Le géant mondial de la manutention portuaire mondiale – 86,8 MEVP en 2020, 60 terminaux dans le monde dont 25 dans des ports en eaux profondes –, a annoncé son intention d’acquérir transitaire américain BDP. Une annonce a été faite en ce sens par l’entreprise détenue par Temasek Holdings, le fonds souverain du gouvernement de Singapour. Les conditions de la transaction, soumise à l'approbation des autorités réglementaires et à d'autres conditions de clôture, n'ont pas été divulguées. Si ce n’est qu’il s’agit d'acquérir 100 % de la société dont le siège est à Philadelphie.
L’entreprise appartient depuis décembre 2018 à la société de capital-investissement new-yorkaise Greenbriar Equity Group et se classe classée parmi les trente premiers prestataires américainsde services logistiques 4PL (Fourth Party Logistics, autrement appelé intégrateur, gestion intégrale pour le compte d’une entreprise de tout ou partie de sa logistique) avec une marge brute de 1,5 Md$ et 133 bureaux dans le monde, selon la société de recherche et de conseil Armstrong & Associates. Le logisticien est plus particulièrement implanté auprès des industriels de la chimie, de la pharmacie ainsi que dans le secteur de la vente au détail.
PSA s’active
« Les atouts de BDP compléteront nos capacités et étendront notre portefeuille de solutions. Nous considérons qu'il s'agit d'une avancée significative et stratégique dans notre vision de coconstruire un Internet de la logistique », a déclaré Tan Chong Meng, PDG de PSA International, ajoutant qu’il s’agit de la première « acquisition majeure de cette nature pour PSA ». Le manutentionnaire est particulièrement entreprenant. PSA Felbermayr Holding a obtenu cette année l'approbation de la Commission européenne pour l'acquisition du contrôle conjoint de PSA Breakbulk NV et Coil Terminal NV, basées en Belgique.
« Pour les exportateurs et les importateurs confrontés à un marché volatil et à des exigences logistiques mondiales de plus en plus complexes, cela créera des opportunités pour des solutions personnalisées et durables qui les aideront à optimiser le processus de la chaîne d'approvisionnement internationale », ont déclaré en langage corporate les entreprises dans le communiqué commun.
Dislocation des frontières entre les métiers
Les opérations croisées entre les secteurs portuaire, maritime et logistique sont désormais un fait établi. CMA CGM (avec Ceva Logistics) et Maersk (avec encore tout récemment le transitaire allemand Senator International) sont les plus actifs dans ce domaine. Les numéros un et trois mondiaux dans le transport maritime de conteneurs poursuivent tout deux une stratégie de logistique intégrée dans une approche de porte-à-porte. Dans ce cadre, ils cherchent à maîtriser la logistique terreste, avec le rail notamment, mais s’impliquent aussi dans l’aérien : CMA CGM avec sa propre compagnie CMA CGM Air Cargo et Maersk avec Star Air.
Un marché en grande dynamique
Selon Transport Intelligence, le marché mondial de la logistique va enregistrer une très belle annnée, avec une croissance prévisionnelle de 12 % en 2021, après avoir engrangé une hausse de 19 % au premier semestre. Si les prévisions s’avèrent, le secteur aura fait bien mieux que 2019 avec un gain de près de 3 %.
Le fret aérien reste le segment le plus dynamique (+26 % au premier semestre), bénéficiant des carences (pénurie de navires et de conteneurs, engorgement portuaire, retard des navires, explosion des coûts de transport...) du fret maritime (+ 10,3 %). La pandémie a par ailleurs réduit l’écart de compétitivité-coût entre la mer et le ciel. Alors qu’avant la crise sanitaire, l’avion était jusqu’à 13 fois plus cher que le porte-conteneur, le différentiel s’est resserré : il n'était plus que trois fois plus cher durant les six premiers mois de l’année.
Les analystes de la société prévoit des taux de croissance annuels de 5,1 % pour le marché de la logistique jusqu’en 2025.
Adeline Descamps
