Vent de colère sur les pavillons en Méditerranée. Quelque 1 000 passagers étaient pris au piège ce 19 juin au matin, coincés en zone internationale du port de Marseille. Une fois les opérations de contrôle de police effectuées, les voyageurs n’ont pas pu embarquer sur le Danielle Casanova censé appareiller dans la journée pour Tunis.
En raison de la tension sur les quais, le ferry Paglia Orba en provenance de Skikda, était contraint de rester sur rade au large du port phocéen avec des passagers à bord. Après des années de navigation en eaux calmes, les syndicalistes de Corsica Linea et de la Méridionale, renouent avec leurs vieux démons.
Large paralysie
À 8 heures ce 19 juin, le préavis de grève de 72 heures reconductibles de la CGT des marins, est tombé tel un couperet figeant, sine die, les mouvements des navires desservant Marseille, les ports Corse, Sète et les trois pays d’Afrique du Nord.
À la veille de l’examen, le 21 juin, de la proposition de loi du député du Finistère Didier Le Gac visant à lutter contre le dumping social sur les lignes du transmanche, la CGT des marins de Marseille dénonce un texte « qui autorisera tous les pavillons au profit des armateurs voyous, à l'encontre des marins sur le Transmanche comme en Méditerranée », indique Frédéric Alpozzo, délégué syndical des marins CGT de Marseille.
Protocole de sortie de crise
Après d’intenses discussions dimanche dans la soirée, les marins grévistes et la direction de Corsica Linea ont signé un protocole de sortie de crise. Cependant, la levée du mouvement de grève restait conditionnée à l’obtention d’un accord similaire à la Méridionale (rachetée par CMA CGM).
La proposition de loi entend répondre à la dégradation des conditions de travail des marins employés sur les ferries opérant sur les liaisons Transmanche, face à la concurrence déloyale d'armateurs étrangers.
Elle fait suite au licenciement, en mars 2022, de près de 800 marins anglais par la compagnie P&O Ferries, battant pavillon chypriote, et à leur remplacement par des marins provenant de pays à faible coût de main d'œuvre.
Distorsion de concurrence
Adopté le 28 mars par le parlement, la proposition de loi prévoit d’instaurer un salaire minimum français pour les équipages de toutes les compagnies maritimes, quel que soit le pavillon, qui transportent des passagers des deux côtés de la Manche.
En faisant grève, la CGT appelle à ce que les amendements, déposés le 14 juin lors de l’examen par la commission des affaires sociales du Sénat, figurent dans le texte de loi. Parmi les amendements déposés, le renforcement des sanctions pénales, la création d’un régime de sanctions administratives.
Le syndicat des marins dénonce la distorsion de concurrence opérée par des compagnies qui n’appliquent pas le pavillon français premier registre sur les lignes à passagers mais un pavillon équivalent au registre international français (Rif). Lors de l’adoption du Rif, dans le souci de préserver l’emploi maritime français, la loi avait exclu de son champ d’application les lignes nationales et internationales à passagers.
Nathalie Bureau du Colombier