Les achats du géant asiatique s’effectuent sous le contrôle de COFCO International (China National Cereals, Oils and Foodstuffs Corporation, CIL), en cours de fusion avec son entité commerciale basée à Genève. CIL s’emploie à assurer les approvisionnements en matières premières agricoles du pays. Déjà implantée en Amérique du Sud et du Nord, elle a cependant été malmenée par quelques paris hasardeux dans ses opérations de trading. L’an dernier, elle a enregistré des bénéfices records grâce à la volatilité des marchés agricoles. Au point que son bénéfice avant impôts a bondi à 350 M$.
Elle vient ainsi empiéter sur les plates-bandes des quatre grands acteurs du marché pla- nétaire des céréales et oléagineux que sont Archer Daniel Midlands, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus, plus connus sous le sigle ABCD et qui ensemble, contrôlent 90 % de ce commerce. CIL s’est déjà imposée au Brésil où elle est désormais au premier rang des acheteurs non sans mettre en cause la responsabilité de
la Chine dans la déforestation de l’Amazonie. L’émergence d’une classe moyenne chinoise en pleine boom au cours de la dernière décennie a dopé la demande de matières premières. L’alimentation évolue vers davantage de viande et de produits laitiers, ce qui se traduit inévitablement par une plus forte demande en soja, lait et céréales.
Stratégie COFCO ?
Mais la Chine ne dispose que de 10 % des terres arables de la planète quand sa population représente près de 20 % de la population mondiale. La sécurité alimentaire est devenue une des toutes premières priorités de Pékin. Les fluctuations des prix mondiaux et les tensions climatiques sur son propre territoire, et notamment dans les régions où le soja était autrefois cultivé, l’ont contrainte à sécuriser ses approvisionnements.
L’achat des traders Nidera et Noble, respective- ment néerlandais et asiatique, ont été les premiers jalons menant à cet objectif en donnant accès notamment aux céréales sud-américaines et aux usines de transformation asiatiques. La stratégie est d’acheter directement aux producteurs avec, sur ce créneau, un objectif à atteindre de 60 Mt en 2022.
La question est de savoir si COFCO va devenir un concurrent du quatuor ABCD ou se contenter du seul sourcing de la Chine. Certes, il se voyait déjà dominant le marché mais n’y est pas encore parvenu.
Myriam Guillemaud-Silenko