Nouvel acte de piraterie dans le Golfe de Guinée, où une recrudescence des incidents s'observe après une longue période d’accalmie.
Hasard du calendrier. L'incident a été signalé alors même que le Conseil de sécurité des Nations Unies tenait une séance sur la sécurité dans cette région bordée par 6 500 km de côtes, du Sénégal à l'Angola, considérée comme un des points chauds du globe en termes de piraterie.
Ironie du sort : l'organe exécutif de l'Organisation des Nations unies devait acter les mesures à mettre en œuvre pour poursuivre les efforts qui ont conduit à diminuer significativement les actes de piraterie.
Plusieurs blessés
Le Maritime Domain Awareness for Trade - Gulf of Guinea (MDAT-GoG), l'opération de surveillance coordonnée du Royaume-Uni et de la France, a émis un avis le 22 juin après avoir reçu des informations sur ce dernier événement qui aurait fait plusieurs blessés légers parmi les membres de l'équipage.
Le navire, identifié par les services de sécurité comme étant le Nyon, un vraquier battant pavillon des Îles Marshall géré par Suisse-Altantique, est actuellement ancré au large de Conakry en Guinée où il est arrivé le 14 juin après un voyage de 16 jours en provenance du port de Djen Djen en Algérie.
D’après EOS Risk Group, quatre malfaiteurs armés sont montés à bord du navire tôt dans la journée du 22 juin, ont agressé plusieurs membres de l'équipage, ont forcé et pillé le coffre-fort du navire.
Le navire a été dirigé vers le port de Conakry après que les pirates ont quitté le navire.
S'attaquer aux racines du mal
Si la sécurité s'est globalement améliorée pour les navires opérant en Afrique de l'Ouest, les incidents se sont déplacés. En attestent des assauts menés plus au sud, le long des côtes du Congo et du Gabon.
Pour éradiquer la menace que représentent la piraterie et les vols à main armée en mer, explique Martha Pobee, sous-secrétaire générale des Nations unies pour l'Afrique aux départements des Affaires politiques et des opérations de paix, il faut s'attaquer aux problèmes structurels qui incitent à la délinquance en mer : « les parties prenantes nationales et régionales doivent résoudre les problèmes sociaux, économiques et environnementaux sous-jacents qui sous-tendent le recrutement d'individus dans les réseaux criminels maritimes ».
Les Nations unies estime que le déploiement des forces marines étrangères à la région a eu un effet dissuasif et note que la lutte contre la piraterie fédère de plus en plus.
Appel à une mobilisation accrue
Pour l'organisation, qui appelle à un soutien accru de la part des États membres, le fait que la question ait été abordée par plusieurs responsables ouest-africains lors de la 66e Assemblée générale est un signal politique clair.
Le manque d'outils de lutte efficace et d'un cadre juridique adapté sont cependant encore perçus comme des freins à l'élaboration d'un « code de conduite » à l'échelle de la région, a-t-il aussi été mentionné.
« La sécurité maritime dans le golfe de Guinée est essentielle au maintien d'un Atlantique sûr et prospère, tant pour les pays de l'Atlantique que pour ceux qui dépendent de ses eaux pour leur subsistance », note l'ambassadeur Jeffrey DeLaurentis, représentant les États-Unis auprès des Nations unies.
« La communauté internationale doit soutenir les efforts de l'Union africaine et des autres organisations qui œuvrent pour une plus grande stabilité dans la région », a fait valoir pour sa part Alexandre Olmedo, le coordinateur politique adjoint de la France auprès de l'ONU.
Adeline Descamps