Dans la plupart des grands terminaux à conteneurs mondiaux, l’enchevêtrement des intérêts capitalistiques rendent les structures de capital particulièrement complexes. C’est en partie vrai à Rotterdam au sein de ses cinq grands terminaux répartis sur les Maasvlakte-1 et 2.
Le port néerlandais a annoncé le 1er septembre une vaste expansion aux côtés d’un de ses investisseurs historiques, l’opérateur portuaire Hutchison Ports Holdings, déjà concessionnaire de trois terminaux sur la Maasvlakte-1 et qui, pour ce nouveau projet, s’est associé à Til, l’opérateur portuaire dans lequel le groupe MSC est actionnaire majoritaire.
Le groupe hongkongais et le leader mondial de la ligne régulière sont déjà associés au sein d’une des trois installations opérées par Hutchison, au sein d’ECT Delta (6,5 MEVP), un terminal lui-même subdivisé en trois unités (Delta Dedicated North-DDN ; Delta Dedicated East-DDE ; Delta Dedicated West-DDW), dans lesquelles MSC/Til, Evergreen et ONE détiennent des participations.
Jusqu’à présent gestionnaire de deux terminaux portuaires, Hutchison Ports a hérité récemment du troisième après avoir contracté avec APM Terminals fin 2019-2020 pour que le premier reprenne la concession (échéance en 2025) que détenait le second dans le terminal voisin d’ECT Delta. L’ex-APMT Maasvlakte-1 (APMT MV-1), renommé Hutchison Ports Delta II, est une infrastructure de 14 portiques sur un quai de 1 490 m pour une capacité annuelle de 2,85 MEVP.
6 à 7 MEVP
C’est sur ce site, au nord des deux terminaux d’Hutchison existants et après réaménagement par l’autorité portuaire, que les deux partenaires vont développer un nouveau terminal dont la mise en service est prévue en 2027. Il comprendra cinq postes d'amarrage en eaux profondes d'une longueur totale de 2,6 km pour une capacité à terme de 6 à 7 MEVP, a précisé Leo Ruijs, PDG de Hutchison Ports ECT Rotterdam et de Hutchison Ports Delta II.
Allard Castelein, patron du port Rotterdam, y voit pour sa part un « renforcement substantiel de la position du port en tant que premier terminal à conteneurs d'Europe ». Le port néerlandais compte actuellement cinq grands terminaux à conteneurs en eaux profondes dont trois dans la Maasvlakte 1 –ECT Delta, Hutchison Ports Delta II et Euromax – tandis que AMPT MV-2 et Rotterdam World Gateway occupent la Maasvlakte 2. Outre ECT Delta et Hutchison Ports Delta II qui totalisent plus de 9 MEVP de capacité, Euromax (capacité : 3,5 MEVP/an), également opéré par Hutchison Ports, a pour partenaire Cosco. Rotterdam World Gateway (2,85 MEVP/an) est exploité par DP World avec pour actionnaire HMM. APMT Maasvlakte-2 (2,3 MEVP/an) est à 100 % une installation du groupe danois AP Moller-Maersk via APM Terminals.
Une conjoncture difficile à Rotterdam
Le projet d'expansion intervient alors que la conjoncture ne s’y prête pas vraiment. Rotterdam connait un passage à vide dans ses trafics conteneurisés depuis quelques exercices. Le trafic phare du plus grand port du range nord-européen, a encore accusé une baisse de ses volumes au premier semestre, de 4,4 % en EVP et de 8,9 % en tonnage. Le port néerlandais a vu le nombre des escales de porte-conteneurs baisser de 5,5 % par rapport à l'année dernière en raison des annulations de services par les compagnies, en partie compensées par l’augmentation des chargements et déchargements de conteneurs par escale (+ 6,1 %).
« Les compagnies maritimes utilisent actuellement plus souvent les petits ports d'escale pour le transbordement que les grands ports tels que Rotterdam », a justifié la direction du port lors de la présentation des trafics en juillet. Sans doute des mouvements passagers. C’est en tout cas cette thèse que l’autorité portuaire retient bien qu’elle anticipe une fin d’année contrainte.
Adeline Descamps
