Le chantier turc RMK construira le voilier Neoliner

Article réservé aux abonnés

Le roulier de Neoline, doté des voiles Solid Sail développées par les Chantiers de l’Atlantique, sera construit en Turquie par RMK Marine à partir de novembre 2023 pour une livraison en juin 2025. C'est l’aboutissement d’un long cheminement pour l’armateur nantais qui achoppait sur les fonds propres alors que sa proposition commerciale a été validée par de grands chargeurs. CMA-CGM, Corsica Ferries et Louis Hardy, société qui importe des hydrocarbures à Saint-Pierre-et-Miquelon, ont en partie débloqué la situation.

L’armateur nantais l’a annoncé ce 18 janvier : le contrat signé le 28 novembre 2022 avec le chantier naval turc RMK Marine pour la construction de son premier navire est entré en vigueur le 6 janvier 2023. Le process de construction est lancé ainsi que les dernières études avant la découpe de la première tôle, qui interviendra en novembre prochain.

Pour rappel, le roulier de 136 m d’une capacité de chargement de 1 200 m linéaires, avec la voile pour propulsion principale, assurera des traversées transatlantiques à une vitesse de 11 nœuds en réduisant de 80 à 90 % les émissions de CO2. Le gréement Solid Sail, un système de voiles rigides développé par les Chantiers de l’Atlantique, est constitué de deux mâts rabattables en carbone de 76 m de haut, portant un total de 3 000 m² de voilure. 

Le constructeur français a installé depuis le 13 janvier dernier un mât sur un quai de Saint-Nazaire pour procéder à des essais et envisage la construction d’une usine dans le Morbihan pour en industrialiser la production. Le gréement Solid Sail, construit en Bretagne, sera assemblé en Turquie où la livraison du Neoliner aura lieu en juin 2025.

Un financement enfin bouclé

La signature avec le chantier turc est l’aboutissement d’un long parcours financier et bancaire pour Neoline. La société a en effet convaincu les clients et bouclé son projet technique, mais peine à réunir les financements nécessaires à la mise en chantier du navire, surtout dans un contexte de hausse des coûts. L’entreprise a également dû compenser le retrait du groupe maritime havrais Sogestran, remplacé au tour de table par les compagnies marseillaises CMA CGM et Corsica Ferries.

Les 60 M€ nécessaires à la construction du voilier roulier ont finalement été réunis par Neoline Armateurs. Les fonds propres proviennent de CMA CGM, de l’Ademe, de Neoline Développement (la société des initiateurs du projet), de Corsica Ferries et de Louis Hardy, société qui importe des hydrocarbures à Saint-Pierre-et-Miquelon.

« Des financements complémentaires ont également été octroyés par la Banque des territoires, sous forme d’obligations pour 3,8 M€, et par la région Pays de la Loire, à travers une avance remboursable de 1,3 M€ », est-il indiqué. Un crédit-bail fiscal avec la banque CIC et des certificats d’économie d’énergie (CEE) complètent le processus.

Un deuxième navire en projet

Face aux difficultés de financement, l’entreprise nantaise n’a pas découragé ses futurs clients, réaffirme son président Jean Zanuttini « Tous nous ont beaucoup soutenu et ont accepté de revoir certaines conditions pour que le projet se fasse, avec des tarifs revus à la hausse il y a un an. »

Avec les engagements d’une dizaine de grandes entreprises françaises, parmi lesquelles Renault, Bénéteau, Hennessy, Michelin, Clarins et Longchamp, la cale est pleine à plus de 80 % dans la traversée de l’Atlantique au départ de Saint-Nazaire vers Baltimore. Entre 15 et 20 % des marchandises seront à destination de Saint-Pierre-et-Miquelon.

« Ce petit archipel n’a pas de communication directe avec la métropole, d’où proviennent pourtant le tiers de ses importations, explique le dirigeant. Ses installations portuaires ne sont pas adaptées aux grands navires, qui sont majoritaires sur les flux transatlantiques. En évitant la rupture de charge à Halifax, cela réduit le coût ainsi que le temps de transport, qui passe de vingt à huit jours. »

Un plan de chargement à parfaire sur le fret retour

Le navire desservira l’archipel français à l’aller comme au retour, escalant entre temps à Baltimore (Maryland) et Halifax (Nouvelle-Écosse). Au retour, des cargaisons sont prévues pour Michelin depuis Halifax vers Saint-Nazaire et des contrats concernent aussi le trajet de Saint-Pierre-et-Miquelon à Saint-Nazaire, mais le navire n’est rempli qu’à 20 %.

« Il y a du potentiel depuis Halifax vers Saint-Pierre-et-Miquelon, ainsi que pour le trajet retour vers la France, souligne Jean Zanuttini. Du travail reste à faire, mais nous avons déjà des engagements de clients sur un deuxième navire, qui permettra d’avoir deux départs par mois de Saint-Nazaire. L’objectif est de lancer la construction du deuxième navire un an après le premier ».

Le second navire ne sera pas forcément un roulier. « Il s’agit d’utiliser notre expérience pour d’autres types de fret et sur des projets de navires de plus grande taille », ajoute-t-il.

Étienne Berrier

Shipping

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15