dans le transport de conteneurs ont généré une marge moyenne de 51,9 %. Il s’agit du chiffre le plus bas depuis cinq trimestres, indique Alphaliner dans une ses dernières notes hebdomadaires.
Entre avril et septembre, le revenu moyen par EVP a diminué de 3 % mais quatre compagnies – le danois Maersk, le chinois Cosco, le japonais ONE et l’allemand Hapag-Lloyd – ont maintenu la dynamique. Leur politique commerciale, qui vise à placer une plus grande part de leurs capacités sous contrats, peut l’expliquer en partie. C’est particulièrement notable pour Maersk qui revendique une part de 71 % sous contrats long terme : il a considérablement amélioré son ratio entre juillet et septembre en présentant la sixième marge la plus élevée (48,5 %) alors qu’il était en bout de classement sur ce critère.
Super-profits mais des marges d'exploitation en baisse
Baisse des marges pour six transporteurs du Top 10
Le revenu moyen par EVP a en revanche chute de 6,8 % par rapport au trimestre précédent pour les six autres compagnies (ZIM, CMA CGM, HMM, Yang Ming, EMC et Wan Hai) et le retrait des marges d'exploitation s'est avéré beaucoup plus important. Les dépenses d’exploitation n’y sont pas étrangères. La facture « carburant », le coût de la manutention portuaire et les frais d’affrètement ont obéré les comptes.
CMA CGM, à l’issue du second trimestre, avait indiqué que les dépenses liées au soutage avaient augmenté de 75 % sur le premier semestre de l’année, soit 1,1 Md$ de plus par rapport à la même période il y a un an.
Hapag-Lloyd a estimé à 905 M$ les charges liées à l’avitaillement de sa flotte pour le dernier trimestre, soit le double de l'année précédente. Une ligne budgétaire qui compte désormais pour 24 % dans les coûts d’exploitation.
260 Md$ de bénéfices consolidés
Les dix premières compagnies ont, depuis le début de la pandémie (avril 2020), consolidé près de 260 Md$ de bénéfices d'exploitation (Ebit), CMA CGM en tête (45,34 Md$), talonnée par Maersk (45,14 Md$).
« Les résultats des transporteurs pourraient chuter jusqu'à 70 % au quatrième trimestre », affirme Alphaliner. À ce stade, ZIM est le plus exposé. Ses capacités majoritairement placées sur le marché au comptant, dont la chute, rapide et soudaine, a saisi, et leur concentration sur le réseau transpacifique, pénalisent le transporteur.
À l’occasion de la présentation de ses résultats du troisième trimestre, en fort contraste par rapport au précédent, la compagnie, cotée à la bourse de New York. a estimé son bénéfice d'exploitation (Ebit) entre 439 et 739 M$ pour le dernier trimestre (et non plus exprimé en milliards), soit en chute libre, de 50 à 70 % par rapport à celui enregistré entre avril et juin.
« Ce serait la première fois depuis le deuxième trimestre de 2021 qu'un des dix premiers transporteurs du secteur déclare un bénéfice d'exploitation trimestriel en millions », confirme le consultant.
Des bénéfices en baisse de 30 à 60 % pour le quatrième trimestre
Il n’est pas un cas isolé. Bien que Maersk reste dans la sphère des milliards, son Ebit prévisionnel pour les trois derniers mois de l’année est en repli de 45 % par rapport à son précédent exercice trimestriel (5,2 Md$).
Hapag-Lloyd est plus prudent en projetant un excédent brut d’exploitation dans une fourchette très élastique entre 2,07 et 3,9 Md$. Il matérialiserait néanmoins une dépréciation de 30 à 60 % d’un trimestre à l’autre.
Adeline Descamps