Affréteur important de navires, Louis Dreyfus Company, le D du sigle ABCD qui désigne les quatre grands du négoce agricole international avec Archer Daniels Midland, Bunge et Cargill, a annoncé la vente de 45 % de son capital au fonds souverain d'Abou Dhabi, ADQ.
L’annonce a été fait le 11 novembre sur le site du groupe. Le négociant de matières premières, notamment agricoles, ouvre pour la première fois son capital à des investisseurs extérieurs à la famille Louis Dreyfus. ADQ, le fonds souverain d’Abu Dhabi, au portefeuille d’actifs très diversifiés, devient actionnaire à hauteur de 45 %. Dans le cadre de cette transaction, LDC a également signé un accord d'approvisionnement commercial à long terme de produits agricoles aux Émirats arabes unis (EAU).
À l'issue de la transaction, qui doit encore être soumise aux autorisations réglementaires, une partie (non révélée) du produit de la vente, « d'un montant minimum de 800 M$ [678 M€], sera investie dans LDC pour soutenir la poursuite du business plan et des investissements stratégiques », indique le groupe, dont le conseil de surveillance est présidé par Margarita Louis-Dreyfus depuis le décès de Robert Louis-Dreyfus en 2009. Ayant racheté les parts des actionnaires familiaux minoritaires, Margarita Louis-Dreyfus détient désormais 96 % de Louis Dreyfus Company Holdings B.V. (LDHBV), le véhicule qui gère la participation familiale dans LDC.
La transaction « constitue un jalon dans une stratégie de dix ans envisagée par le conseil de surveillance, qui a commencé par la consolidation de l'actionnariat de la société mère de LDC », a-t-elle mentionné dans le communiqué.
17 grands chargeurs vont indexer leurs achats de transport à des critères environnementaux
D’importants clients des céréales françaises
LDC, le D du sigle ABCD (qui désigne les quatre grands du négoce agricole international avec Archer Daniels Midland, Bunge et Cargill) et la seule européenne des quatres (36 Md$ en 2019), est confronté, comme ses acolytes, depuis une décennie à une diminution de son chiffre d’affaires, sur fond de baisse des cours des matières premières. Pour s’affranchir du seul trading, les négociants ont concentré cette dernière décennie leurs opérations de croissance externe à des investissements vers l’aval. Cette mutation s’est notamment matérialisée chez LDC par un positionnement dans la trituration en Chine.
Les quatre grands du négoce international sont aussi d’importants clients des céréales françaises en sortie de silos maritimes, même s’ils sont peu présents en France dans la collecte. Celle-ci est entre les mains, comme une grande partie des expéditions maritimes, des coopératives agricoles ou d’entreprises de négoce indépendantes comme Soufflet, qui possède ses propres silos.
« Notre stratégie vise à tirer parti des tendances de la consommation mondiale en investissant dans de nouvelles opportunités commerciales, alors que la société s'engage davantage dans la chaîne de valeur agricole pour devenir une entreprise de plus en plus intégrée dans le domaine de l'alimentation humaine et animale, des fibres et des ingrédients », a déclaré à cette occasion Michael Gelchie, PDG du groupe LDC.
LDC figure parmi les 17 grands affréteurs à l’initiative d’une charte, baptisée Sea Cargo Charter, par laquelle ils s’engagent à intégrer les considérations climatiques dans leurs achats de transport afin de favoriser un transport maritime respectueux du climat.
Adeline Descamps