La ligne Dieppe-Newhaven constitue « un élément stratégique pour l’économie du territoire, comme pour celle de l’ensemble du département et même de la Normandie » souligne Bertrand Bellanger, président du Conseil départemental, qui soutient financièrement depuis le retrait de Stena Line il y plus de 20 ans.
Tous les acteurs investis dans sa pérennisation au sein de ce que Sébastien Jumel, député (PCF) de la Seine-Maritime appelle « une union sacrée » étaient présents pour ce lever de rideau à l’occasion du renouvellement de la concession à DFDS pour cinq ans de plus. La ligne attribuée en DSP (délégation de service public) représente un investissement public de 26,5 M€.
Sous de meilleurs auspices
Alors que le précédent contrat a dû composer dans le contexte du redouté Brexit et de l’épidémie de Covid 19, la nouvelle version se présente sous de meilleurs auspices. L’activité touristique, qui entre pour 60 % des recettes, a repris des couleurs dès le printemps 2022 pour atteindre « des niveaux de fréquentation jamais enregistrés depuis 15 ans » entre septembre et décembre. Pour 2022, le nombre de passagers approche les 350 000 et les réservations pour 2023 sont « très prometteuses ».
En revanche, le fret reste impacté par le ralentissement économique et les contraintes post-Brexit. Le nombre de camions et remorques dépasse de peu les 30 000 pour l’exercice, bien au-dessous de son niveau de 2019 (- 6 %).
Coque revêtue de silicone
Vice-président du conseil départemental chargé des transports et des infrastructures, Alain Bazille souligne que le Syndicat mixte de promotion de l’activité Transmanche (Smpat) qu’il préside a été particulièrement « vigilant », dans l’attribution de cette DSP, sur deux critères, à savoir le maintien du pavillon français et l’impact environnemental.
Les deux ferries alignés seront équipés de scrubbers (opération financée par la région Normandie) et auront leurs coques revêtues de silicone afin de réduire leur consommation (jusqu’à 6 %). Le schéma d’exploitation a en outre été reconfiguré (temps de traversée de nuit accru, suppression de traversées peu fréquentées, etc.).
L’offre est néanmoins maintenue en moyenne et en haute saison (du 14 juillet au 30 août) à raison de trois à huit rotations quotidiennes. Durant la période de forte activité, jusqu’à16 liaisons seront assurées les week-end.
11 M€ investis dans la reconfiguration des espaces
Un plan d’investissement de l’ordre de 11 M€ va être consacré à l’aménagement intérieur du Côte d’Albâtre et du Seven Sisters, les deux navires qui opèrent la ligne, chacun avec une capacité de 600 passagers.
La surface des boutiques duty free a été multipliée par 2,5 pour deux fois plus de références proposées avec un accent mis sur les produits régionaux, mentionne le directeur général France de DFDS Seaways, Jean-Claude Charlo.
Un soin particulier a en outre été porté au confort des chauffeurs routiers avec un espace doté d’une quarantaine de « capsules de couchage » individuels où ils pourront se reposer pendant leur temps de pause. Une réponse à des attentes héritées de l’expérience de la crise sanitaire. Plus généralement, les passagers pourront disposer de sièges inclinables. L’ensemble de ces réaménagements devrait être prêt pour la saison 2024.
Non au dumping social
Alors que le siège de DFDS Seaways est implanté depuis dix ans à Dieppe, Mathieu Girardin, récemment nommé vice-président responsable de l’ensemble des lignes ferries de DFDS, venu de Copenhague pour l’occasion, a confirmé que la ville d’Abraham Duquesne (l'un des grands officiers de la marine de guerre française du XVIIᵉ siècle) était bien « le cœur des opérations névralgiques du groupe danois en France ».
Il a profité de son passage en France pour réaffirmer sa ferme opposition « au dumping social sur le transmanche ». Brittany Ferries et DFDS ont alerté les pouvoirs publics durant l’automne, préoccupées par les agissements de P&O Ferries depuis que la compagnie britannique a licencié brutalement la totalité de ses marins pour les remplacer par du personnel employé à des conditions moins-disant.
Robert Querret